Afrique

Au Sénégal, la marraine a le droit à son propre mouton !

-Tout homme qui se marie choisit dans sa famille une "ndieuké" (marraine en Wolof) qui entretiendra de solides liens avec son épouse

Esma Ben Said  | 02.09.2017 - Mıse À Jour : 04.09.2017
Au Sénégal, la marraine a le droit à son propre mouton !

Dakar

AA/Dakar/Alioune N'Diaye

Alors que la majorité des pays ont fêté l'Aid el Adha (Tabaski) vendredi, au Sénégal, la fête du sacrifice a eu lieu samedi. Comme dans le reste du monde, l'invité "star" de cette fête fut le mouton.

Légère différence dans les traditions, ici, la "ndieuké" (marraine en Wolof) a le droit à son propre mouton. Une coutume qui a pour finalité de "raffermir les liens familiaux" et qui semble avoir de beaux jours devant elle, selon des propos recueillis par Anadolu.

Revenant sur cette tradition, Dame Seck, un sage de Dakar, raconte qu'au Sénégal, tout homme devant se marier, désigne une des filles d’une tante paternelle comme "ndieuké". Et c'est le prénom de cette même femme qui devra être donné à la première fille issue du mariage.

"La ndieuké c’est une marque de reconnaissance et elle joue un rôle important dans nos sociétés", avise le septuagénaire.

"C’est elle qui accueille la mariée à la maison conjugale et qui doit assurer son intégration dans son nouveau foyer", explique Seck à Anadolu, tout en affirmant que " le gigot que la ndieuké reçoit n’est rien comparé à toutes les charges dont elle s’acquitte".

Nombreuses sont les sénégalaises qui confient ne jamais manquer cette tradition.

"Mon gigot je ne l’ai jamais réclamé mais il arrive toujours. La femme de mon seddo (un cousin qui l’a choisi comme ndieuké) l’accompagne même d’un billet de cinq mille francs cfa (10 dollars)", assure Ndèye Sow à Anadolu, précisant qu'elle aussi fait de même.

"J’ai déjà préparé le gigot pour ma ndieuké. C’est un de mes fils qui va le lui apporter dans l’après-midi. Elle vit dans un quartier un peu éloigné du notre", dit-elle.

"Je me suis mariée en 1995 et depuis lors, pas une seule fois je n’ai raté cette tradition", soutient Aïda Cissé ayant à l’occasion déjà préparé le colis pour sa belle sœur.

"Tant que je le pourrais, je continuerais à le faire pour cette femme que mon mari a choisi parmi toutes ses cousines pour être ma ndieuké", assure fièrement la dame qui se rendra elle même chez sa "belle-soeur" pour apporter le présent.

Fatima Touré dont la ndieuké vit à Thiès n’est pas découragée par les 40 km qui la séparent de sa belle sœur. Chaque année, c’est sa fille Ramatoulaye Diop âgée de 16 ans et homonyme de sa ndieuké qui fait le trajet pour remettre le gigot.

"La tabaski est toujours une occasion pour ma fille d’aller rendre visite à sa marraine", fait savoir la dame.

"(...) c’est à la femme de prendre ses responsabilités pour honorer la pratique", explique Adja Rokhaya Ly qui reçoit son colis depuis 42 ans. "Même après le décès de son mari en 2007, Diatou Guèye continue chaque année à m’envoyer le gigot. Je l’ai pourtant déchargée du fait mais elle refuse catégoriquement et dis le faire en mémoire de son défunt mari qui m’a choisie comme ndieuké", poursuite-elle.

Si certains Sénégalais ne respectent pas cette pratique jugée "d'un temps ancien", pour l'Imam Omar Ndiaye, elle n'a rien d'illicite.

"Il nous est ordonné de manger et aussi de donner en aumône de sa viande après avoir tué son mouton", rappelle-t-il. "Cette pratique n’est pas de l’aumône à proprement parler mais elle raffermit les liens familiaux, ce que l'Islam recommande aussi", explique-t-il.

Le Sénégal, pays de 15 millions d'habitants, compte près de 95% musulmans.


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