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Burundi: l’unité des femmes ébranlée par la crise politique

-Habituellement unies autour de causes communes comme la lutte contre les discriminations basées sur le genre et autres lois matrimoniales, les femmes burundaises se retrouvent, pour une fois divisées, face au 3eme mandat de Pierre Nkurunziza.

Nadia Chahed  | 02.03.2017 - Mıse À Jour : 03.03.2017
Burundi: l’unité des femmes ébranlée par la crise politique

Bujumbura

AA/Bujumbura/Jean Bosco

Habituellement unies autour de causes communes comme la lutte contre les discriminations basées sur le genre et autres lois matrimoniales, les femmes burundaises se retrouvent, pour une fois divisées, face au 3eme mandat de Pierre Nkurunziza.

Si les unes défendent, becs et angles, le régime, les autres l'accusent de violations flagrantes des droits de l’Homme.

Le Forum burundais des femmes (FNF, association proche du pouvoir), a organisé, tout récemment, des marche-manifestations dans toutes les provinces, dénonçant la participation d'opposants "putshistes" aux pourparlers d'Arusha (16-20 février dernier).

«Le FNF a été surpris d’apprendre que lors des dernières assises d’Arusha, des politiciens mal intentionnés ont osé demander l’immunité pour des putschistes qui ont failli renverser les institutions démocratiquement élues en mai 2015», a déclaré Menedore Nibaruta, vice-présidente du FNF, dans un communiqué publié le 24 février.

La manifestation des femmes pro-Bujumbura a été encadrée par la police, du début a la fin. Ce qui n'a pas manqué d'interpeller certains militants des droits de l’homme. «Toute manifestation organisée pour dénoncer l’opposition est la bienvenue au Burundi, la police se mobilise pour sécuriser les manifestants, mais gare a ceux qui oseraient marcher pour dénoncer la violation des droits humains dans le pays », relève dans une déclaration à Anadolu, Anschaire Nikoyagize, président de la Ligue des droits de l’homme, Iteka (dignité).

Ces femmes qui ont pris fait et cause pour le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza veulent faire entendre leur voix jusqu’aux assises d’Arusha qui abrite le dialogue inter-burundais. «Nous voulons être invitées pour dire ce que nous pensons et être entendues car nous, les femmes représentons 52% de la population», a déclaré à Anadolu, Anatolie Nihazi, membre du FNF dans la commune de Giheta ( Centre).

Ce front des femmes acquises a la cause du président Pierre Nkurunziza fait face a un autre bloc de femmes déterminées à dénoncer les "dérapages" du pouvoir en matière de droits de l’homme: le Mouvement des Femmes et des Filles pour la Paix et la Sécurité au Burundi (MFFPS).

Né au plus fort de la vague de contestations anti-3eme mandat de Pierre Nkurunziza en 2015, ce mouvement rassemble l’opposition féminine burundaise: journalistes, militantes des droits de l’homme, femmes d’affaires...

plusieurs de ses membres vivent en exil, notamment sa présidente, Marie Louise Baricako, militante des droits de l’homme et la journaliste Anne Niyuhire, ex-directrice de la Radio Isanganiro (fermée en mai 2015).

En février 2017, ce mouvement s’est officiellement transformé en une organisation régionale de lutte contre les violations des droits de l’Homme au Burundi. «En tant que femmes et mères, nous ne pouvons pas rester silencieuses et regarder indifféremment comment nos frères et sœurs continuent a être tués, mutilés, torturés, violées, harcelés, forcés a l’exil ou déplacés intérieurement», martèlent ces femmes dans une déclaration publiée le 24 février 2017.

«Les femmes et les filles du Burundi ont été actives à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour influencer le gouvernement et le processus de paix d’Arusha en vue de trouver une issue à la crise. Malheureusement, leurs voix n’ont pas été entendues », poursuit le texte.

Cette division entre les femmes burundaises, met momentanément en veilleuse leur combat commun contre la discrimination et autres violences basées sur le genre dont elles sont victimes.

Finies les campagnes de sensibilisation relatives à la loi sur les successions/régimes matrimoniaux qui permettrait, une fois promulguée, à la femme d’hériter autant que ses frères.

La bataille autour de l'accès équitable aux postes de responsabilité fléchit. La constitution accorde en effet un quota de 30% aux femmes pour les postes électifs. Hier encore, elles étaient nombreuses à se battre pour la parité.

« Nous sommes dans une situation de crise, battons-nous d’abord pour la paix, pour un état de droit, puis on reviendra sur ces détails qui fondent un état de droit », a déclaré a Anadolu Madame Anatolie Niyubahwe, de la ligue des droits de l’homme Iteka (dignité.).

Le Burundi a plongé dans une grave crise, émaillée de violences, depuis le dépôt de la candidature du président Pierre Nkurunziza en avril 2015 pour un troisième mandat qu'il a obtenu en juillet de la même année, en "violation de la Constitution et de l'accord d'Arusha" , selon l'opposition, la société civile et une partie de son propre camp.

Ces violences ont fait plus d'un millier de morts et poussé plus de 386 000 personnes à fuir le pays, d'après un rapport de l’Office des Nations unies pour les réfugies(UNHCR) publié début février 2017. Ce chiffre pourrait atteindre 500.000 selon l’ONU.


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