Au Cameroun, les nids-de-poules affectent la circulation
La grande majorité des routes des principales villes camerounaises sont endommagées. Les usagers déplorent le manque de réactivité des dirigeants et d’importantes conséquences.

Cameroon
Dans les grandes villes du Cameroun, il est un fléau que les conducteurs détestent plus que tout : les nids-de-poule. Les esquiver, se révèle être parfois, un véritable parcours du combattant pour les conducteurs, bien souvent exaspérés.
« Nos routes sont mal bitumées et pas entretenues, et cela sous les yeux des autorités qui ne réagissent pas comme elles le devraient. La communauté urbaine recouvre les nids-de-poule de sable pour faciliter la circulation, mais il s’agit tout simplement de pansements inutiles. Lorsque les routes sont détériorées nous ne pouvons guère exploiter la chaussée convenablement. Nous opérons des déviations qui sont très souvent causes d’accidents », témoigne Francis Noumi un automobiliste camerounais, rencontré à Yaoundé.
Comme lui, d’autres automobilistes ont fait part de leur désarroi à Anadolu. Edzoa Jean François par exemple se plaint de traverser quotidiennement des rues « gâtées » car « abandonnées à elles-mêmes ». Il est également « fatigué » d’envoyer sa moto en maintenance très souvent à causes des pannes causées par les cavités dans la chaussée.
En effet ces endommagements des routes sont très visibles au Cameroun. Ils font couler beaucoup d’encre dans la presse, font l’objet de multiples reportages télévisés, alimentent les discussions entre les populations et finalement les Camerounais s’y habituent.
« Les problèmes de routes sont devenus habituels pour les Camerounais qui ne s’en plaignent même plus. Les trous sont bouchés par du ciment. Douala, Yaoundé, Garoua et d’autres villes du pays font face à la même situation. Rien n’y fait », a confié Ombang Pierre, un journaliste camerounais à Andalou.
1. Causes
Cherchant à comprendre les origines de ce problème récurrent, Anadolu a retenu plusieurs témoignages auprès des Camerounais. Lesquels étaient unanimes sur la mauvaise gestion de la voirie par le gouvernement. En effet de nombreux observateurs concluent que les autorités ne font pas correctement leur travail. De la conception à l’exploitation des routes il y’a une certaine « négligence » et une recherche d’intérêts à travers la corruption.
« Tout est question de mauvaise gouvernance publique. Les ingénieurs se contentent de la partie pratique. Les autorités devraient prendre les dispositions nécessaires pour la réalisation des travaux. Et une fois que les routes sont faites, l’entretien devrait se faire couramment. Mais au Cameroun, ce n’est pas le cas. L’entretien courant des routes ne demande pas d’importants financements pourtant les dirigeants ne s’efforcent pas à le faire. C’est du menu fretin pour eux. Car ils préfèrent attendre que les routes se détériorent complètement afin qu’ils puissent lancer d’importants marchés publics nécessitant de grands financements. A partir de là, chaque responsable pourra disposer des fonds pour ses propres intérêts », a confié Valentin Fogang, un ingénieur camerounais en Travaux publics à Anadolu.
D’autres causes sont également pointées du doigt par l’ingénieur Camerounais et d’autres spécialistes. Notamment « la mauvaise conception et la mauvaise exécution ».
Selon Valentin Fogang, « Une route construite sans dispositif d’assainissement c’est une route qui ne durera pas longtemps. A Yaoundé par exemple les routes sont mal conçues et mal construites. Elles ne peuvent pas durer. A Douala la montée des eaux détériore les rues. Les spécialistes sont absents ».
2. Conséquences
Il s’agit de faits qui ne sont pas sans conséquences. Selon cet ingénieur, « une mauvaise voie de transport ralentit l’activité économique d’un pays » en perturbant la circulation des personnes et des biens.
« Avec des mauvaises routes, les ambulances ne peuvent circuler convenablement, les coûts de transports sont exorbitants et le pouvoir d’achat des ménages en souffre », a-t-il ajouté. Il n’a pas manqué d’évoquer « les nombreux accidents » causés par ces « routes mal aménagées ».
Pour bon nombres d’automobilistes, les nids-de-poule empêchent aussi de respecter le code de la route.
« Les nids-de-poule nous empêchent de respecter le code de la route. Nous dévions les parties endommagées de la route pour emprunter des voies plus lisses, peu importe si celles-ci se trouvent en sens inverse. Parfois à vouloir éviter un nid-de-poule cela entraîne une collision avec un autre véhicule », a témoigné Mounir Yaya un moto-taximen.
3. Preuve de sous-développement
Les personnes approchées par Andalou ont saisi l’occasion de mettre en évidence le sous-développement prouvé par le manque de routes correctement aménagées dans les grandes villes du pays.
Pour Valentin Fogang par exemple, les routes correctes sont des infrastructures de base à l’instar d’un bon programme énergétique et d’acheminement des eaux. Il estime que « le Cameroun n’a pas encore amorcé le processus de développement » et ne peut avoir une économie digne sans ces infrastructures.
Par ailleurs le gouvernement camerounais envisage de répartir une enveloppe de 1,8 milliard Fcfa, à 201 communes pour l’entretien routier en 2018. Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.