Burkina Faso : un leader de la société civile arrêté vendredi et placé en garde à vue
-Après avoir critiqué la gestion de la situation sécuritaire lors d'un point de presse la veille

Burkina Faso
AA / Ouagadougou / Dramane Traoré
Pascal Zaïda, un activiste de la Société civile burkinabé, a été arrêté vendredi, puis placé en garde à vue par les services de la police judiciaire du Burkina Faso, après avoir "fustigé" jeudi, lors d’un point de presse la gestion de la situation sécuritaire du pays, a-t-on appris de sources concordantes.
Le coordonnateur du cadre d'expression démocratique (CED) est accusé de "tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat, d'incitation à une rébellion et déclarationssubversives".
"Ce n’est pas un pays policier. On (la police) est allé le chercher, le traîner, devant sa cour sans une convocation. Qui leur a donné ce droit ?", a déclaré vendredi soir à la presse, le chef de file de l’opposition Eddie Komboïgo.
"Le Burkina Faso est un pays démocratique. Les libertés d’opinion sont données à tout un chacun par notre Constitution. Donner son opinion ne veut pas dire appeler à une insurrection. D’ailleurs, eux-mêmes sont venus comment ? C’est pas une insurrection non?", a ajouté le chef de l’opposition.
S’exprimant jeudi, lors d’un point de presse, avec d’autres leaders de la société civile, sur la situation sécuritaire du Burkina Faso, marquée par des attaques terroristes depuis 2015, Zaïda avait déclaré que "le pouvoir a honteusement démissionné de son devoir d’assurer aux citoyens le minimum de sécurité et de veille sur l’intégrité du territoire".
Il avait ajouté que "les conditions objectives de bouillonnements sociaux sont réunies et qu’aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour faire tomber le pouvoir".
Pascal Zaïda a été arrêté vendredi matin à son domicile, selon une alerte qu’il avait lui-même lancée sur sa page Facebook. Son arrestation a été confirmée par son entourage qui a soutenu qu’il est accusé de "tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat, d'incitation à une rébellion et déclarations subversives".
Fin juillet, des responsables de l'Union pour la Libération du Burkina Faso (ULBF) avaient été arrêtés, et entendus, par les services de sécurité, après leur conférence de presse, au cours de laquelle ils avaient annoncé qu'ils projetaient de recruter 25 000 combattants avec un salaire de 50 000 Franc CFA (90,57 USD) par personne pour lutter contre le terrorisme.
Lundi dernier, suite à une publication sur les réseaux sociaux qualifiée "d'une gravité susceptible de mettre à mal la sûreté de l'État", les services de sécurité avait procédé, à l'interpellation de l’internaute Zakaria Sana de Kaya aux fins d'audition pour une meilleure compréhension de ses intentions. Il avait ensuite été relâché.
Depuis 2015, le Burkina Faso est la cible d'attaques terroristes qui ont fait de nombreuses victimes et des milliers de déplacés internes.
Plus de 17 500 citoyens burkinabé ont fui vers les pays voisins, depuis janvier 2021, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).