Afrique

Cameroun : Exploiter le bois de la mangrove pour éviter le chômage et l’oisiveté

Esma Ben Said  | 03.11.2017 - Mıse À Jour : 05.11.2017
Cameroun : Exploiter le bois de la mangrove pour éviter le chômage et l’oisiveté

Cameroon

AA/Douala(Cameroun) / Aurore Bonny

Alors que la mangrove camerounaise est loin de s’afficher sous ses meilleurs jours, son exploitation locale assure le pain quotidien de plusieurs foyers à Douala, la capitale économique du Cameroun.

Le même constat est établi à Madagascar, un quartier de la ville.

Ici, l’après-midi débute à peine, et déjà un groupe de jeunes hommes se livre à de grandes réjouissances dans un restaurant non loin d’une berge. Leurs éclats de rires et leurs accoutrements insalubres font penser à un réconfort après un grand effort.

Peu à peu, le groupe se fait rejoindre par un second groupe d’hommes. Tous viennent de se livrer à une chaîne d’activités très courante aux bords des cours d’eaux de la métropole. Il s’agit d’accoster de grandes pirogues de 8 à 16 mètres de long, chargées de bois.

«Nous venons d’exploiter une mangrove située dans le Moungo. Nous nous y rendons toutes les semaines, en fonction de la marée dans plusieurs forêts de la mangrove, pour exploiter du bois et replanter des arbres», explique à Anadolu, joyeusement l’un des hommes surnommé «Le sénateur».

Pendant que les deux groupes d’hommes s’abreuvent, d’autres restent sur la berge pour découper les rondelles de bois. Le découpage se fait selon le besoin des acheteurs. Lesquels se présentent le même jour ou passent des commandes d’achat quelques jours avant l’arrivée du bois.

Un bois particulier

Le type de bois visé par cette exploitation est le «Padou», un bois rouge sur lequel se recueille le vin de la même couleur. Son arbre croît à plus de 8 mètres. Il est découpé en 30 rondelles, soit environs trois tonnes, transportées par pirogue de 8 à 16 mètres de long. Chaque rondelle, d’une taille de trente pouces (75 centimètres) vaut près de 2000 FCFA (environ 3.5 dollars).

Ce bois est destiné à la combustion uniquement. Selon les explications données par Le sénateur à Anadolu, il ne produit pas de charbon, encore moins de cendre. Il est revendu aux fumeuses de poisson, aux ménagères et autres usagers du feu de bois.

Plusieurs étapes précèdent sa vente, notamment la coupe d’arbres dans les mangroves, le chargement dans les pirogues, le transport vers la ville, le déchargement des pirogues et, enfin, le découpage du bois.


Reboisement contre exploitation

Cette activité soulève la question de la surexploitation des mangroves au Cameroun. Pour y répondre, les exploitants de cette zone du pays disent avoir bonne conscience, car ils exploitent uniquement les vieux bois et s’efforcent de toujours reboiser.

A cet effet, Langmi Joseph, président de la société coopérative pour la Conservation et de la régénération de la Mangrove dans le Littoral (SOCOOP –COREM) a expliqué à Anadolu que face aux 75 % de la mangrove qui se meurt dans ce pays, faute de reboisement, cette forme d’exploitation est avantageuse. Le reboisement permet, selon lui, de sauvegarder les mangroves, un écosystème spécifique aux régions tropicales, tout en permettant une meilleure exploitation dans le temps.

Il regrette cependant que tous les exploitants n’agissent pas de la même manière.

Car d’autres, en quête de perches, détruisent délibérément le reboisement, sous prétexte de taxes reversées à l’Etat.

Notons que le Cameroun couvre environs 400.000 hectares de mangroves réparties dans le Sud-Ouest, le littoral et le sud. Elle sont toutes situées aux embouchures des fleuves Akpa, Yafe, Ndian et Meme, Bimbia, Mungo, Wouri, Dibamba Loukoundje Sanaga et le Ntem.

La présence de tous ces espaces donne lieu aux activités observées à Madagascar. Pour réussir une virée d’exploitation, les débrouillards de ce quartier ont besoin de 48 heures environs.

Cependant, la récompense de leur labeur ne conforte pas le temps et l’énergie qui y sont consacrés. Une équipe de 6 personnes se départage la somme d’environ 30 000 FCFA (53 dollars) après chaque exploitation. Soit 5000 FCFA (8.8 dollars) par personne «seulement».

Et pourtant, ces hommes, pères de famille ou pas, se réjouissent de manger de la sueur de leurs fronts. L’exploitation de la Mangrove leur permet de se « débrouiller dignement » et d’éviter de se rabattre sur le « vol », « l’oisiveté » et, par la même occasion, de protéger l’environnement.



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