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Cameroun : MSF contrainte de retirer ses équipes de la région du Nord-Ouest anglophone

- Après huit mois de suspension de ses activités par les autorités camerounaises

Fatma Bendhaou  | 03.08.2021 - Mıse À Jour : 03.08.2021
Cameroun : MSF contrainte de retirer ses équipes de la région du Nord-Ouest anglophone

Cameroon

AA/ Yaoundé / Peter Kum

L’organisation humanitaire internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé, mardi, qu’elle avait été contrainte de retirer ses équipes médicales du nord-ouest du Cameroun après huit mois de suspension de ses activités par les autorités camerounaises.

« Après près de huit mois de suspension par les autorités camerounaises, l’organisation médicale humanitaire Médecins Sans Frontières se voit contrainte de retirer ses équipes de la région du Nord-Ouest durement affectée par des années de violence armée entre forces de sécurité et groupes armés séparatistes », a annoncé, mardi, dans un communiqué, l’ONG.

« Nous ne pouvons rester plus longtemps dans une zone où nous ne sommes pas autorisés à offrir des soins à la population », explique Emmanuel Lampaert, coordinateur des opérations de MSF pour l’Afrique centrale.

« Nous ne pouvons malheureusement maintenir notre personnel en stand-by plus longtemps ... Nous n’avons donc d’autre choix que de retirer nos équipes. Nous garderons toutefois un petit bureau de liaison à Bamenda, la capitale régionale, afin de poursuivre le dialogue avec les autorités », ajoute-t-il.

L’organisation humanitaire reconnaît que le retrait de ses équipes en zone anglophone du Cameroun, « réduira considérablement l'accès aux services médicaux dans une zone où les communautés sont durement touchées par la violence armée ».

C’est depuis 2018 que MSF assure des soins médicaux d’urgence et un service d’ambulance gratuits dans la région du Nord-Ouest où sévit depuis quatre ans un conflit armé entre l’armée camerounaise et des séparatistes anglophones.

En décembre 2020, les autorités camerounaises ont suspendu les activités de MSF, officiellement jusqu’à ce que son cadre de collaboration avec le gouvernement soit revu.
« Cette décision intervenait cependant après une série d’allégations accusant MSF de soutien aux groupes armés locaux, accusations que MSF a sans cesse catégoriquement rejetées, que ce soit dans ses échanges avec les autorités ou dans l’espace public », a expliqué l’ONG.

En dépit de mois d’échanges avec les autorités, aucune reprise des activités n’a jusqu’ici été accordée.

Dans un communiqué rendu public le mercredi 22 juin, l’ONG avait affirmé que cette situation faisait payer un tribut inacceptable aux habitants.

« Depuis la suspension, plusieurs enfants sont morts dans ma communauté à cause du manque de soins. Les gens n’ont pas d’argent pour aller à l’hôpital. Ils continuent de me demander : "quand est-ce qu’ils reviendront ?" », avait déclaré un agent de santé communautaire dans une courte vidéo partagée le 22 juin sur le compte Twitter de l’ONG.

En mai dernier, le directeur général de MSF, Stephen Cornish, avait fait le déplacement à Yaoundé où il a rencontré les officiels camerounais pendant plusieurs jours.

« Si notre visite a été l’occasion d’examiner des questions importantes, aucun accord n’a pu malheureusement être atteint sur une reprise immédiate de notre assistance médicale dans la région du Nord-Ouest. Cela est décevant, mais nous gardons espoir que la levée de cette interdiction peut intervenir dans les prochains jours », avait-il déclaré.

Depuis 2020, le gouvernement accuse MSF d’aider les séparatistes dans cette région.


Dans un communiqué, le gouverneur de la région du Nord-Ouest avait indiqué qu’à travers sa collaboration avec l’hôpital Saint Mary Soledad du Nord-Ouest, MSF permet de prendre en charge les membres des groupes armés séparatistes, mais aussi de leur offrir une protection. Accusations que rejette cette organisation humanitaire.

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