Afrique

Cameroun : l’armée reconnaît sa responsabilité dans le massacre de Ngarbuh

- Et évoque un "malheureux accident".

Lassaad Ben Ahmed  | 17.02.2020 - Mıse À Jour : 20.02.2020
Cameroun : l’armée reconnaît sa responsabilité dans le massacre de Ngarbuh

Cameroon

AA / Yaoundé / Peter Kum

Le ministère de la Défense du Cameroun a reconnu, lundi, dans un communiqué sa responsabilité dans le massacre du village Ngarbuh dans la région du Nord-ouest et souligne qu'il s'agit tout simplement d’« un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation».

« Plusieurs photographies apparues le samedi 15 février 2020 sur les réseaux sociaux font état d’un massacre perpétré le jour précédent contre les populations du village Ngarbuh, arrondissement de Ndu, département du Donga-Mantung, Région du Nord-Ouest », a relevé le ministère de la Défense dans son communiqué.

Le ministère a précisé que « l’acte d’une inhumaine cruauté que certains activistes propagandistes attribuent aux groupes armés et aux forces de défense aurait entraîné la mort de plusieurs personnes, femmes et enfants compris ».

Le ministère de la Défense « dément formellement ces allégations mensongères, et précise, à la lumière des informations méthodiquement et professionnellement recoupées qu’il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation en cours dans la région ».

D’après le gouvernement camerounais, un groupe de 6 militaires renseigné par des repentis séparatistes a effectué « une approche de reconnaissance nocturne à pieds vers une habitation de Ngarbuh transformée en camps fortifié, véritable base logistique de marchandises illicites, de réception des armements et munitions de tous calibres, et de stockage et revente de stupéfiants ».

Lors de cette opération, l’armée a été prise à partie par « des tirs nourris depuis le refuge fortifié » des sécessionnistes.

« La riposte des éléments des forces de l’ordre permettra de mettre hors d’état de nuire sept des terroristes présents sur les lieux. Les combats vont se poursuivre jusqu’à l’explosion de plusieurs contenants de carburant, suivi d’un violent incendie qui va affecter quelques habitations voisines. Cet incendie a fait cinq victimes, dont une femme et quatre enfants, bien loin de ce qui est relayé dans les réseaux sociaux ».

Le ministère annonce qu’« une enquête approfondie a immédiatement été ouverte autour de ce regrettable incident » et ses conclusions feront « l’objet d’une large diffusion ».

Les images du village Ngarbuh, diffusées sur les réseaux sociaux montrent les enfants et femmes complètement calcinés et plusieurs domiciles brûlés. Ces images ont suscité plusieurs réactions et indignations.

Dans un communiqué, dimanche, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de l’opposant Maurice Kamto parle d’un projet criminel et funeste et exige que les responsables desdits massacres soient interpellés jugés et condamnés.

« Les images extrêmement choquantes de ces atrocités qui circulent sur les réseaux sociaux depuis quarante-huit heures, sont l’expression du crime organisé contre la procréation humaine et toute l’idée d’humanisme », a souligné le MRC.

Dans une déclaration, James Nunan, un fonctionnaire de l'agence de coordination humanitaire des Nations Unies, OCHA, a souligné qu'une femme enceinte faisait partie des victimes de ce massacre dans le Nord-Ouest anglophone.

« Quatorze enfants, dont neuf de moins de cinq ans, figuraient également parmi les morts. Quel que soit le groupe qui a fait cela, il a menacé d'autres violences à venir », a-t-il déclaré.

L’opposant Kamto a réclamé aussi un deuil national en mémoire de ces victimes.

Pour rappel, le Centre pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique (CHRDA) avait annoncé dimanche le massacre de dizaines de civils dans le Nord-ouest du Cameroun, suite à un raid de l’armée.

L'avocat Agbor Balla Nkongho ancien leader du consortium anglophone et président du CHRDA fait un deuxième post sur le massacre de Ngarbuh-Ntubaw informant que le nombre de victimes était de 32, comme l’avait rapporté Anadolu, dimanche, appelant « que la culture de l'impunité s'arrête ».

« 27 corps ont été retrouvés vendredi après un raid de l’armée contre ce village. Cinq autres corps ont été retrouvés plus tard dans des brousses de Ngarbuh, samedi matin, pendant des fouilles », avait-il souligné à Anadolu.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın