AA/Alger/Aksil Ouali
L'Algérie rend un nouvel hommage à l'un des militants de la cause de son indépendance, Maurice Audin, un mathématicien français, enlevé et exécuté par l'armée coloniale française en 1957. A la veille de la célébration du 60ème anniversaire de la libération du pays et l'occasion du 65ème anniversaire de la disparition tragique de l'homme, son buste a été inauguré, ce dimanche, au niveau de la place qui porte son nom à Alger-centre.
L'inauguration s’est déroulée en présence de Pierre Audin, fils de Maurice Audin, le président de l’Association Josette et Maurice Audin, Pierre Mansat, le wali d’Alger, Ahmed Maabed, des autorités locales et des citoyens. Présent à Alger depuis quelques jours où il est revenu après l'acquisition, il y a quelques semaines, de la nationalité et du passeport algériens, Pierre Audin n'a pas caché "sa fierté de se retrouver sur cette place qui porte le nom de son père, un partisan de l’indépendance de l'Algérie".
"Maurice Audin verra ainsi l'arrivée du peuple venant de la Rue Didouche Mourad (un des déclencheurs de la guerre de libération) et du Boulevard Mohamed V. C'est formidable", a-t-il déclaré. Pour le wali d’Alger, il s’agit d’un jour "important" qui confirme la consécration de "la grandeur et la bravoure de Maurice Audin qui a sacrifié sa vie pour la cause algérienne".

Natif de Béja (Tunisie) le 14 février 1932, le mathématicien a été déclaré mort le 21 juin 1957 à Alger, où il fut assistant à l'université d'Alger et membre du Parti communiste algérien. L'homme a été enlevé chez lui par l'armée coloniale. Il a été torturé et exécuté et son corps n'a jamais été retrouvé à ce jour. Récemment, Pierre Audin a affirmé que désormais il demandera, en sa qualité d'Algérien, aux autorités algériennes de chercher le corps de son père, comme il a toujours réclamé la vérité sur sa mort au pouvoir français.
"Quelques jours avant la mort de ma mère je lui ai fait la promesse de continuer à chercher le corps de mon père", a-t-il précisé dans une déclaration à des médias algériens. En septembre 2018, le Président français, Emmanuel Macron, a reconnu officiellement la responsabilité de l'Etat français dans la mort de Maurice Audin sous la torture.
Le chef de l'Etat français s'était rendu à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), au domicile de Josette Audin, veuve de Maurice Audin, et lui a remis une déclaration reconnaissant que son époux était « mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France ». La famille Audin a salué « la déclaration du Président français dont chacun pourra mesurer l'immense portée politique et historique ».
Le décès de Maurice Audin sera acté en 1963. La thèse officielle est aussitôt remise en cause. Dès le 4 juillet 1957, Josette Audin porte plainte pour homicide. Mais de non-lieux en amnisties, la procédure finit par s'éteindre. En 1958, l'historien Pierre Vidal-Naquet publie une contre-enquête invalidant le récit de l'armée. Mais il a fallu attendre 2018 pour qu'un responsable français reconnaisse officiellement ce crime.