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Burkina Faso : inauguration d’une Université portant le nom de Thomas Sankara

- L’infrastructure, dont la capacité d’accueil s’élève à 27 mille étudiants a coûté plus de 30 milliards de FCFA (53 millions de dollars).

Lassaad Ben Ahmed  | 15.10.2020 - Mıse À Jour : 15.10.2020
Burkina Faso : inauguration d’une Université portant le nom de Thomas Sankara

Burkina Faso
AA / Ouagadougou / Dramane Traoré

Le Premier ministre du Burkina Faso Christophe Marie Joseph Dabiré a inauguré, jeudi à une dizaine de kilomètres à l’est de Ouagadougou, une université portant le nom de Thomas Sankara, à l’occasion du 33è anniversaire de son assassinat dans un coup d’Etat le 15 octobre 1987.

L’infrastructure, dont la capacité d’accueil s’élève à 27 mille étudiants a coûté plus de 30 milliards de FCFA (53 millions de dollars).

"L'inauguration et le baptême ce jour 15 octobre, de l'Université Thomas Sankara, est un acte symbolique et historique. Nous rendons ainsi un hommage mérité à ce digne fils de notre pays, tombé il y a 33 ans, et dont les œuvres transcendent les frontières nationales", a déclaré Dabiré après l’inauguration.

"Je souhaite que cette université soit à la dimension de l'homme, et que les hommes et les femmes qui en sortiront, incarnent les valeurs qui lui étaient chères. Plein succès à cette université moderne et futuriste, porteuse d'espoir pour le peuple burkinabè", a-t-il ajouté.

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a, quant à lui, procédé au dépôt de gerbe de fleurs au Mémorial Thomas Sankara, construit en mars dernier à Ouagadougou dans les locaux du "Conseil de l’entente" où les évènements se sont produits il y a 33 ans.

Kaboré a qualifié Sankara "d’espoir assassiné" qui s’était inscrit dans une dynamique de développement endogène du Burkina Faso et de l’Afrique, porté par les Burkinabè et les Africains.

"Nous avons le devoir de poursuivre cette dynamique, au bénéfice de notre peuple et des générations futures", a-t-il indiqué.

Les médias audiovisuels burkinabè ont également apporté leur contribution en diffusant, chacun ,5 mn de messages de Sankara à travers tout le Burkina Faso, ainsi que la diffusion d’un film documentaire sur sa vie.

Pour Mariam Sankara, sa veuve, cette commémoration du 33è anniversaire, révèle toujours des souvenirs douloureux, rappelant que depuis quelque temp, l’opinion publique s’interroge sur l’état d'avancement de ce dossier.

"Des enquêtes ont été menées sur l’identisation des corps. Après la levée du secret défense sur ce dossier par le gouvernement français, nombre d'informations ont été traitées", a-t-elle dit souhaitant "maintenant que la justice, tant attendue depuis des années, soit enfin rendue".

Dans le même sens, le Collectif des avocats constitués aux côtés des ayants-droit du Capitaine Thomas Sankara a annoncé, ce jeudi, dans une note que "le Juge d’instruction en charge du dossier a rendu son ordonnance de renvoi devant la Chambre de Contrôle du Tribunal Militaire de Ouagadougou qui a été notifiée aux Avocats des différentes parties".

La note précise que cette ordonnance permet "d’affirmer que suffisamment d’éléments ont été réunis pour permettre la tenue prochaine d’un procès équitable en vue de la manifestation de la vérité sur les circonstances dans lesquelles se sont déroulés les événements tragiques du 15 Octobre 1987".

Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè, alors 37 ans, a été tué avec douze de ses compagnons dans un coup d'Etat qui avait porté son frère d'arme, Blaise Compaoré au pouvoir, renversé à son tour fin octobre 2014, à la faveur d’un soulèvement populaire après 27 années de règne.

En 2015, le dossier de l’assassinat de Sankara, considéré comme le "Che Guevara africain", en berne sous le règne de Compaoré, a été rouvert.

Dans la foulée, en mai 2015, en présence des membres de leurs familles et de leurs avocats, le gouvernement burkinabè procédait à l'exhumation des restes du corps du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons.

L’enquête balistique avait conclu que le corps de Sankara avait été criblé de balles avant d’être enterré à la sauvette dans un cimetière de Ouagadougou.

Sur demande la justice burkinabè, en novembre 2018, la France a transmis aux autorités burkinabè des documents déclassifiés, notamment des pièces et des auditions de personnes dans le cadre d’une commission rogatoire internationale.

Depuis mars 2016, un mandat d’arrêt a été émis contre Blaise Compaoré, principal accusé dans le dossier, qui vit en exil en Côte d’Ivoire, pays qui lui a accordé la nationalité, mais ledit mandat n’a pas été exécuté par la Côte d’Ivoire.

20 autres personnes, dont Gilbert Diendéré - qui purge une peine de 20 ans dans le cadre du procès du putsch de 2015 - sont poursuivis pour différents chefs d’inculpation, dont principalement les crimes d’attentat à la sûreté de l’Etat, d’assassinat, de faux en écriture publique, de recel de cadavres, etc… ou de complicité de ces infractions.
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