Cameroun / Crise anglophone : le Canada annonce un accord pour une résolution du conflit
- Le mouvement séparatiste et le gouvernement camerounais ont convenu de former des comités techniques pour commencer à travailler sur des mesures de confiance selon le facilitateur Ottawa.

Cameroon
AA / Yaoundé / Peter Kum
Les autorités camerounaises et « plusieurs mouvements indépendantistes » anglophones sont d’accord pour « entamer un processus en vue de parvenir à une résolution globale, pacifique et politique du conflit », a annoncé, le 20 janvier, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly.
Le Canada a souligné qu’il est « facilitateur » dans ce processus de réconciliation censé mettre un terme à la crise dite anglophone qui secoue les régions anglophones du Nord-Ouest et Sud-Ouest depuis fin 2016.
« Les parties ont également convenu de former des comités techniques pour commencer à travailler sur des mesures de confiance », ajoute Mélanie Joly.
« L’accord visant à amorcer un processus formel constitue un premier pas essentiel vers la paix et vers un avenir plus sûr, plus inclusif et plus prospère pour les civils touchés par le conflit », s’est félicitée la ministre canadienne des Affaires étrangères.
Sur Twitter, Ayaba Cho, chef du gouvernement fantôme séparatiste, et commandant de l’Ambazonia Defence Force (la force de défense de la zone anglophone), a accusé le Canada de ne pas faire preuve de bonne foi dans son communiqué.
« Nous appelons le gouvernement du Canada à agir avec intégrité en publiant une déclaration qui reflète l’esprit et le contenu de ce sur quoi nous avons travaillé, négocié et convenu dans l’engagement et le mandat signés pour un cadre de négociation global dans la Déclaration de Toronto ».
Sur Twitter, Mark Bareta, un autre leader séparatiste en exil, a salué le processus de négociation initié par le Canada. Il a par ailleurs estimé que tous les groupes appelés à la table des négociations n’ont pas encore donné leur accord définitif et que tous ne parlent pas encore de la même voix.
Selon ce leader séparatiste, « le moment des négociations venu, les groupes séparatistes sauront faire bloc face au gouvernement » camerounais.
Maitre Agbor Nkongho, l’un des déclencheurs de la crise anglophone a apprécié l’initiative du gouvernement canadien. Selon cet avocat, « il est impératif que d’autres médiateurs se joignent au Canada pour le succès de ce processus ».
Le gouvernement camerounais n’a pas encore réagi au communiqué des autorités canadiennes sur ce processus de négociation encours.
Pour rappel, cette crise a débuté fin 2016 par un mouvement de grève des avocats suivi par des enseignants dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces grèves ont été farouchement réprimés par les forces de l’ordre et les anglophones ont alors créé des groupes armés pour faire face aux éléments de l’armée.
Selon le Canada, « les civils sont les plus touchés par la crise actuelle au Cameroun » et « plus de 6 000 personnes ont perdu la vie depuis 2017 ».
En outre, « près de 800 000 personnes ont été déplacées en raison de cette crise, et 600 000 enfants n’ont pas pleinement accès à l’éducation ».