Cameroun/Remaniement: Des ministres anglophones à la tête de l'Intérieur et de l'Education
- Le chef de l’Etat veut apaiser la crise anglophone

Cameroon
AA / Yaoundé / Peter Kum
Le Premier ministre camerounais Yang Philémon a installé, lundi 5 mars de nouveaux membres du gouvernement, dont deux ministres anglophones à la tête de l'Intérieur et des Enseignements secondaires.
Cette nomination a été décidée par le président Paul Biya, samedi 2 mars.
Parmi les chefs de départements ministériels installés, figurent deux anglophones auxquels le président a confié des porte-feuilles importants dans ce gouvernement.
Il s’agit du portefeuille de l’Intérieur (Administration Territoriale) qui a été accordé à Paul Atanga Nji, originaire de la région anglophone du Nord-ouest et celui des Enseignements Secondaires, accordé à Nalova Lyonga Pauline originaire de la région anglophone du Sud-ouest.
C’est quasiment la toute première fois qu'un Camerounais de l’une des régions anglophones dirige un ministère de souveraineté.
Le Président Paul Biya a accordé aux anglophones ces deux grands postes ministériels au sein du gouvernement pour satisfaire la population anglophone du Cameroun qui se plaint d’être marginalisée par des francophones.
Toutefois, ce remaniement qui était annoncé de longue date (depuis 2013), semble ne pas être en mesure d’apaiser les tensions dans les régions anglophones, du point de vue des politologues et des observateurs.
«Atanga Nji n’est pas forcément populaire en raison de certaines de ses prises de position et de ses déclarations. Il fait, en effet, partie des personnalités qui ont réfuté l’existence d’un problème anglophone, au tout début de la crise. Il n’est pas aimé dans sa région», explique le Professeur Nkou Mvondo, Enseignant des Sciences Politiques à l’Université de Ngaoundéré.
Pour la sécessionniste Mala Caroline, «cette désignation de la personne d’Atanga Nji est une insulte aux anglophones».
La nomination du Dr. Nalova Lyonga en tant que ministre de l'Enseignement Secondaire n’est pas également la bienvenue dans les régions anglophones.
«C’est à cause de cette dame que les étudiants anglophones avaient lancé la grève à l’Université de Buea en octobre 2016. Quand elle était Rectrice à Buea, elle avait fait venir des forces de sécurité au sein du campus de l’Université. Des militaires avaient tabassé, blessé et violé des étudiants», indique Jean Nintcheu président régional (Littoral) du principal parti de l’opposition camerounaise, le Social Democratic Front (SDF).
Elle n’apportera rien de nouveau dans le système éducatif anglosaxon que réclament les enseignants anglophones depuis le début de la crise, a-t-elle expliqué.
«Comme d'habitude, ces nominations aident seulement l'occupant et les familles immédiates des personnes nommées», estime le sécessionniste Mark Berata.
Pour le ministre de l’Intérieur, Atanga Nji, «cette nomination témoigne que les anglophones ont toujours été bien traités au Cameroun».
Il faut rappeler que la crise sociale qui secoue les deux régions anglophones avait débuté par un mouvement d’humeur des avocats, des enseignants et des étudiants anglophones.
Ces derniers contestaient la marginalisation dont ils sont victimes au Cameroun. Les séparatistes se sont vite saisis de ce mécontentement pour créer l’Etat imaginaire de l’Ambazonie dont sa branche armée défie des forces de sécurité camerounaise.