Cameroun : depuis la prison, des sécessionnistes tiennent à l’indépendance de « l’Ambazonie »
Leur demande a été formulée dans une lettre ouverte adressée aux anglophones.

Cameroon
AA / Yaoundé / Petr Kum
Une dizaine de prisonniers anglophones camerounais ont émis une lettre ouverte exprimant leur détermination à poursuivre la lutte pour l’indépendance du présumé Etat d’Ambazonie.
La lettre a été publiée lundi 4 mars et rapidement partagée par les médias et sur les réseaux sociaux.
«Au nom du peuple de l’ancienne colonie britannique devenue ce jour [Ambazonie], nous, les leaders de ce territoire, prenons l’engagement de vous défendre et de défendre les générations à venir contre des forces d’occupation », ont écrit les 10 leaders séparatistes depuis la prison centrale de Yaoundé.
« Après notre indépendance, nous allons continuer à œuvrer pour construire une société où chacun aura les mêmes droits et sera respecté. Nous avons une seule option : une indépendance totale ou une continuité de la résistance », annoncent les leaders sécessionnistes.
Cette lettre intervient quelques jours seulement après la décision de la justice nigériane qui demande un retour au Nigéria de ces séparatistes arrêtés à Abuja (Nigéria) et extradés au Cameroun le 26 janvier 2018.
La semaine dernière, la Haute Cour fédérale a ordonné au gouvernement nigérian de ramener le président autoproclamé de l’Etat virtuel de l’Ambazonie, Sisiku Ayuk Tabe, et 56 autres personnes rapatriées au Cameroun et de leur verser des dommages et intérêts de 5 000 millions de naira (13,8 millions de dollars).
Lors d'une interview accordée à la télévision nationale nigériane, dimanche, le ministre nigérian de la Justice, Abubakar Malami, a déclaré qu’une fois que le gouvernement reçoit officiellement la décision de la Haute Cour concernant les dirigeants anglophones, il examinerait le dossier et prendrait une décision.
Des ONG de défense des droits humains ainsi que les partenaires du Cameroun demandent la libération des prisonniers politiques tels que Maurice Kamto et Sisiku Ayuk Tabe.
Dans une déclaration faite sur une télévision privée basée à Douala, le dimanche 3 mars 2019, l’économiste camerounais et vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), Célestin Monga a demandé aussi que le président de l’Etat virtuel d’Ambazonie, Sissuku Ayuk Tabé, le leader du MRC, Maurice Kamto et ses compagnons de la marche du 26 janvier dernier soient libérés.
« Economie de la honte et de la folie : ils tirent sur des manifestants à mains nues. Courage à Michèle Ndoki : brillant esprit et belle âme de ce pays meurtri, mais élégant et digne. Libérez Valséro, Sisiku Ayuk Tabe, Kamto, Penda Ekoka, et tous les prisonniers d’opinion », a-t-il déclaré.
Malgré les plaidoiries et la pression tant nationale qu’internationale, les forces de sécurité camerounaises continuent à interdire des manifestations des partis de l’opposition surtout du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto.
Mardi matin, une vingtaine de militantes du MRC ont été interpellées à Yaoundé alors qu’elles faisaient de la propriété dans un marché.
«En prélude de la journée internationale de la femme, nos militantes ont décidé de faire le nettoyage du marché Mokolo. Elles ont été interpellées et conduites au commissariat de Mokolo à Yaoundé », rapporte à Anadolu l’avocat de l’opposant Kamto, Emmanuel Simh.
Pour rappel, la crise anglophone a éclaté dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun depuis octobre 2016, suite à un mouvment d'humeur d'avocats anglophones n'ayant pas obtenu la traduction en anglais de documents nécessaires à leur travail.
Le mouvement a rapidement pris de l'ampleur, j'usqu'à une insurrection armée depuis fin 2017. Des centaines de civils, des forces de l'ordre et des rebelles ont perdu la vie dans des échanges de violence entre sécessionnistes et armée et police camerounaises. Toutes les tentatives de médiation ont été vouées à l'échec.
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