Afrique

Burundi : Le Parc national de la Ruvubu, une autre victime de la crise

- Les éco-gardes demeurent insuffisants et non équipés pour faire face aux braconniers qui, quelquefois, sont armés

Esma Ben Said  | 13.11.2017 - Mıse À Jour : 13.11.2017
Burundi : Le Parc national de la Ruvubu, une autre victime de la crise

Burundi

AA/Bujumbura/Yvan Rukundo

Surnommé ‘’Paradis ornithologique’’ avec plus de 44 espèces de mammifères et 425 espèces d’oiseaux et 14 espèces de poisson, le Parc national de la Ruvubu et sa biodiversité ne sont pas à l’abri des conséquences de la crise politique liée au troisième mandat de Pierre Nkurunziza.

Cette crise a laissé le champ presque libre aux braconniers, aux pyromanes dans cette plus grande aire protégée du pays de 50.800 hectares, s’étendant sur quatre provinces : Karusi (dans le centre du pays) ; Muyinga et Cankuzo (dans nord) et Ruyigi dans l’est.

Depuis 2015, une trentaine de buffles ont été déjà tués, selon un bilan fourni par Evariste Buvyiruke, chargé de la surveillance.

«C'est la conséquence du manque de moyens pour renforcer la surveillance. Les éco-gardes demeurent insuffisants et non équipés pour faire face aux braconniers qui sont, quelquefois, armés», explique-t-il, notant que suite à la crise, les recettes ont sensiblement diminué, bloquant ainsi tout projet de recrutement de nouveaux gardiens.

A titre d'illustration, il fait savoir qu’en 2016, seulement 361 dollars sont entrés dans la caisse, alors qu’en 2014, on a encaissé plus de 2794 dollars.

Le Parc abrite autour de 117 têtes de buffles, selon un dénombrement effectué en 2016.

Le responsable regrette que les hippopotames et les crocodiles du Nil (crocodilus niloticus) de la rivière Ruvubu traversant cette aire soient également les cibles des braconniers et des riverains à la recherche du gibier.

«Un phénomène qui s’est accentué avec la crise», affirme-t-il, précisant qu'à un certain moment, les éco-gardes ont eu peur de mettre leur vies en danger en faisant leur travail.

«En effet, explique-t-il, des informations, faisant état d’une présence d’un groupe rebelle ou d’hommes armés, ont circulé dans les sillages de cette aire protégée».

Il précise, par ailleurs, que pour plus de 50 mille hectares, le nombre des éco-gardes se limite à trente hommes.

Entouré par la rivière Ruvubu, de hauts massifs montagneux dessinant un paysage varié de longues chaînes de montagnes et combinant divers types forestiers, des marais et des forêts claires, ce parc abrite également des antilopes harnachées, des phacochères, des panthères, des singes, des chacals, des oiseaux, etc.

Vivant encore principalement de la cueillette et de la chasse, les populations autochtones (connus sous le nom de Batwa au Burundi), riverains, s’introduisent dans cette aire à la recherche de gibiers : «Les cibles sont les antilopes et les oiseaux», ajoute M. Buvyiruke, précisant que cela entraîne le déplacement de certaines espèces d’oiseaux vers la Tanzanie ou vers le Rwanda pour se mettre à l’abri.

D’une altitude variable entre 1350 et 1836 mètres, et suite à l’insuffisance du personnel de surveillance, cette savane est menacée par les feux de brousse qui se sont multipliés, constituant un danger supplémentaire.

«Plus de 60 % de cette étendue sont déjà ravagés par le feu durant les mois de juin et juillet», confie le chargé de la surveillance, notant que cela fait que certaines espèces végétales ne repoussent pas.

Or, confie-t-il, il est tellement difficile de planter d’autres espèces d’arbres dans une savane.

Dommage que cette richesse soit ainsi détruite !

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