Culture et Arts, Afrique

Au tempo du « Gombri » et des « Chkacheks »...Le rite spirituel du Stambali en Tunisie

-D'origine africaine subsaharienne, le Stambali, ce rite à visée thérapeutique où se mêlent la musique, le chant et la danse, mais encore, cette cérémonie envoûtante a été organisée dans la Zawiya de Sidi Ali Hattab dans le gouvernorat de la Manouba

Hend Abdessamad  | 28.05.2022 - Mıse À Jour : 28.05.2022
Au tempo du « Gombri » et des « Chkacheks »...Le rite spirituel du Stambali en Tunisie

Tunis

AA/Manouba (Tunisie)/ Hend Abdessamad

L'odeur du "Bkhour", cet encens tunisien en grains parfumés, se fait sentir aux quatre coins de l'édifice religieux de Sidi Ali Hattab, dans la plaine de Mornaguia, situé dans le gouvernorat de la Manouba (banlieue nord-ouest de Tunis).

Une atmosphère assez spéciale certes, mais comme ils disent : Les vrais savent. Ils savaient qu'à travers cette musique, ils allaient lâcher prise, ils allaient se débarrasser de toute cette énergie négative qui pesait tant. Une attraction qui, selon eux, les a possédés des siècles durant. Ils vivaient sous l'emprise raciale d'être toujours contrôlé. À travers ce rite, les amateurs du Stambali s'expriment pour se sentir mieux dans leur peau.

"L'Aarifa", ainsi s'appelle la pièce maîtresse du spectacle, la femme qui gère l'émotion des personnes entrées en transe sous l'effet du rythme musical du "Gombri" (instrument à trois cordes) et des "Chkacheks" (une sorte de castagnettes). Sabrine, qui adapte le personnage de "Chouchena", servante, mais aussi la femme cachée du Bey, explique dans une interview accordée à l'Agence Anadolu (AA) : "le Stambali est une tradition spirituelle d'origine africaine subsaharienne, pratiquée auparavant par les ajams et les nomades, où chacun peut raconter son histoire à travers la danse, le chant et la musique (...) Nous attribuons le nom de Nouba au mini spectacle qui incarne l'histoire d'un personnage".

"Chaque acteur qui anime le Stambali a une mission, je suis l'Aarifa qui exprime corporellement les histoires de ce rite, le Yenna maîtrise le Gombri, il y a les personnes qui jouent les Chkacheks et il y a également le Kachaka", précise Sabrine.

Lotfi Kriden, le jeune homme qui doigte l'instrument à trois cordes, souligne que "la personne qui joue le Gombri s'appelle le Yenna, c'est mon rôle dans le spectacle du Stambali, qui est une musique spirituelle provenant de l'âme, pratiquée jadis par les esclaves, elle est apparue en Tunisie avant le Malouf".

"Cette musique reflète tout un pan de la souffrance des Noirs en Tunisie, racontant l'histoire du pêcheur, du forgeron, du coiffeur adaptée par l'Aarifa sous forme de chorégraphie", note le "Yenna".

"L'Aarifa" fait part à AA des différentes ethnies ayant pratiqué le rite du Stambali : "la communication spirituelle entre le Yenna et l'Aarifa permet d'identifier l'appartenance de la personne entrée en transe (...) En fait, ils existent plusieurs tribus, comme la "Bahria", les "Moulouk", les "Chwachna", les "Somran", dont les membres ont enduré les pires supplices sur fond de racisme. C'est en leur honneur et pour commémorer leur histoire que nous pratiquons ce rite".

En toute virtuosité, Lotfi joue du "Gombri", au son des Chkacheks et des chants, au milieu des femmes qui se laissent aller en dansant au rythme du Stambali, laissant exprimer librement leur corps.

"Le Stambali, aujourd'hui, s'inspire du Soufisme, avec des chants à la louange du prophète et des marabouts" déclare Lotfi.

Confirmant les paroles de Lotfi, Sabrine vêtue de sa Jebba blanche et de son châle vert précise : "toute musique comportant de la spiritualité et des chants à la louange de Dieu et des marabouts, peut avoir un lien avec le Stambali, comme le Soufisme ou encore la Hadra".

La Tunisie englobe plusieurs pratiques musicales entre rite et musique soufis, sous forme de rituels surérogatoires collectifs qui sont généralement célébrés lors de fêtes islamiques spéciales ou encore lors de rites de passage, tels que la Hadra, la Aissaouia ou encore la Soulamia.

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