Afrique

Cameroun : Un activiste cible les statues des colonialistes "pour libérer son pays"

- André Blaise Essama a notamment décroché à 7 reprises la tête de la statue du Général Leclerc.

Alaattin Doğru, Tuncay Çakmak  | 02.07.2020 - Mıse À Jour : 02.07.2020
Cameroun : Un activiste cible les statues des colonialistes "pour libérer son pays"

Dakar

AA - Dakar


Au Cameroun, le militant et activiste André Blaise Essama tente de sauver son pays des symboles coloniaux en détruisant les statues des colons français, allemands et britanniques.

Essama vise en particulier la sculpture du général français Philippe Leclerc, érigée sur la place principale de la ville de Douala par des colons français en 1948. Il veut la remplacer par les symboles de héros camerounais et africains.

L’activiste camerounais a, à 7 reprises à mains nues, détaché la tête de Leclerc de son corps, et a renversé la statue 20 fois. Après la statue de Leclerc, la statue du colonel allemand Gustav Nachtigal est une des cibles préférées d’Essama.

L’homme, âgé de 44 ans, qui a été emprisonné plus de 10 fois en raison de ses attaques contre ses sculptures, a été sauvé de certaines peines de prison avec l'argent des cautions payées par ses partisans.

Les images d'Essama en train de gifler et cracher sur les statues des colons ont battu des records sur Internet.

- "Les peuples africains sont exposés à la violence impérialiste"

Se décrivant comme "anticolonial" à un correspondant de l’AA, Essama a déclaré : "les peuples africains sont exposés à la sculpture et à la violence symbolique des impérialistes".

Les autorités camerounaises ont entouré la statue de Leclerc de barreaux pour la protéger : "Le héros français est maintenant en prison", s’est-il amusé à commenter.

Il a gardé les 7 têtes qu'il avait arrachées de la statue du général Leclerc pour expliquer les colons et le colonialisme aux jeunes.

Notant qu'il est né 16 ans après 1960, lorsque le Cameroun a déclaré son indépendance, Essama a déclaré que de nombreux Camerounais patriotes luttant pour l'indépendance ont été tués par la France.

- "La France a bâti son présent sur la violence contre l'Afrique"

Pour Essama, la France a atteint sa supériorité économique, sociale et culturelle actuelle à travers les années de violences coloniales qu'elle a appliquées en Afrique, "les Camerounais n'ont pas à adopter et à accepter l'identité culturelle des nations qui ont tué leurs ancêtres", assure-t-il.

"Nous ne faisons rien aux sculptures des personnalités qui ont agi pour l’Afrique et les Africains, mais nous ne pouvons pas accepter ceux qui nous ont exploité, envahi nos terres, et tué nos ancêtres. Nous avons donc brisé les têtes de sculptures coloniales britanniques, allemandes et françaises", a-t-il encore indiqué.

"D'autres déterminent le prix des ressources africaines"

Essama souligne que contrairement à de nombreux pays africains, il n'y a pas de base militaire française au Cameroun, "Nos ancêtres ont donné leur vie pour l'indépendance. Nous voulons leur statue au lieu des statues des colonialistes", a-t-il réclamé.

"Tout le monde sait que la France est le pays derrière de nombreux conflits et l'instabilité sur le continent".

Essama a fait valoir que toutes les ressources et ressources du continent, telles que le cacao, le café, la banane, le pétrole et le gaz naturel, ont été offertes à Paris dans un plateau d'or avec le projet "Françafrique", mis en œuvre par certains des dirigeants continentaux.

Le militant a souligné qu'ils voulaient des dirigeants dignes qui ne se plieraient pas à la France, "l'Afrique est pauvre aujourd'hui, bien que tout vient de ce continent. Ils déterminent le prix de nos ressources".

L'Afrique avait besoin aujourd'hui d'un partenariat équitable, a-t-il encore expliqué.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.