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Cacao, cette graine qui conte l'Afrique et l'Amérique latine

- Le continent africain fournit, à lui seul, 70 % du cacao produit dans le monde, avec en tête la Côte d'Ivoire, qui produit 1,7 millions de tonnes, soit 40 % de la production mondiale, et le Ghana 2ème producteur mondial avec 800.000 tonnes par an.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 04.05.2017 - Mıse À Jour : 05.05.2017
Cacao, cette graine qui conte l'Afrique et l'Amérique latine

Abidjan


AA/ Abidjan (Côte d'Ivoire)/ Fulbert Yao

C'est une graine qui "déchaîne les passions" , une graine qui "éveille la curiosité", a-t-on dit un jour. De l'Amérique latine jusqu'en Afrique subsaharienne, elle a fait le voyage. La graine de cacao renferme en elle, bien qu'elle soit ovale et petite, tout un monde.

Secteur pourvoyeur d'emplois et de richesses avec une contribution au PIB national de l'ordre de 20%, la culture de Cacao est un élément-clé de l'économie ivoirienne. Toutefois, la baisse enregistrée depuis six mois du cours inquiète aussi bien les professionnels du secteur que le gouvernement.

« L’enjeu est financier, l’enjeu c’est la survie de nos économies. L’enjeu c’est la pérennité de la culture du cacao, la stabilité des prix de cette matière première. Si les prix baissent, il y a un manque à gagner pour les producteurs donc pour le petit paysan. Il faut que le pouvoir d’achat de nos paysans soit maintenu à un niveau appréciable. C’est ça l’enjeu fondamental », affirme l’économiste, Nkogbe Louis Philippe, approché par Anadolu.

Pour cet universitaire gabonais, rencontré en marge de la 95ème session de l’organisation internationale du cacao (ICCO), tenue du 24 au 28 avril à Abidjan, maintenir la stabilité des prix passe nécessairement par des encouragements au profit des producteurs évoluant généralement dans l’arrière pays.

Leur garantir des prix suffisamment rémunérateurs revient à leur assurer une vie digne, et donc, les fixer là où ils sont pour produire davantage.

« L’autre enjeu c’est de transformer la matière première, parce que ça fait partie des chaînes de valeur. Parce que si nous transformons, nous créons de la valeur ajoutée, plus la chaine de production est longue, plus on crée de la valeur, on crée la richesse », explique t-il.

Michel Knoop, délégué de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), explique aussi que l’enjeu réside dans la préparation du marché. Il estime que ce marché doit être géré avec des spécialistes. « Il faut concentrer l’offre. Si on est en train de travailler avec une entreprise qui a un budget deux fois le budget complet de ton pays, tu n’as rien à faire. Il faut concentrer l’offre. Les coopératives, c’est un système idéal, mais il faut préparer les gens, ils doivent étudier, il faut aider les gens à travailler et en même temps à se préparer ».


- Privilégier la transformation locale

Narcisse Ghislain Olinga, inspecteur des régies financières au Cameroun, note pour sa part que la survie de l’économie cacaoyère passe également par une « concertation, une harmonisation des politiques de production, mais également de mise en marché au niveau des pays producteurs et exportateurs.

« Nous avons pensé à la promotion de la transformation et de la consommation locales. Il faudrait que notre cacao soit transformé localement par les nationaux en produit fini. Parce que c’est le produit fini qui est consommé localement. Donc il faudrait se détourner de cette transformation qui est faite par les multinationales et qui constitue à transformer la pate qui est renvoyée sur le marché international », a-t-il indiqué.

Nous voulons complètement changer de paradigme. On voudrait un dialogue direct avec les acteurs du marché, les industriels, parce que c’est eux qui font le prix. Nous voulons un dialogue direct pour voir comment on peut assurer la durabilité de la chaîne de valeurs. Nos intérêts sont liés, car si les prix baissent au niveau des producteurs et que les arbres sont arrachés, les industries n’auront plus de fèves de cacao pour fabriquer du chocolat», a-t-il déclaré à Anadolu.

« Stabiliser les prix se base sur une donnée : l’information. Il faut être transparent. Transparent à l’origine, au milieu et à la fin, dans ce monde cacaoyer, il y a tellement d’acteurs que finalement, la transparence ne soit pas tellement garantie », a expliqué Michel Knoop, délégué de l’ICCO.


Des économistes de la filière, se sont prononcés sur les enjeux liés à la culture et au commerce, de ce produit dont le cours connait depuis 6 mois une baisse de « 30 %».

La production a atteint 1 796 000 tonnes de fèves, lors de la campagne 2015-2016, représentant plus de 42% de l’offre mondiale, selon des données officielles.



- Le Cacao en Côte d'Ivoire

En Côte d’Ivoire, la production est concentrée dans les zones du sud-ouest et du sud-est, avec 2,5 millions d’hectares.

Depuis 1980, cette production n’a cessé d’augmenter. Elle est passée de 417.000 tonnes à 1,4 million de tonnes puis à 1,565 million de tonnes respectivement en 2000 et 2015- 2016, d’après le gouvernement.

« Cette progression est pour l’essentiel due à l’extension des superficies plantées et à l’accroissement des rendements », explique Touré Ali, porte-parole des pays producteurs de cacao de l’ICCO, qui assurent 95% de la production mondiale.

Créée en 1973, l’ICCO vient de s’installer à Abidjan après 44 ans passés à Londres et compte à ce jour 51 pays-membres, dont 21 pays producteurs et 30 pays consommateurs, répartis en Afrique, en Asie, en Amérique Latine et aux Caraïbes ainsi qu’en Europe.

Les fèves ivoiriennes sont exportées pour la plupart dans les pays européens, aux Etats-Unis et en Asie par de grandes multinationales.

Les exportations sont passées de 1,622 million de tonnes à 1,548 million de tonnes de 2014 à 2016 dont plus de 350 000 tonnes transformées sur place en produit semi-finis, selon des statistiques de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire.

Les fèves ont procuré à la Côte d’Ivoire 30% des recettes d’exportation, représentant entre 15 et 20% du PIB.
Le secteur emploie, par ailleurs, plus de 600.000 planteurs et fait vivre près du quart de la population, soit plus de 6 millions de personnes.

- Le Cacao en Afrique et dans le monde

Le continent africain fournit, à lui seul, 70 % du cacao produit dans le monde, avec en tête la Côte d'Ivoire, qui produit 1,7 millions de tonnes, soit 40 % de la production mondiale, et le Ghana 2ème producteur mondial avec 800.000 tonnes par an (17 %).

En Asie, continent qui assure16 % de la production mondiale, l'Indonésie produit 750.000 tonnes. Quant à l'Amérique latine, continent d'origine du cacao, elle arrive en dernière position avec seulement 13 % de la production mondiale.

Le cacao est utilisé pour l’alimentation, dans l’industrie des produits pharmaceutiques et en médecine vétérinaire.

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