Burundi : Plus de 100 000 réfugiés congolais accueillis depuis janvier
- Selon Albert Shingiro, ministre burundais des Relations extérieures et de la Coopération internationale.

Bujumbura
AA/Bujumbura/Jean Bosco Nzosaba.
«Depuis le début de cette année 2025, le Burundi, pays frontalier de la RDC, a fraternellement accueilli plus de 100 000 réfugiés congolais sur son sol », a déclaré mardi Albert Shingiro, ministre burundais des Relations extérieures et de la Coopération internationale.
Albert Shingiro a fait ces déclarations à l’occasion d’une réunion ministérielle du Mécanisme régional de suivi de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région des grands-lacs (MRS) ouverte mardi à Kampala en prélude au 12ème sommet des chefs d’Etat prévu ce mercredi.
A cette occasion, le ministre burundais a appelé la communauté internationale à venir en aide au Burundi afin que ce pays puisse supporter cet afflux massif et rapide des réfugiés congolais.
« L’afflux des réfugiés n’étant pas une affaire d’un seul Etat. Le Burundi souhaite saisir cette occasion pour lancer un appel vibrant à la communauté internationale pour appuyer le Burundi dans l’accueil et l’entretien de ces réfugiés dans des conditions humaines ainsi que le soutien aux communautés d’accueil », a également déclaré le ministre Albert Shingiro.
En mars dernier, l’ONU estimait l’effectif des réfugiés congolais accueillis au Burundi depuis janvier à « près de 70 000 personnes – principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées ». Il s’agit, a déclaré l’ONU, « du plus grand afflux de réfugiés qu’ait connu le Burundi depuis des décennies ».
Selon le ministre burundais des Relations extérieures et de la Coopération internationale, cet afflux massif est consécutif à l’avancée du M23 et ses conquêtes territoriales dans l’est de la RDC.
« Depuis le début de cette année 2025, la conquête et l’occupation des territoires congolais à l’Est par le M23, la prise de l’Aéroport de Goma et de Bukavu, la destruction des infrastructures ainsi que l’instauration d’une administration parallèle ont occasionné des conséquences désastreuses du point de vue sécuritaire, humanitaire et des droits humains », a déclaré le ministre.
Le M23 a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc), appuyées par les Casques bleus de la Monusco.
Ce mouvement rebelle a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, "la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda". "La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)", avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.