Afrique

Burkina Faso : une vidéo à l’origine de l’expulsion de journalistes françaises

- Le gouvernement burkinabè "condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l’image du pays des Hommes Intègres"

Dramane Traore  | 04.04.2023 - Mıse À Jour : 04.04.2023
Burkina Faso : une vidéo à l’origine de l’expulsion de journalistes françaises

Burkina Faso

AA / Ouagadougou / Dramane Traoré

Un article du journal français "Libération" produit sur la base d’"une vidéo d’enfants exécutés tournée dans un camp militaire" au Burkina Faso suscite une vive polémique, ayant conduit le weekend dernier, à l’expulsion de deux journalistes françaises du Burkina Faso.

Dans un article publié le 27 mars dernier, sur son site, le journal français "Libération" avait indiqué avoir reconstitué les circonstances dans lesquelles a été filmée une vidéo reçue le 14 février 2023, "montrant des enfants et des adolescents assassinés à Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso".

Le gouvernement burkinabè avait très vite réagit affirmant avoir "découvert avec sidération un article à charge intitulé « Au Burkina Faso, une vidéo d’enfants exécutés tournée dans un camp militaire", publié le 27 mars 2023 sur le site internet du journal français Libération.

Le porte-parole du gouvernement burkinabè Jean Emmanuel Ouédraogo avait expliqué dans un communiqué que cet article émet des "accusations extrêmement graves contre les Forces de Défense et de Sécurité burkinabè".

"Sur la base d’interprétations orientées, de raisonnements approximatifs et de simulations douteuses, des journalistes de ce média accusent des militaires Burkinabè de s’en être pris à des enfants dans une caserne militaire", avait-il expliqué ajoutant que le minimum de prudence aurait recommandé au journal de nuancer ses affirmations "dans la mesure où certains groupes terroristes, dans un esprit de perfidie, utilisent l’uniforme des Forces Armées Nationales pour attaquer les populations civiles".

Le gouvernement burkinabè "condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l’image du pays des Hommes intègres" et "regrette qu’un média d’une telle renommée puisse ainsi se laisser manipuler à des fins politiques et géopolitiques au détriment des principes élémentaires du noble métier de journaliste", a soutenu Ouédraogo.

Samedi 1er avril, Sophie Douce correspondante du journal Le Monde Afrique et Agnès Faivre de Libération ont reçu l'ordre des autorités burkinabè de quitter la capitale Ouagadougou dans les 24 heures.

Les deux journalistes ont été notifiées verbalement par des agents de la direction de la sûreté de l’Etat burkinabè, que leur accréditation qui permet d’exercer le métier de journaliste dans le pays est retirée.

Dimanche, les journaux français, Le Monde et Libération, employeurs des deux journalistes ont dénoncé, dans des publications, l'expulsion de leurs correspondantes du Burkina Faso, tout en affirmant que cette situation témoigne de "la confirmation que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée".

Revenant sur le sujet, jeudi dernier lors d’un point de presse, le porte-parole du gouvernement burkinabè Jean Emmanuel Ouédraogo a réitéré l'attachement du gouvernement de la Transition à la liberté d'expression et d'opinion chèrement acquise au Burkina Faso avant de souligner que "nous n'accepterons pas qu'un média fasse ce que nous considérons comme étant de l'apologie du terrorisme".

"Il n'y a pas de position médiane dans cette guerre qui est engagée. Aujourd'hui, il s'agit de soutenir l'offensive de reconquête du territoire", a-t-il dit.

- Les USA demandent une enquête sur cet incident

Lundi, la France a "vivement" regretté l’expulsion des deux journalistes, qui intervient quelques jours après la décision de suspendre la diffusion des programmes de France 24.

"La France réaffirme son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse et de la protection des journalistes partout dans le monde", selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères de la France.

Dans la même logique, sur son compte twitter, le gouvernement des États-Unis a "condamné fermement la violence épouvantable apparaissant sur une vidéo qui aurait été filmée au Burkina Faso, largement décrite dans les médias".

"Nous appelons les autorités de transition burkinabè à enquêter sur cet incident en utilisant tout le poids du système judiciaire du pays. Les responsables de toute violation ou abus des droits de la personne doivent être pleinement tenus pour responsables", ont-ils écrit.

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