Au Sénégal, les perles sont le reflet de l’élégance et le symbole de la protection
- En métal, en bois, ou encore en verre, les perles sont portées chaque jour, autour du cou, du poignet ou encore de la taille par beaucoup de Sénégalaises

Dakar
AA/Dakar/Wendyam Valentin Compaoré
Au Sénégal, les perles ont bien plus qu’un simple rôle ornementale. Symbole d’élégance, elles sont aussi un moyen d’éloigner le mauvais oeil et d’attirer la chance, selon les croyances populaires.
En métal, en bois, ou encore en verre, les perles sont portées chaque jour, autour du cou, du poignet ou encore de la taille.
Dans le marché HLM de Dakar, la capitale sénégalaise, les dizaines de vendeuses qui travaillent dans ce secteur affichent un large sourire.
« Je suis en train de fabriquer un collier à base de perles qu’une cliente m’a commandé. Les commandes ne s’arrêtent pas, il m’arrive même de pas pouvoir en honorer certaines, mais je m’organise afin d’anticiper les besoins de mes clientes », lance Awa Diop, vendeuse, rencontrée par Anadolu.
« Je travaille ici depuis onze ans et pas un jour ne passe sans qu’on me réclame des colliers ! », ajoute-t-elle tout en s’appliquant à couper une tige de laiton doré dans laquelle elle enfilera des perles.
Comme Awa, de nombreuses vendeuses de « Bin Bin » s’attellent à fabriquer des bijoux mais aussi des chaussures ou encore des bretelles à base de perles.
Ici la vente de perles pourraient presque dépasser le célèbre marché des tissus, confie Fatou Mbaye, une autre vendeuse. « Je fabrique puis vends mes articles ici. J’ai quelques femmes qui travaillent avec moi et nous parvenons toutes à gagner notre vie correctement », dit-elle avec fierté.
Une activité économique rentable
Les colliers de perles sont vendus en moyenne entre 20 et 40 dollars en fonction du modèle, de la matière utilisée et de la taille, renseigne-t-elle. « Parfois je peux vendre jusqu’à 100 dollars de bijoux en perle par jour en fonction de la saison. La majorité de mes clientes sont Sénégalaises mais j’ai aussi beaucoup de touristes qui viennent me voir. Cela fait plus de dix ans que je travaille ici et mes revenus me permettent de scolariser et de prendre en charge les soins de mes enfants », ajoute cette mère de famille dont le mari est sans emploi.
Pape Gaye, est l’un des rares hommes à vendre des perles au marché HLM. Il explique bien connaitre les besoins de ses clientes. Montrant son imposant étalage du doigt, il explique qu’il propose «des articles à base de fils dorés, fluorescents, des colliers traditionnels avec perles en argile cuite ou encore des bracelets et ceinturons de toutes les couleurs . « La gente féminine en raffolent », assure-t-il.
Ma Dieng jeune cliente sénégalaise d'une trentaine d'années, ne jure d’ailleurs que par les perles. « Je porte des perles au poignet, à la cheville et un collier au cou. En général je choisis les couleurs de mes bijoux par rapport à mes tenues », dit-elle en montrant un bracelet noir qu’elle vient d’acquérir pour 25 dollars.
Origine et utilité des perles
Ces artifices de séduction sont particulièrement ancrés dans la société sénégalaise, commente Oumou Kalsoum Bâ, une sociologue sénégalaise approchée par Andalou. « Pour la femme, le port du baya (autre appellation des « bin bin » ) permet de la mettre en valeur et de souligner sa féminité. Il est également utilisé pour maintenir les pagnes », dit-elle.
« Les perles permettent d’embellir les femmes mais pas seulement. Elles sont aussi utilisées sur les nouveaux-nés pour affiner le corps ou rallonger le cou en cassant les rondeurs des joues ou encore pour affiner la taille et le poignet des nourrissons de sexe féminin », ajoute-t-elle.
« Au delà d’être un attribut de beauté, ces perles ont également des vertus thérapeutiques. Selon certaines femmes, elles auraient même des pouvoirs mystiques », surenchérit Bandel Kane, également sociologue.
« Utilisées depuis des temps immémoriaux, les femmes et hommes qui portaient ces perles lors des cérémonies rituelles avaient alors un pouvoir magique qui leur permettaient d'entrer en contact avec le monde invisible selon certaines croyances », raconte-t-elle, précisant que cela concerne uniquement les perles en bois ».
« Lors d'un rite, ceux qui portaient des perles entraient donc en contact avec les génies, afin d'invoquer leur protection » poursuit-elle.
« Ces perles ont aussi, selon les anciens la capacité de protéger contre le mauvais œil, les mauvaises langues et même contre l'envoûtement. On dit aussi qu’elles apportent chance, réussite et célébrité », ajoute-t-elle, précisant toutefois que ces croyances tendent à disparaître chez les générations les plus jeunes.
Par croyance ou par simple envie d’élégance, les perles continueront d’orner les cous des Sénégalaises, célèbrent à travers le continent pour leur élégance.