Burundi/Crimes contre l'humanité: Les pro-Nkurunziza manifestent contre le rapport de l'ONU
- Le 4 septembre dernier, des experts onusiens ont appelé la CPI à engager d'urgence des enquêtes sur "les crimes contre l'humanité" dans ce pays.

Bujumbura
AA/Bujumbura/Yvan Rukundo
Des milliers de burundais "pro-Nkurunziza", ont manifesté samedi à Bujumbura, contre un récent rapport établi par des experts onusiens, qui accuse de hauts dirigeants burundais, de crimes contre l'humanité, depuis le début des contestations anti-régime (avril 2015), a rapporté le correspondant de Anadolu.
Le 4 septembre dernier, la Commission d'enquête indépendante (CEI) de l'ONU sur le Burundi avait déclaré, devant la presse, avoir «des motifs raisonnables» de conclure que des "responsables au plus niveau de l'Etat" ont perpétré des crimes contre l'humanité et a demandé, en ce sens, l'ouverture d'une procédure par la Cour Pénale Internationale (CPI).
La Commission évoque dans son rapport "des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture", visant essentiellement des opposants au régime de Bujumbura.
Emboitant le pas aux milliers de burundaises "pro-Nkurunziza", qui avaient manifesté samedi dernier, des jeunes, des femmes et hommes, sympathisants et partisans du parti au pouvoir, Cndd-Fdd, venus des quatre coins du pays, se sont retrouvés samedi matin sur le pont de Ntahangwa, à Bujumbura, pour protester contre ces accusations.
Scandant des slogans anti-onusiens et anti-occident, les manifestants ont qualifié de "menteurs" les trois experts onusiens.
"On ne lâchera pas le pays, on ne cédera pas au chantage et on ne se laissera pas intimidé par qui que ce soit", ont lancé les manifestants avant de se diriger vers le centre-ville.
"Ce rapport prouve encore une fois l'acharnement de l'Occident et de l'ONU contre le régime de Bujumbura", a déclaré, face aux manifestants, Évariste Ndayishimiye, le secrétaire général du parti CNDD-FDD.
"Ils ont incriminé tous les leaders du parti CNDD-FDD par rapport aux crimes commis durant cette crise alors que les criminels sont connus. Ce sont les auteurs du coup d'État manqué et qui sont malheureusement sous protection de cette organisation et des pays comme la Belgique et le Rwanda", a-t-il martelé.
Et d ajouter:" ce rapport ne vise qu'à diviser et saboter le processus de réconciliation des Burundais''.
Le 27 octobre 2016, le Burundi, avait notifié les Nations-Unies, de sa décision de se retirer de la CPI. Ce retrait ne devient, toutefois, effectif qu'un an après. La CPI dispose donc d'un délai jusqu'au 27 octobre prochain pour ouvrir une enquête de son propre chef.
Au delà de cette date, seul le Conseil de sécurité de l'ONU pourra faire appel à l'institution internationale.
Depuis plus de deux ans, le Burundi traverse une crise politico-sécuritaire, déclenchée par la décision, en avril 2015, du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, contesté par l'opposition et la société civile.
Les violences ont déjà fait entre 500 et 2.000 morts, selon des sources concordantes (ONU et ONG). Ils ont également poussé plus de 400 mille à fuir le pays selon un récent rapport du HCR.
Le rapport de la commission onusienne sera présenté les 18 et 19 septembre devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève.