Afrique

Côte d’Ivoire : Elles se font mal pour se faire belles

-De plus en plus d'Ivoiriennes ont recours à des perruques, des faux-cils et autres artifices, offerts au prix cher, pour plus de séduction ; cette démarche n'est toutefois pas dépourvue de certains dangers.

Nadia Chahed  | 03.04.2017 - Mıse À Jour : 04.04.2017
Côte d’Ivoire : Elles se font mal pour se faire belles

Abidjan


AA/Abidjan/Fulbert Yao

La boutique de Raymonde Aka à Treichville ( Sud d’Abidjan) ne désemplit pas, des femmes de tout âge s'y bousculent tous les jours de la semaine, à la quête de la perruque de leurs rêves, celle qui les rendra " belles et attirantes".

"Surtout si elle est associée à une paire de faux-cils et à des ongles artificiels", témoigne Florence, une jeune ivoirienne rencontrée par Anadolu sur place.

Dans la boutique de Raymonde, ou "temple de la beauté" comme se plaisent à l'appeler ses adeptes, on trouve de tout: Perruques de différentes couleurs, fabriquées localement ou importées d'Inde et de Chine, des extensions de cheveux, des accessoires...Le tout exposé avec soin dans un espace de 200 mètres carré.

- Une beauté qui se paie très cher

Un Business qui garantit à la propriétaire des lieux un chiffre d'affaires quotidien de 500 mille à 2 millions de Fcfa ( 1000 à 4000 dollars), soit deux fois plus que les autres commerces des environs, dit-elle fièrement.

"C’est de l’or. C’est le seul secteur épargné par la crise. je ne regrette pas d'avoir choisi cette voie", affirme-t-elle à Anadolu, notant que c'est en voyant ses parents faire fortune dans le domaine qu'elle a décidé de s'y mettre aussi, alors qu'elle est couturière de formation.

« Je vends les perruques synthétiques à partir de 5 000 FCFA (8 dollars) voire 15.000 FCFA (24 dollars), les tresses sont à 8000 FCFA (13 dollars ) voire 10 000 FCFA (16 dollars ), celles faites à partir de cheveux naturels peuvent aller jusqu'à 100.000 FCFA (170 dollars) », explique-t-elle.

Des prix qui ne font guère reculer les Ivoiriennes, notamment les habitantes de la capitale, prêtes à débourser des fortunes pour se faire belles. Toutes veulent des chevelures longues et lisses qui tombent sur les épaules, note Louise, vendeuse dans une des boutiques de perruques et autres accessoires de beauté, dont le nombre a flambé durant la dernière période, parallèlement à celui des salons de beauté et de coiffure.

Demande croissante oblige, beaucoup d'Ivoiriens "éclairés" ont, en effet, à l'instar de Raymonde choisi de se mettre dans le "commerce de beauté et dérivés". Diaby Ousmane est l'un de ceux qui ont choisi cette voie, ouvrant un salon de coiffure d'à peine 15 mètres carré où il pose tout au long de la journée perruques et faux cils pour des clientes pressées et en quête de beauté.

Pour les perruques, il en pose environ une dizaine par jour, moyennant 2000 FCFA (3,23 dollars) et un temps de travail d'à peine 20 minutes.

Le point fort du salon de Diaby est d'ailleurs "le travail vite fait", témoigne une cliente sur place qui se faisait poncer les ongles.

« Je gagne 15.000 FCFA (24,28 dollars) voire 60.000 FCFA (97,17 dollars) par jour », déclare Diaby, ajoutant que "grâce à ce métier appris sur le tas, elle arrive à vivre plus que convenablement".


- Une coiffure à l'effet ambivalent

L'engouement des femmes ivoiriennes pour les artifices de beauté n'est nullement surprenant, note pour sa part, Ouraga Basseri, sociologue et enseignant à l’université Felix Houphouet Boigny d'Abidjan, ajoutant que c'est un fait partagé par la quasi-majorité de la gente féminine partout dans le monde. « Cheveux, ongles et cils sont pour la femme, des atouts de séduction incontournables, d'où l'importance qu'elle leur accorde", explique-t-il encore à Anadolu.

Il souligne qu'en Afrique ce phénomène est encore plus remarquable dans la mesure où "au delà de la dimension esthétique, la coiffure renseigne chez certains groupes ethniques,sur le statut familial et même sur l'état d'âme de la personne".

Il relève toutefois, que "les traditions et les coutumes africaines ont perdu du terrain face à un phénomène d'acculturation européenne qui explique cette tendance des femmes ivoiriennes à vouloir ressembler au modèle européen".

Si les perruques, faux-cils et autres faux-ongles font le bonheur de centaines, voire, de milliers d'Ivoiriennes, ces atouts ne sont pas dépourvus de certains dangers, estiment des spécialistes.

Interrogé à ce sujet par Anadolu, Beon Luc, ophtalmologue, explique que "la pause de faux-cils a des conséquences aussi bien sur la paupière que sur la cornée. Les produits utilisés provoquent parfois des irritations, il arrive également que les faux-cils tombent dans les yeux et ça crée des problèmes".

«L’utilisation de produits chimiques pour la pose des ongles et d'extension de cheveux provoque parfois des infections bactériennes et même des maladies systémiques», estime pour sa part le pharmacienne Ange Koffi.

S'agissant des extensions de cheveux, Angèle Kouadio, coiffeuse-esthéticienne, note que "les coutures avec les aiguilles tirent sur les vrais cheveux, fait qui entraîne à la longue, une perte totale des cheveux d'origine".

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