Burundi : L’ancien président Buyoya dénonce une manœuvre de « diversion»
Buyoya réagissait au mandat d’arrêt international lancé à son encontre par Bujumbura

Burundi
AA / Bujumbura / Jean Bosco
L’ancien président burundais, Pierre Buyoya, a accusé le gouvernement burundais de «manœuvre de diversion visant à faire oublier les nombreuses questions douloureuses non résolues».
Buyoya s’exprimait dans communiqué de presse publié dimanche, au lendemain de l’annonce d’un mandat d’arrêt international lancé
à son encontre par Bujumbura.
Vendredi, le Procureur général de la République du Burundi, Sylvestre Nyandwi a déclaré aux médias locaux que 17 personnalités civiles et militaires, dont Pierre Buyoya, étaient visés par des mandats d’arrêts internationaux dans le cadre de la réouverture d’une enquête sur l’assassinat de l’ex-président burundais Melchior Ndadaye en octobre 1993.
Il s’agit, selon Pierre Buyoya, d’une manipulation politique.
«Tout laisse à penser qu'il s'agit d'une simple manipulation politique et d’une nouvelle manœuvre de diversion visant à faire oublier les questions douloureuses non résolues depuis que les autorités nationales ont choisi de tourner le dos à l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi», a déclaré Pierre Buyoya.
« La réouverture de ce dossier par le gouvernement, treize ans après son installation au pouvoir, ne peut que soulever de nombreuses interrogations », a-t-il ajouté.
L’ancien président burundais devenu aujourd’hui Haut Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, craint une instrumentalisation de la justice. « La justice risque, une fois de plus, d'être instrumentalisée au risque de ramener le pays dans les haines ethniques».
« Il serait difficile d'imaginer que le régime soit à même de mener une procédure judiciaire avec un minimum de garanties et de crédibilité», a-t-il conclu.
Pierre Buyoya a dirigé le pays de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003,chaque fois suite à un putsch militaire.
Samedi, l'Union africaine a appelé le gouvernement burundais à éviter toute mesure de nature à nuire à la recherche d'un consensus sur la
crise actuelle. Les autorités de Bujumbura n'ont pas réagi.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exprimé dans une déclaration, samedi, sa profonde préoccupation face à « l’impasse persistante » du dialogue inclusif au Burundi.
Il a appelé tous les acteurs burundais à «faire preuve d’esprit de compromis dicté par la situation actuelle».
Premier président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye avait été tué dans un camp militaire au sud de Bujumbura le 21 octobre 1993, soit trois mois après son élection. Son assassinat avait été suivi par une décennie de guerre civile. Des pourparlers de paix ont abouti à la signature de l’accord d’Arusha en août 2000.
Fin avril 2015, le Burundi a replongé dans une nouvelle crise politique et sécuritaire suite à la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un 3ème mandat jugé illégal.