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Côte d’Ivoire: Femmes à « métiers d’hommes » : Entre audace et ténacité (Portraits)

Nadia Chahed  | 08.03.2018 - Mıse À Jour : 08.03.2018
Côte d’Ivoire: Femmes à « métiers d’hommes » : Entre audace et ténacité (Portraits) Photo d'archives

Abidjan

AA/Abidjan/Fulbert Yao

Conductrice de minicars, coiffeuse pour hommes, mécaniciennes, …les Ivoiriennes sont très présentes, ces dernières années, sur les différents fronts de corps de métiers informels traditionnellement exercés par les hommes.

Malgré les préjugés et les difficultés, elles gardent le moral et tentent de s’imposer. Anadolu a recensé trois profils que l’on croise fréquemment à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.

En ce début du mois de mars ensoleillé, à la gare de Gonzagueville terre rouge, un quartier de la commune de Port-Bouët (sud d’Abidjan), chacun cherche son « Gbaka », ces minicars collectifs à Abidjan, pour regagner les sous-quartiers.

Ici, apprentis, chauffeurs et passagers n’hésitent pas à s’empoigner. Un univers très masculin dans lequel se démène Ehui Akissi Clarisse.

Une des rares femmes à conduire ces minicars à Abidjan. Dotée d'un courage inédit, cette femme veut insuffler l'envie à ses compatriotes, « de prendre leur destin en main ».

Issue d’un milieu pauvre, Ehui n’a pas eu d’autre choix que d’arrêter ses études, pourtant studieuses, en classe de terminale, faute de moyens.

Elle aurait pu « devenir femme de ménage », dit-elle, mais la jeune fille a choisi de faire de petits jobs, généralement réservés à la gente masculine.

Elle devient après plusieurs péripéties, agent de sécurité, métier quel exercera durant quelques années, avant de s’orienter vers le secteur du transport urbain.

« J’ai commencé en tant qu’apprentie. J’ai fait cela durant cinq ans, avant de passer mon permis de conduire. Puis je suis devenue conductrice » relate Clarisse, un large sourire aux lèvres.

Aujourd’hui, âgée de 33 ans, la jeune dame se lève encore tous les jours à 5 heures du matin pour aller chercher des passagers à Gonzagueville. A la recette de 30.000 FCFA (60 USD) qu’elle gagne quotidiennement, s’ajoute les préjugés et les railleries de son entourage et de sa clientèle.

«Il y a des hommes qui me félicitent. Par contre, d’autres me disent de retourner dans la cuisine. Pour eux, c’est là que se trouve la place de la femme », raconte-t-elle.

Tout en déplorant cette situation, elle reconnait toutefois que cette activité lui permet de subvenir largement à ses besoins. Elle veut relever aujourd’hui un autre défi : s’offrir un taxi, afin de faire « tâche d’huile » dans le secteur, dit-elle en riant.

« Si tu n’as pas le courage et la volonté, tu ne peux pas faire de métiers dit d’homme. Il faut être courageuse parce que ce n’est pas facile », soupire-t-elle.

-A Vingt-sept ans, Konan Anna fait partie, elle, des femmes qui ont vaincu le mythe de la coiffure pour hommes.

Manier avec dextérité le peigne et la lame ainsi que la tondeuse pour rendre les hommes « présentables» n’est plus un secret pour elle.

Sa vocation est venue il y a une décennie, lorsque, exerçant comme servante « chez un expatrié allemand», elle accompagnait, le fils de son patron chez son coiffeur.

Anna sera bouleversée par cette expérience : « J’étais captivée par le fonctionnement de la tondeuse ».

La jeune fille décide alors de devenir coiffeuse pour hommes et se fait former par un professionnel du métier.

Exercer un prétendu « métier pour hommes », lui a donné une certaine assurance. «Partout où je vais on me respecte, on voit en moi, une femme qui a de l’avenir, qui sait ce qu’elle veut. Même si je n’ai pas assez de moyens, je suis à l’aise », assure-t-elle.

Mais le chemin est sinueux, car parsemé de préjugés et de considérations en tout genre, avoue Anna.

« Au début, il y avait des hommes qui refusaient que je les coiffe. Je perdais également des clients qui devenaient des prétendants », confie-t-elle.

« Toutefois avec le temps, poursuit-elle, de plus en plus de curieux ont décidé de pousser la porte du salon. Généralement, ils apprécient tous les coiffures que je fais et quelques fois, je reçois même des pourboires de leur part », lance la jeune femme.

Akissi Kouadio, elle, apprend la mécanique auto, elle a 24 ans et se dit « déterminée ».

« Dans la vie, tout est facile, ce sont les gens qui rendent les choses difficiles. Si tu as le courage et la foi, Dieu peut t’aider », affirme-t-elle le visage radieux.

Dans cet univers masculin, Akissi Kouadio dérange car pour certains une « femme mécano ça ne passe pas », reconnait-elle. Mais ces préjugés ne brident pas cette jeune femme, analphabète, qui considère ce métier comme une seconde chance, pour s’affirmer.

Avec un salaire de 150.000 FCFA mensuel (300 euros), elle a ouvert une boutique de pièces de rechange au sein du garage et envisage de fructifier ses revenus.

Aujourd’hui, Akissi a un but : « prouver que les femmes sont amplement capables de faire ce que font les hommes ».

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