Cameroun/Crise anglophone : L’ «Ambazonie» condamne l’enlèvement de son président
-Dix leaders de l'"Ambazonie"-nom donné par les indépendantistes anglophones du Cameroun à la région territoriale du sud, non reconnu-, ont été enlevés par un présumé commando camerounais, selon les sécessionnistes

Cameroon
AA/Yaoundé/Aurore Bonny
Les sécessionnistes anglophones camerounais ont fermement condamné l’enlèvement de 10 leaders de l’Ambazonie, -nom donné par les indépendantistes anglophones du Cameroun à la région territoriale du sud, non reconnu-, par un présumé commando camerounais infiltré au Nigéria, selon un communiqué parvenu dimanche à Anadolu.
« Le gouvernement intérimaire de la République fédérale d’Ambazonie condamne fermement l’enlèvement du président Sisiku Julius Ayuk Tabe et de neuf autres responsables par des hommes armés de la République du Cameroun vers 19h30 à Nera Hotels, au Nigeria, le 5 janvier 2018 ». indique la note signée par le camerounais Chris Anu, secrétaire de communication de l’ « Ambazonie ».
Le document précise que cet enlèvement s’est déroulé « lors d’une réunion présidée par Sisiku Ayuk Tabe. Laquelle était prévue pour « discuter de la crise des réfugiés du Cameroun méridional au Nigéria et galvaniser le soutien d’urgence pour le logement, les soins médicaux et l’alimentation en prévision de la prochaine saison des pluies », rapporte le même texte.
Selon ledit communiqué, le gouvernement fédéral du Nigéria, informé de l’incident, enquête actuellement sur la situation. La circulaire invite également ce même gouvernement à « aborder le problème immédiatement », à « veiller à ce que le gouvernement camerounais ne leur fasse aucun mal » mais aussi à « enquêter sur cette menace contre sa souveraineté par la République du Cameroun ».
Parallèlement, le message délivré par le responsable « ambazonien » accuse le président camerounais Paul Biya, de continuer à orchestrer des « exécutions extrajudiciaires » sur les populations du Sud.
« Le président Paul Biya et ses acolytes doivent savoir que les Camerounais du sud continueront à faire valoir leur droit à l’autodétermination et qu’ils tiendront Paul Biya pour responsable de tous les massacres de Camerounais du sud » ajoute le communiqué.
Le gouvernement camerounais ne s'est pas exprimé à la suite de ces accusations.
Pour rappel, la crise dite anglophone a débuté en octobre 2016 par une grève des avocats et des enseignants des deux régions anglophones. Elle s’est transformée en un mouvement sécessionniste qui a symboliquement déclaré l’Indépendance le 1er octobre 2017, du Cameroun anglophone (Ambazonie), toutefois non reconnu par Yaoundé.
La crise s'est accompagnée de nombreuses violences. Plusieurs militaires et civils camerounais ont perdu la vie et plus de 5 mille personnes ont déserté le Cameroun pour se réfugier au Nigéria voisin, d’après le Haut-commissariat onusien pour les réfugiés.
Pour les observateurs nationaux et internationaux, le dialogue reste l’unique solution pour sortir de la crise.
Cependant le Colonel Didier Badjeck, porte–parole de l’armée camerounaise, a récemment indiqué à Anadolu qu’aucun dialogue ne se déroulera dans « le désordre ». Selon lui l’autorité de l’Etat affectée devrait être restaurée avant tout.
Dans un même élan, le Président camerounais a déclaré via les réseaux sociaux Facebook et Twitter que ce dialogue reste pour lui « la solution privilégiée de résolution des problèmes », ajoutant également qu’il devrait s’inscrire « strictement dans le cadre de la légalité républicaine ».
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