Côte d’Ivoire: L’audience de Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés, renvoyée au 6 janvier
Afin de permettre à la défense de mieux préparer ses plaidoyers.

AA/ Abidjan/ Fulbert Woile
Le président de la Cour d'assises d’Abidjan, Tahirou Dembelé, a renvoyé mardi le procès de Mme Simone Gbagbo (épouse de l'ancien président Laurent Gbagbo) et de ses 82 co-accusés dans la crise politique ivoirienne de 2010, au 6 janvier prochain afin de permettre au collectif des avocats de la défense de mieux préparer ses plaidoyers, a rapporté un correspondant de Anadolu.
Au cours de l’audience de ce mardi, cinq des prévenus ont été invités à comparaître dans le cadre du procès. Mais, ces derniers n'ont pu être soumis à l'interrogatoire de la Cour suite à une requête prise en compte par le magistrat Tahirou Dembélé, dans laquelle leurs avocats ont estimé qu’ils n’ont pas encore eu l’occasion de rencontrer leurs clients afin de mieux organiser leur défense.
«La défense ne maîtrise pas les différents dossiers de ces cinq accusés qui étaient détenus à l'Ecole de police», a soutenu Me Dadjé Rodrigue, soulignant que le code de procédures en la matière «donne le droit aux avocats de voir autant que faire se peut leurs clients. »
La défense a aussi obtenu du tribunal que six des détenus à l’école de police qui se sont plaintes de leurs « conditions de détention », soient transférés à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca).
«Ils endurent une souffrance. Nos clients disent qu’ils sont maltraités à l’école de police. Nous ne pouvons pas les voir. Ils se sentent mieux à la MACA», a ajouté maitre Dadjé.
L’ancienne première dame ivoirienne Simone Gbagbo et ses 82 co-accusés sont poursuivis pour huit chefs d'accusation, dont « l'atteinte à la sureté de l'Etat, la constitution de bandes armées, la rébellion contre l'autorité de l'Etat, la coalition de fonctionnaires et l'insurrection armée ».
Initialement prévu pour le 22 octobre, le procès de Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés s'est ouvert vendredi 26 décembre au palais de justice d'Abidjan. Bien que comparaissant devant la justice ivoirienne, la femme de l'ancien président ivoirien est également dans le viseur de la Cour pénale internationale (CPI). Le 11 décembre, la juridiction internationale a une nouvelle fois demandé à la Côte d'Ivoire de lui livrer Simone Gbagbo. Mais Abidjan refuse, soulevant une « exception d'irrecevabilité ». Du côté de La Haye, on estime que les poursuites engagées en Côte d'Ivoire ne portent pas sur les mêmes accusations, rejetant l’«exception d'irrecevabilité».
Lundi, des victimes et leurs proches ont manifesté devant le palais de justice, souhaitant que Simone soit jugée « pour crimes de sang et non pour atteinte à la sûreté de l’Etat ».
La crise politique ivoirienne de 2010-2011 a débuté après le second tour de l'élection présidentielle ivoirienne de 2010, le premier scrutin depuis 10 ans, dont le résultat a provoqué un différend électoral, à la suite de fraudes présumées.
Les deux candidats, Laurent Gbagbo, président sortant et reconnu par le Conseil constitutionnel, et Alassane Ouattara, reconnu par la Commission électorale indépendante et la communauté internationale, revendiquaient chacun la victoire. Laurent Gbagbo a été finalement arrêté le 11 avril 2011. Le dernier bastion pro-Gbagbo est tombé le 4 mai suivant, alors que le même jour, Alassane Ouattara a été proclamé chef de l'État par le Conseil constitutionnel.