Burkina Faso: Le procès du coup d’état manqué renvoyé à une date ultérieure
-Le procès du putsch manqué de septembre 2015 ouvert mardi a été renvoyé à une date ultérieure. La cause, le retrait des avocats de la défense qui récusent la composition du jury.

Burkina Faso
AA/Wendyam Valentin Compaoré
Le procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, ouvert mardi, a été renvoyé à une date ultérieure en raison du retrait des avocats de la défense qui récusent la composition du jury, a appris Anadolu de source judiciaire.
Ils étaient 84 accusés burkinabé dont les deux généraux Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé à avoir comparu mardi à Ouagadougou devant le tribunal militaire.
Mais dès l’entame du procès, le conseil des accusés a récusé la légalité de la chambre de jugement. Pour les avocats de la défense, cette juridiction a été supprimée en juillet 2017 après une modification de la loi portant organisation du tribunal militaire.
La composition des membres de la chambre a également été récusée par la défense. Selon la loi, les trois magistrats assesseurs devant composer avec les deux magistrats professionnels doivent être des militaires de grades supérieurs au plus gradé des accusés, deux d'entre eux étant des généraux de l’armée.
Pourtant, seul un des cinq généraux remplissant ces conditions a été retenu, les quatre autres ayant été récusés soit par la défense soit par l’accusation.
“Le décret portant renouvellement des membres de la chambre devait être publié dans un délai de huit jours francs pour qu’effectivement le texte qui entérinait cette juridiction puisse être valide. Il a été publié le 22 février 2018, du 22 février à aujourd’hui, cela ne couvre pas les 8 jours donc cette juridiction ne peut normalement pas siéger’’, explique Me Michel Traoré, un des avocats de la défense cité par des médias locaux.
Suspendu à plusieurs reprises, le procès a donc été renvoyé à une date ultérieure car la défense, qui juge ce tribunal “illégale”, a quitté la salle.
Pour rappel, les accusés sont poursuivis pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dégradation de biens appartenant à autrui, trahison, incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline, violence et voies de fait sur autrui, ou de complicité de ces infractions.
Sur les 84 inculpés, 8 seront jugés par contumace et font déjà l’objet de mandats d’arrêts internationaux.
Plusieurs hauts responsables de l’armée sont appelés à comparaître comme témoins sur les 45 cités. Aussi, l’actuel président Roch Marc Christian Kaboré, l’ancien président de transition Michel Kafando ainsi que le Mogho Naaba Baongo, empereur des Mossé, sont cités comme témoins.
Le 16 septembre 2015, au Burkina Faso, un putsch militaire installe au pouvoir le général Diendéré, ancien chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré. Il n’y restera que quelques jours.
Le 23 Septembre 2015, sous la houlette de la communauté internationale et d'une médiation de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) , les institutions de la transition ont été rétablies.
Le 25 septembre 2015, le RSP (régiment de sécurité présidentiel) est dissout et Gilbert Diendéré, considéré comme le cerveau de ce coup d’état manqué contre la transition alors dirigée par Michel Kafando, est arrêté.
Depuis il est incarcéré à la maison d’arrêt et de correction de l’armée.
Le coup d’Etat de septembre 2015 au Burkina, qualifié de « Coup d’Etat le plus bête du monde », avait fait 14 morts et 251 blessés, d'après un bilan officiel.