AA / Istanbul / Gökhan Kavak
Tout au long de l'histoire, le continent africain a fait l'objet de l'attention des puissances influentes en matière de politique et de commerce dans le monde. Le commerce d'esclaves intercontinental et les richesses souterraines ont été importants dans cet intérêt.
L'intérêt des acteurs étrangers perdure encore, de manière unilatérale et opportuniste. C'est la raison pour laquelle le continent africain, associé pendant de longues années au colonialisme, est connu aujourd'hui pour ses coups d'État, ses problèmes sécuritaires et ses crises humanitaires.
- Augmentation de l'intérêt pour l'Afrique
Les relations établis par les acteurs étrangers avec les pays africains ont beaucoup varié au fil du temps. Les contextes périodiques ont évidemment affecté directement ou indirectement ces changements. Par exemple, depuis le 15ème siècle, les puissances comme le Portugal, l'Espagne ou les Pays-Bas considéraient l'Afrique comme le centre du commerce des êtres humains, alors que l'intérêt des États comme le Royaume-Uni, à partir du 19ème siècle, soit après la Révolution industrielle, s'est formé autour du besoin de matières premières.
Le continent africain a été directement impacté par la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide. Il continue aujourd'hui d'être un centre d'intérêt pour de nouveaux acteurs. Parmi ces derniers, la Chine et l'Inde qui cherchent à pénétrer dans le continent sur le plan économique, et la Russie qui vise à renforcer son influence militaire.
- La différence de la Turquie par rapport aux autres acteurs
La Turquie qui dispose de liens historiques et enracinés avec l'Afrique, maintient actuellement ses contacts dans divers domaines avec les Africains. Ce pays, qui veut ranimer ses liens profonds dans nombreuses régions en Afrique, souhaite établir des relations directes, reposant sur le respect mutuel et au profit des peuples africains, contrairement aux autres acteurs comme l'Espagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie.
Les travaux d'aide humanitaire et d'éducation que mènent les institutions comme l’Agence turque de Coopération et de Développement (TIKA), la Fondation Diyanet (TDV), l'Institut Yunus Emre (YEE), la Fondation Maarif (TMV), le Croissant-Rouge turc (Kizilay), la direction turque des Catastrophes Naturelles et des Situations d’Urgences (AFAD) et les organisations de la société civile turque, dans l'ensemble du continent, prouvent que les relations Turquie-Afrique sont différentes de celles avec les autres acteurs.
Les leaders africains ayant participé au 3ème Sommet Turquie-Afrique en 2021 à Istanbul, ont clairement noté que la Turquie, comparée aux autres acteurs, est beaucoup plus
focalisée sur l'aspect humain, est beaucoup plus juste, englobante et multidimensionnelle dans ses relations.
À travers ses travaux dans l'éducation, la TMV déploie des efforts pour faire renaître le savoir-faire existant chez les jeunes africains, pour assurer l'autosuffisance de l'Afrique. Pour sa part, le YEE vise à intensifier l'interaction culturelle. Le Kizilay et l'AFAD soutiennent les personnes dans le besoin, dans nombreuses régions, en matière de santé, d'hébergement et d'alimentation. Les bénévoles des organisations de la société civile qui touchent les moindres coins du continent, opèrent au profit de ces gens.
Les ambassades renforcent les relations diplomatiques de "haut niveau" alors que la TMV, le YEE, la TIKA, le Kizilay, l'Agence Anadolu et Turkish Airlines jouent un rôle majeur pour développer les relations de "moyen niveau", grâce à leur vaste zone d'opération.
- La main turque tendue vers l'Afrique : la TIKA
Les bureaux ouverts en Afrique par la TIKA, l'une des principales institutions efficaces de la politique étrangère turque, ainsi que ses projets et activités, allant du Soudan en Afrique du Sud, du Sénégal en Éthiopie, dans les domaines de l'éducation, la santé, la production, l'agriculture et l'élevage, les infrastructures sociales et administratives, l'emploi, l'accès à l'eau propre, la contribution à la vie culturelle et l'aide humanitaire, permettent de renforcer de nouveau les liens avec l'Afrique. La TIKA mène en outre une diplomatie publique au nom de la Turquie, afin de contribuer à la prospérité des peuples africains impactés par le système mondial.
Avec des bureaux opérant dans plus de 60 pays, la TIKA a mis en œuvre plus de 30 000 projets et activités dans plus de 170 pays depuis sa création en 1992, en raison de l'évolution des conditions internationales. Comme les leaders africains l'ont remarqué, la Turquie veut construire un avenir commun de long terme, basé sur le principe du partenariat égal. En conséquence, la TIKA, dont le premier bureau a été ouvert en Éthiopie en 2005, compte aujourd'hui 22 bureaux au total en Afrique, y compris en Égypte.
- La TIKA a réalisé des milliers de projets
La TIKA est quasiment "le bras" de la Turquie en Afrique et a pour priorité de contribuer à la stabilité et la paix régionales, au développement durable en améliorant les secteurs de production et à renforcer la prospérité. C'est dans ce but que l'hôpital de Formation et de Recherche Recep Tayyip Erdogan a été ouvert en Somalie, tout comme la restauration de la mosquée Ketchaoua en Algérie ou la mosquée Nour-ul Hamidiye en Afrique du Sud, ou encore, des programmes de formation sur les techniques agricoles modernes ont été organisés pour les fermiers africains. La TIKA a réalisé environ 7 mille projets en Afrique.
Ayant célébré son 30ème anniversaire cette année, la TIKA est l'une des principales preuves que la Turquie n'agit pas dans l'esprit colonial comme d'autres acteurs. Ces démarches montrent bien que les relations sont "focalisées sur l'être humain et revendiquent un ordre juste", comme le déclare le Président Recep Tayyip Erdogan. En résultat, la TIKA est une institution majeure, sur les plans théorique et pratique, dans les relations turco-africaines.
- Préservation conjointe du patrimoine culturel
Les travaux menés par la TIKA en Afrique sont importants non seulement pour l'approfondissement des relations mais aussi pour la préservation du patrimoine historique
et culturel turc et africain. Dans ce cadre, la TIKA a fait ressurgir nombreux monuments historiques remontant à l'ère ottomane en Afrique et aide à préserver nombreux éléments culturels et historiques comme le mausolée du Roi Najashi en Éthiopie.
Les relations établies par la TIKA dans le continent permettent de mieux analyser l'Afrique, grâce à la transmission de l'information juste et fiable depuis le terrain. Cela permet également aux intellectuels, notables, journalistes, entrepreneurs et leaders politiques africains de mieux connaître la Turquie.
- La TIKA établit un contact direct avec les Africains
La Turquie valorise les notions telles que "l'égalité" et "la justice" dans ses relations avec les pays africains. Ses efforts pour le développement et l'autosuffisance du peuple africain engendrent un point de vue positif sur la Turquie. Cela fait augmenter les attentes africaines envers la Turquie mais appelle à la prudence quant aux démarches à entreprendre et au discours utilisé.
Pour conclure, la TIKA, qui fournit un soutien de formation agricole, de construction d'hôpitaux et d'écoles, de préservation du patrimoine culturel et historique, établit un contact direct avec les peuples africains et aide à attirer l'attention sur l'importance et la valeur du continent. En contact avec tous les groupes sociaux en Afrique, y compris des agriculteurs et des enseignants académiques, la TIKA est un outil important de la diplomatie publique de la Turquie.
*Traduit du turc par Nur Asena Ertürk
[**Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l'Agence Anadolu.]
