Afrique

Bujumbura, qu’as-tu fait de tes enfants ?

- Coups de balles, inondations et glissements de terrains, la capitale burundaise voit mourir ses habitants ; le mal date d'il y a longtemps, mais il s'accentue ces derniers temps.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 12.04.2017 - Mıse À Jour : 13.04.2017
Bujumbura, qu’as-tu fait de tes enfants ?

Bujumbura

AA/ Bujumbura/ Yvan Rukundo

Il y a mort d’homme à Bujumbura. Il y a des inondations et des déluges. Il y a des glissements de terrain mortels. La capitale burundaise faisais et fait peur malgré sa verdure qui fait rêver.

La ville incarne, donc, un paradoxe vivant. La vie et la mort, la beauté et la laideur, le bien et le mal se côtoient et s’apostrophent au quotidien. Les Burundais qui en font les frais sont malheureusement nombreux.

En mars dernier, des dizaines de personnes ont été tuées lors de pluies torrentielles ayant notamment provoqué des glissements de terrain ainsi que de nombreux dégâts matériels, au nord de la capitale, selon des bilans officiels. Les inondations de Gatunguru, en février 2014 au nord de la capitale, avaient également fait 70 morts, 10 mille sinistres et 3800 maisons ont été détruites, d’après la presse locale.

Etendue sur 11 mille ha, la ville abrite plus de 700 mille habitants, alors qu’en 1962, elle ne comptait que 60 mille habitants, d’après les données du ministère de l’Intérieur et de la formation patriotique. Ces gens se trouvent néanmoins exposés à divers dangers. A l’origine une nature souvent révoltée et un homme qui tue et mutile son semblable, en raison de conflits d’intérêts persistants.

Située dans le Rift Valley sur la rive Est du Lac Tanganyika et surplombée à l’Ouest par la région des Mirwa, Bujumbura voit aujourd'hui ses enfants tomber sous les coups des balles. Ces victimes contestaient le troisième mandat « anti-constitutionnel » du président Pierre Nkurunziza. Peu clémente, la capitale burundaise voit aussi ses enfants mourir emportés par les flots provoqués par des inondations à répétition.

La région enregistre, en effet, de fortes précipitations oscillant autour de 2000 mm, qui amplifient à leur tour l’érosion. Le ruissellement étant presqu’impossible parce que les collines sont dénudées et trop peuplées avec des aménagements agraires très archaïques et anarchiques.

- Entre montagnes et rivières périssent les hommes

Approché par Anadolu, le professeur de géographie à l’Université du Burundi, Jean Marie Sabushimike, rattache ce sombre tableau aux spécificités géologiques de la région. « La région des Mirwa qui surplombe Bujumbura est très vulnérable. Les montagnes surplombant les rivières occasionnent des crues irrésistibles dans des collines arpentées, où la densité démographique est de 641 hab /km2 », analyse-t-il. L’universitaire fait aussi état de la disparation d’une importante végétation la végétation naturelle au profit de diverses cultures et habitations.

Par ailleurs, les glissements de terrain sont dus à l’architecture et aux formations géologiques de la zone. « La nature des roches des Mirwa, classées généralement dans la catégorie des roches tendres en milieu tropical, chaud et humide favorise la généralisation des mouvements de terrain, des éboulements et des affaissements, etc », détaille Sabushimike.

Abondant dans ce sens, Sylvestre Ndayirukiye, également professeur de géographie à l’Université du Burundi, fait savoir que les Mirwa se trouvent dans une zone sismique. En cas de tremblements de terres, prévient-il, les quartiers de la ville de Bujumbura, dont le Kiriri, le Vugizo, le Rohero et la commune de Mukaza, entre autres, deviennent les plus vulnérables.

- Des barrages pour sauver les vies

Afin de faire face à ces catastrophes naturelles, le Géographe Bernard Sindayihebura interrogé par Anadolu préconise la construction de barrages en vue d’empêcher les crues du lac Tanganyika. Il appelle, en outre, à éviter les constructions anarchiques au bord de ce lac.

Un appel relayé par Simon Sindayihebura, secrétaire permanent au ministère de l’Environnement : « Les gens doivent respecter les 150 m recommandés par le code de l’eau ».

Reconnaissant le mauvais emplacement de la ville de Bujumbura, le responsable burundais affirme que le gouvernement essaie de faire de son mieux pour protéger la population, malgré la modestie de ses moyens. Il évoque, à ce propos, un projet de grande envergure. Il s’agit, en effet, d’un plan d’aménagement en sections à partir des Mirwa jusqu’au niveau du Lac Tanganyika.

Avec une altitude moyenne de 820 m, Bujumbura est traversée par quatre principales rivières : Ntahangwa et Muha (au centre), Kanyosha (au sud) et Nyabagere au nord. Elle est subdivisée en trois communes : Ntahangwa (au nord), Mukaza (au centre) et Muha au sud.

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