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Côte d'Ivoire: Adultes, ils retournent sur les bancs de l’école pour apprendre le Coran

Ils sont financiers, intellectuels, techniciens ou encore étudiants, mais ont tous un point commun : une envie spirituelle d’apprendre le coran.

Esma Ben Said  | 10.02.2016 - Mıse À Jour : 11.02.2016
Côte d'Ivoire: Adultes, ils retournent sur les bancs de l’école pour apprendre le Coran

Abidjan

AA/Abidjan/Fulbert Yao

Vêtu d’un boubou marron, la tête coiffée d’une chéchia et les yeux plissés en signe de concentration Dembélé Salifou, tente de déchiffrer une sourate du coran. Ce sexagénaire ivoirien, consultant en Finance, a décidé de retourner sur les bancs de l’école pour « mieux comprendre sa religion » dit-il.

Ils sont des centaines d’adultes, comme Salifou, à fréquenter, avec assiduité, le Centre Islamique de Formation et de Documentation (CIFOD) d’Abidjan.

Intellectuels, ingénieurs, techniciens ou encore retraités, ces adultes, âgés de 20 à 70 ans, partagent tous la même ambition : l’envie spirituelle d’apprendre le coran.

Un retour donc sur les bancs de l’école, sans que cette fois, ils n’aient besoin d’être frappé sur les doigts.

« Pendant mon enfance, je n’ai pas appris le coran. J’ai décidé de l’apprendre à mon âge parce que toute notre religion est basée sur le livre saint. Savoir lire le coran en arabe est excellent et nous sort de l’ignorance et il n’est jamais trop tard pour bien faire », raconte le sourire aux lèvres, Salifou, rencontré par Anadolu.

Il est à peine 16h30, et la prière vient de s’achever sous une chaleur intense, lorsque des hommes et femmes, dont les âges varient de 20 à 70 ans passés, se rejoignent dans la vaste cour d’école du CIFOD. Après quelques minutes de conversation, ils se pressent les uns après les autres, pour rejoindre leur salle de classe.

Aussitôt les visages se ferment pour ne laisser place qu’au sérieux et à la concentration. Ces élèves-adultes, assis seul ou à deux sur une « table-blanc », plongent leur regards avides de connaissance dans le Coran.

Au menu du jour, le déchiffrage des versets coraniques ou l’amélioration de la vitesse de lecture pour les uns, l’initiation à la psalmodie pour les autres.

Cette scène se déroule sous la coordination de jeunes encadreurs du CIFOD, ONG spécialisée d’une part, dans la formation des intellectuels musulmans à la lecture du Saint Coran et qui se consacre aussi à l’édition et à la vulgarisation d’œuvres islamiques.
Créée depuis 2007, le CIFOD a réussi à initier plus de 5 mille personnes à la lecture du Saint Coran en session de 3 mois de cours, à raison d’un cours de 3h par semaine, renseignent les encadreurs.

A chaque formation, c’est en moyenne quelques 500 apprenants qui se pressent sur les bancs afin de bénéficier des mérites et bienfaits aspects « mystiques et spirituels » du livre saint.

La trentaine révolue, Ange Kouadio, est technicien supérieur en génie civil option travaux publics. Pour lui, cette formation permet de « ne pas tituber face aux idéologies actuelles. »

« Je souhaiterais parler de ma religion sans trébucher, mais, pour cela, il faut apprendre et comprendre les textes. Même pour comprendre la science, il faut comprendre le coran », explique-t-il,

Etudiante en finance comptabilité, Bamba Maimouna, est l’une des plus jeunes apprenants. A travers cet apprentissage, la jeune fille aspire renforcer sa spiritualité.

« Je suis venue étudier ici afin de me perfectionner dans la lecture du Coran. Mais au-delà de cela, je cherche aussi la motivation, pour accroitre mon niveau et me rapprocher de Dieu», se justifie-t-elle, le sourire aux lèvres, les cheveux et cou cachés par un foulard.

Outre l'apprentissage du Coran qui se déroule pendant deux heures de temps chaque dimanche, les « intellectuels » sont aussi occupés par des modules de culture islamique liée à l’actualité, qui se traduisent par des conférences d’une durée d’une heure et qui ont lieu avant le démarrage des cours par classe.

Au vu des résultats obtenus à chaque fin d’apprentissage, la démarche de l’ONG est fortement appréciée par les apprenants et enseignants.

Cette ONG dont le professionnalisme est salué par ces nombreux auditeurs apprenants, bénéficie de la reconnaissance des autorités du ministère de l’intérieur ivoirien pour exercer ses activités.

« La méthode d’apprentissage est adaptée pour les travailleurs. C’est encourageant. Grâce aux encadreurs, mon entourage est surpris de ma progression, maintenant je peux lire le coran à la mosquée, ce que je ne pouvais pas faire avant » se réjouit Dembélé Salifou.

Le centre Islamique de formation et de documentation(CIFOD), présent dans une dizaine de communes, compte étendre cette formation dans toutes les localités de Côte d’Ivoire, « afin de transmettre un Islam qui prône la fraternité et de tolérance », selon son président Soro Mamadou.

D’après des estimations semi-officielles, 39% des Ivoiriens sont de confession musulmane alors que le christianisme est pratiqué par 32 %, et les religions traditionnelles par le reste de la population.

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