Au Cameroun, les masques servaient autrefois des passeports
- Les couleurs et la forme des masques en argile définissaient également le rang social et la profession de son propriétaire

Yaounde
AA / Yaoundé / Ahmet Emin Donmez
Au cours de la période précoloniale au Cameroun, les masques en argile servaient de passeports et de visas pour se déplacer d'une région à une autre ou pour faire de la chasse.
Les "masques passeports" étaient utilisés dans les territoires d'Afrique centrale tels que le Gabon ou encore la République du Congo avant l'arrivée des Européens sur le continent.
Les couleurs et la forme des masques en argile définissaient également le rang social et la profession de son propriétaire.
Les jeunes membres de la communauté aspirant à voyager avaient droit à des masques multicolores, tandis que les plus anciens utilisaient des masques avec moins de couleurs.
Les masques des maîtres et des sages ayant atteint le sommet de leur carrière étaient d'une seule couleur.
Selon le sociologue camerounais, Mohammed Pagna, les masques sont une question très importante pour l'histoire du Cameroun, voire de l'Afrique.
"Autrefois, au Cameroun, pour aller d'un endroit à l'autre, on allait voir son chef, on lui en donnait la raison et on lui demandait un masque", a-t-il dit.
Les motifs de déplacement allaient de l'éducation, la chasse, en passant par le commerce, a expliqué Pagna, ajoutant que les masques étaient fabriqués en faisant usage de différents symboles et couleurs pour les guérisseurs, les chasseurs, les pêcheurs, les forgerons, les agriculteurs, les prêtres, les artisans, les conteurs, les musiciens, les lutteurs, les danseurs, les sculpteurs, les peintres, les potiers, les tisserands, les conteurs et les personnes sages.
"Pour pratiquer la chasse, il fallait utiliser ces masques-passeports. Ils indiquaient également le type d'animal à chasser. Par exemple, un masque avec un symbole d'oiseau était destiné aux chasseurs d'oiseaux, tandis qu'un masque avec un symbole d'éléphant était destiné au chasseur d'éléphants", a-t-il ajouté.
On recevait un masque différent pour chaque animal et on n'avait pas le droit d'en chasser un autre. Des sanctions sévères étaient prévues pour les personnes voyageant ou chassant sans autorisation."
* Traduit du turc par Alex Sinhan Bogmis
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