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Burundi/Ouverture d’une enquête par la CPI: «Illégale» pour Bujumbura

Esma Ben Said  | 10.11.2017 - Mıse À Jour : 12.11.2017
Burundi/Ouverture d’une enquête par la CPI: «Illégale» pour Bujumbura Pierre Nkurunziza

Burundi

AA/Bujumbura/Yvan Rukundo

La décision de la Cour pénale internationale (CPI) autorisant au Procureur d’ouvrir une enquête sur «les crimes contre l’humanité» perpétrées au Burundi est jugée «illégale par Bujumbura», alors même qu'elle a été vivement saluée par l'opposition, selon des propos recueillis vendredi par Anadolu.

Jeudi, la Cour pénale internationale a déclaré avoir autorisé le Procureur «à ouvrir une enquête sur des crimes relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis au Burundi ou par des ressortissants burundais à l'extérieur de leur pays depuis le 26 avril 2015 et jusqu'au 26 octobre 2017». Cette décision publiée jeudi, a été prise le 25 octobre deux jours avant le retrait effectif du Burundi de la Cour.

«La CPI, corrompue, vient de se tirer encore une balle dans le pied. La tricherie saute aux yeux. Sans doute que le Burundi sortira vainqueur de cette bataille, c’est la dernière carte de l’Occident» a déclaré via twitter, Willy Nyamitwe, Conseiller en communication du président Pierre Nkurunziza.

Pour François Xavier Ndaruzaniye, président de la Ligue Izere, membre de la société civile pro-Bujumbura, « les juges de la CPI sont corrompus jusqu'à la moelle épinière ».

«Le Burundi n'est plus d'ores et déjà concerné par cet instrument coercitif de l'Occident. Nous allons nous y opposer à l'instar des USA qui ont refusé des pseudo-enquêtes sur les soldats américains en Afghanistan », a-t-il soutenu.

Les avocats des victimes des crimes contre l’humanité ont salué, quant à eux, la décision de la Cour et se sont engagés à collaborer avec elle. «A dater de ce jour, qui doit être marqué d’une croix blanche pour tous ceux qui aspirent à la justice, le Collectif et tous ses membres soutenus par des milliers de Burundais vont collaborer activement à la tenue des enquêtes au sein de la CPI», a déclaré dans un communiqué diffusé jeudi soir Maitre Bernard Maingain (avocat au barreau de Bruxelles), au nom du collectif des avocats des victimes dont il est membre.

Pour Maitre Armel Niyongere, autre membre du collectif des avocats des victimes, c’est le début de la construction du mémorial de justice au Burundi. «Ceux qui pensent que les morts sont morts pour rien se trompent lourdement; le mémorial de la justice est en construction, les morts seront la pierre d'angle de cette cathédrale. Vive la justice» ; a-t-il déclaré sur twitter.

Il y a un peu plus d’une année, le Burundi signifiait à l’ONU son retrait de la CPI. Bujumbura a pris cette décision quelques jours après le vote, par le Conseil des droits de l’Homme de l'ONU, d’une résolution qui prévoit l’envoi, à ujumbura, d’une commission internationale d’enquête sur les cas de violation des droits de l’Homme.

Cette résolution était elle-même consécutive à la publication par des experts indépendants des Nations Unies d'un rapport accablant pour Bujumbura.

A la suite de ce rapport, Bujumbura a déclaré "persona non grata" les trois experts indépendants qui avaient rédigé ce rapport et suspendu sa coopération avec l’Office du Haut commissariat des droits de l’Homme a Bujumbura, l’accusant de complicité dans l'élaboration du rapport d’enquête controversé.

A noter, le retrait du Burundi de la CPI n'est en aucun cas un frein aux poursuites, selon les statuts de la CPI.

Le Burundi a plongé dans une grave crise, émaillée de violences, depuis le dépôt, en avril 2015, de la candidature du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat qu'il a obtenu en juillet de la même année, en violation de la Constitution et de l'accord d'Arusha qui a mis fin à la guerre civile de 1993-2006, selon l'opposition, la Société civile et une partie de son propre camp.

Ces violences ont fait depuis un an plus d’un millier de morts et poussé plus de 400.000 personnes à quitter le pays, selon le dernier rapport du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR, octobre 2017).

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