Côte d’Ivoire : multiplication des appels pour le report de la présidentielle
Abidjan
AA/Abidjan/Fulbert Yao
L'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, prévue le 31 octobre suscite de nombreuses inquiétudes. Pour éviter de replonger le pays dans une autre crise, après celle de 2010, les appels au retrait du président sortant Alassane Ouatatra et au report du scrutin, se multiplient aussi bien au niveau international que national.
Dans une analyse consacrée à la situation en Côte d’Ivoire et en Guinée, l’institut d’étude de sécurité (ISS) a exhorté mercredi les autorités régionales et les partenaires au développement de la Côte d'Ivoire à dissuader de toute urgence le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue guinéen Alpha Condé de se présenter à nouveau.
"La CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), l'UA (Union africaine) et les partenaires extérieurs devraient faciliter un dialogue politique constructif et significatif pour éviter une résurgence des crises dans les deux pays. Dans le passé, cela a aidé à aplanir les différences, à faire des concessions et à parvenir à un consensus sur le processus politique. Les prochaines élections doivent également être inclusives, pacifiques, libres et justes", a indiqué l’organisation, qui rejoint l'opposition ivoirienne.
L'organisation de prévention des conflits International crisis group (ICG) a préconisé pour sa part, un report du scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire, pour établir un "large dialogue" et éviter les violences.
ICG a estimé dans un rapport publié mardi qu’"un court report de l'élection offrirait une chance de sortir de la confrontation actuelle à travers un dialogue et d'apurer le contentieux qui rend improbable l'organisation d'une élection apaisée et transparente le 31 octobre », car pour elle «la probabilité que cette élection accouche, en l'état, d'une crise grave, est élevée".
L'ONG invite, en outre, l'opposition, à demander "un rééquilibrage" de la Commission Electorale indépendante plutôt que de demander sa "dissolution pure et simple". Elle demande au pouvoir d’autoriser "le retour en Côte d'Ivoire de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo (...), un geste capable d'apaiser le lourd climat actuel".
Au niveau national, opposants et organisations de la société civile, multiplient également les appels au report des élections
Parmi eux, Charles Blé l’ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, souhaite que le scrutin soit "repoussé afin d'organiser des assises nationales qui permettraient de rechercher le consensus".
Pour lui, s’il y a des élections dans le contexte actuel, elles "créeront plus de divisions, plus de blessés, plus de déplacés, plus de morts".
Le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) s'inquiète, lui aussi, des "graves menaces sur la paix sociale" et appelle à un dialogue inclusif afin d'éviter des tensions dans le pays.