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Burundi: Le parlement approuve le retrait de la CPI

- Le Burundi a pris la décision de quitter la CPI quelques jours après le vote d'une résolution onusienne qui prévoit l’envoi, dans le pays, d’une commission internationale d’enquête sur les cas de violation des droits de l’Homme.

Mohamed Hedi Abdellaoui  | 12.10.2016 - Mıse À Jour : 13.10.2016
Burundi: Le parlement approuve le retrait de la CPI

Bujumbura

AA/ Bujumbura/ Nzosaba Jean Bosco

Le projet de loi sur le retrait du Burundi de la Cour pénale internationale (CPI) a été adopté, mercredi, à l’Assemblée nationale, a rapporté un correspondant d’Anadolu.

Au terme de 3 heures d’échanges, 94 députés, sur les 110 présents, ont adopté ce projet de loi, avec deux votes contre et 14 abstentions.

L’Assemblée nationale avait invité la ministre de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana, à présenter préalablement l’exposé des motifs.

«Le Burundi a constaté que la CPI est un instrument de pression et de déstabilisation des pays en développement(…). Il n’est un secret pour personne que l’ouverture d’enquête sur certains dirigeants se fait sous influence des puissances occidentales », a déclaré la ministre burundaise de la Justice devant les députés.

Dans le souci d’un large suivi, la séance était ouverte au public et les débats ont été diffusés en direct sur les ondes de la radio nationale, Rtnb. Pour certains députés, le Burundi doit quitter la CPI, "sans délai".

«Il est temps de quitter la CPI qui s’est montrée incapable de s’attaquer à ceux qui ont voulu renverser les institutions démocratiquement élues, à travers une tentative de coup d’Etat», a déclaré à Anadolu le député Gélase Ndabirabe, élu de la circonscription de Kayanza (100 km au Nord de la capitale Bujumbura).

Certains y voient, de leur côté, une hostilité envers le parti au pouvoir. «Depuis 2005, date à la quelle le CNDD-FDD, Conseil national de défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie, a accédé au pouvoir, nous comptons 18 résolution de l’ONU sur le Burundi ; mais depuis l’indépendance en 1962, il n’y a eu que 2 résolutions alors que de graves crimes avaient été commis durant cette période dans ce pays », a déclaré le député Zénon Ndaruvukanye, élu dans la circonscription de Bujumbura rural.

«Il faut que le Burundi quitte la CPI pour servir de modèle aux autres pays en matière de droit », renchérit le député Adolphe Banyikwa, un autre élu de Bujumbura rural.

Quelques rares voix discordantes, se sont tout de même fait entendre. «Quitter le statut de Rome est une erreur politique et diplomatique, car il représente une garantie de protection des droits de l’Homme surtout dans les pays africains comme le Burundi », a nuancé le député André Ndayizamba, élu dans la circonscription de Bururi, (70 km de Bujumbura vers le Sud du pays).

« Ce désengagement de la CPI est une question politique, ne faut-il pas rester membre et trouver plutôt des réponses politiques aux questions qui se posent aujourd’hui au Burundi ? » s’est interrogé un autre député.

Pour la législature 2015-2020, l’Assemblée nationale du Burundi est composée par 121 députés (contre 106 en 2010), dont 86 CNDD-FDD (contre 81 en 2010), 30 pour la coalition de l’opposition Amizero y’Abarundi (les Indépendants de l’espoir), 2 de l’aile officielle du parti Union pour le progrès national-Uprona (contre 17 en 2010), et 3 membres de l’ethnie des Twa (pygmées, ethnie ultra minoritaire).

Le Burundi a pris la décision de quitter la CPI quelques jours après le vote, par le Conseil onusien des droits de l’Homme de l'ONU, d’une résolution qui prévoit l’envoi, à Bujumburai, d’une commission internationale d’enquête sur les cas de violation des droits de l’Homme.

Cette résolution était consécutive au rapport d’experts indépendants des Nations Unies pour les droits de l’Homme. Du coup, Bujumbura a déclaré "persona non grata" les trois experts indépendants qui avaient rédigé ce rapport et suspendu sa coopération avec l’Office du Haut commissariat des droits de l’Homme a Bujumbura, l’accusant de complicité dans l'élaboration du rapport d’enquête controversé.

Le Burundi a plongé dans une grave crise, émaillée de violences, depuis le dépôt de la candidature du président Pierre Nkurunziza en avril 2015 pour un troisième mandat qu'il a obtenu en juillet de la même année, en violation de la Constitution et de l'accord d'Arusha qui a mis fin à la guerre civile de 1993-2006, selon l'opposition, la Société civile et une partie de son propre camp.

Ces violences ont fait depuis un an plus de 700 morts et poussé plus de 310.000 personnes à quitter le pays, selon le dernier rapport du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR, septembre 2016).

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