Cameroun : Une caisse de solidarité pour aider les réfugiés centrafricains
Alors que le budget alloué par le Haut-commissariat des Nations-Unies Pour les réfugiés (HCR) a été réduit presque de moitié pour les réfugiés centrafricains au Cameroun .
Cameroon
AA/Douala-Cameroun/Aurore Bonny
Alors que le budget alloué par le Haut-commissariat des Nations-Unies Pour les réfugiés (HCR) a été réduit presque de moitié pour les réfugiés centrafricains au Cameroun, une caisse de solidarité a été mise en place dans la capitale économique camerounaise Douala.
Selon des responsables communautaires centrafricains rencontrés par Anadolu, cette caisse mise en place en octobre dernier a permis de pallier au sentiment d'abandon éprouvé par ces réfugiés qui ont fui la crise interconfessionnelle qui secoue la Centrafrique depuis 2013.
En 2016, le budget du HCR Cameroun a connu une baisse de 40 %, soit 65 millions de dollars pour 455 000 réfugiés présents sur le territoire national. Réduisant, ainsi, l’assistance des réfugiés hors des camps d’hôtes.
Face à cette disposition désavantageuse pour bon nombre de réfugiés, est venue l’idée de créer une caisse de solidarité. Elle a été initiée par Yaris Jean Louis et Coumoundjou Bienvenue Quentin, les deux présidents communautaires des réfugiés centrafricains de Douala.
«A cause de la réduction du budget du HCR, beaucoup de réfugiés se sentent délaissés. Nous avons décidé d’ouvrir cette caisse. Elle permet de répondre aux premières urgences des nôtres» a affirmé à Anadolu, Yaris Jean Louis, le vice-président de la communauté des réfugiés centrafricains à Douala.
Bienvenue Quentin, président du même groupement de réfugiés, précise que cette caisse est ouverte à toutes personnes. Il espère d’ailleurs que certaines âmes de bonne volonté participeront aux cotisations, afin de monter des micro-projets pour les communautaires.
Leur difficulté première consiste naturellement, en un manque de financement criant, déplore-t-il.
Depuis son ouverture en octobre dernier, la modeste caisse a totalisé moins de 50 mille FCFA (70 euros) mais a permis de répondre à l’urgence de deux personnes malades.
Manga Devencia, réfugiée centrafricaine, professeure de français dans un collège privé à Douala, est l’une des deux bénéficiaires.
Elle a récemment fait une fausse couche et s’est fracturé la jambe dans un accident de circulation. La caisse de solidarité lui a permis de répondre rapidement à ses premiers soins médicaux avec un montant de 15 mille FCFA (22 euros).
Elle a par la suite bénéficié d’un soutien de l’Etat centrafricain à hauteur de 3 millions FCFA (4600 euros) pour ses diverses interventions chirurgicales.
Yaris Jean Louis après avoir sollicité en vain l’aide du HCR pendant sa maladie, a également profité de l’existence de cette caisse pour ses soins médicaux.
« Cette caisse est très utile. J’ai été gravement malade et j’ai interpellé le HCR. Je n’ai eu aucune réponse. Mais grâce à la caisse de solidarité j’ai été soigné. Pour obtenir une réaction du HCR il faut passer par un long processus et surtout beaucoup de paperasse.
Et certaines urgences ne peuvent attendre. S’il fallait toujours compter sur le HCR notre situation serait encore plus dégradante » a-t-il confié à Anadolu.
Désespérés par les conditions de vie difficiles au Cameroun, depuis la réduction du budget du HCR, deux autres réfugiés désirant être rapatriés comptent également sur cette boite de solidarité. Selon Coumoudjou Bienvenu Quentin, chacun profitera d’une somme de 150 dollars, si les cotisations le permettent.
« Le HCR n’accepte pas que nous rentrions actuellement en Centrafrique car le pays est toujours instable. Mais beaucoup sont désespérés et préfèrent y retourner au lieu de souffrir dans un pays étranger » confie-t-il.
En septembre dernier, la Commission européenne à la Protection Civile et Opérations d'Aide Humanitaire Européennes (ECHO), a dans un rapport évoquant la crise dans le bassin du Lac Tchad, rappelé que le Cameroun accueille la plus vaste population de réfugiés centrafricains. Elle est forte de 212 mille 500 personnes.
Depuis le déclin du régime de son ancien Président Francois Bozizé en 2013, la Centrafrique est paralysée par les conflits sociaux. La population subit quotidiennement les conséquences des guerres civiles opposant les anti-Balaka et La séléka et la communauté musulmane y est particulièrement persécutée.
