"2015 se termine dans la paix, 2016 commence dans la joie"
Alors que les assassinats politiques se poursuivent et que des fosses communes ont été découvertes récemment.

Bujumbura
AA/ Bujumbura/ Nzosaba Jean Bosco
Le président burundais Pierre Nkurunziza a estimé que l’année 2015 s'est achevé dans "la paix, la joie et la tranquillité", alors même que les assassinats politiques se sont poursuivis et que des fosses communes ont été découvertes ces derniers jours.
"On clôture l’année 2015 dans la paix, la sécurité et beaucoup d’allégresse", s’est réjoui le chef de l’Etat burundais, dans son message de vœux à la Nation, diffusé sur les ondes de la radio et télévision nationale, jeudi soir.
Dans son discours, le président burundais n’a pas fait référence à la "Maprobu" la mission de protection que l’Union africaine aimerait déployer, à travers 5 mille hommes, dans le pays, mais qu’il avait menacée, mercredi, de "combattre", estimant que son déploiement serait une attaque à sa souveraineté.
Nkurunziza ne s’est pas exprimé, non plus, au sujet du dialogue inter-burundais de Kampala (Ouganda) qui devrait se poursuivre, le 6 janvier, à Arusha en Tanzanie.
Le chef de l’Etat s’est, en revanche, réjouit que les élections de 2015 aient été "paisibles, libres, transparentes et démocratiques", et ce, malgré la contestation quotidienne depuis avril dernier, de l’opposition et de la société civile, liée à son troisième mandat.
"Cette année 2016 commence même dans la joie", a martelé Pierre Nkurunziza alors qu’au même moment des tirs à la mitrailleuse se faisaient entendre dans les quartiers de Cibitoke et Mutakura, au nord de Bujumbura, selon des habitants joints par Anadolu.
En louant l’action des forces de sécurité, Nkurunziza a dressé un bilan de la situation. "Plus de 6 000 criminels ont déjà arrêtés et 120 groupes de tueurs démantelés", a-t-il affirmé.
Pour le président burundais, la paix et la sécurité règnent dans tout le pays sauf "quelques irréductibles". C’est pourquoi, "l’administration et la population sont appelées à la vigilance", a-t-il ajouté.
Nkurunziza a achevé son discours en graciant "tous les prisonniers déjà jugés", sauf "les auteurs de viols, les insurgés, les détenteurs d’armes et les auteurs de la tentative de coup d’état" (en mai dernier).
Pour la population, ce discours "contraste avec la situation dramatique du pays".
"Chaque jour, des gens sont assassinés, pas moins de trois fosses communes ont été récemment découvertes, tandis que le président continue sa mascarade", a commenté un habitant de Bujumbura, qui s'est dit "amer et véritablement en colère face à autant d'hypocrisie".
Le Burundi a plongé dans la violence depuis l'annonce, fin avril, de la candidature de Nkurunziza à un 3e mandat qui, selon l'opposition, la société civile et jusqu'à une partie de son propre camp, viole la Constitution et l'Accord d'Arusha ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006).
Les violences, les assassinats ciblés, les attaques contre la police et les exécutions sommaires ont fait plusieurs centaines de morts et plus de 200 mille déplacés, selon l'ONU.
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