Algérie : La grogne monte face à un pouvoir d’achat en berne
- Le gouvernement algérien réagit, réduisant l’IRG et augmentant l’indice de calcul des salaires

Algeria
AA/ Alger / Aksil Ouali
« Tout est cher ! Je reviens du marché de gros, les prix ont sensiblement augmenté. Et ça ne s’arrêtera pas ». C’est une partie d’une discussion entre un gérant d’une épicerie à Alger-Centre, la capitale algérienne, et un de ses clients qui se plaignait de la cherté de la vie. Les deux hommes sont d’accord sur un seul constat : « le pouvoir d’achat de l’Algérien est en berne ».
Et pour cause, une hausse vertigineuse des prix des produits de large consommation et une stagnation des salaires. La tendance haussière des prix à la consommation est constatée, notamment, depuis le début du deuxième trimestre de l’année en cours. Les majorations sont parfois de 100, voire de 200% pour la majorité des denrées alimentaires, considérées comme étant essentielles : lait en boite, légumes, fruits, viandes et pâtes alimentaires…
Cette inflation pèse lourdement sur le budget des ménages algériens, particulièrement les petites et les moyennes bourses, d’ont les salaires varient entre 200 et 400 dollars par mois. Face à cette situation, des Algériens, avec qui nous nous sommes entretenus à Alger, réagissent, à la fois, avec dépit et ironie. C’est le cas de ce quinquagénaire, un fonctionnaire dans l’administration.
« Si ça continue comme ça, nous allons nous contenter du pain et de l’eau. Aujourd’hui, rares sont les gens qui peuvent se permettre de la viande une fois par mois. Il faudra qu’elle soit remboursée par la sécurité sociale », lance-t-il, en souriant.
Le gouvernement réagit
Devant cette situation qui va en s’aggravant, le gouvernement vient de prendre des mesures qualifiées « d’urgentes » pour atténuer la charge des ménages. Le Conseil des ministres, réuni en début de semaine, a annoncé la réduction de l’impôt sur le revenu global (IRG) et l’augmentation de l’indice de calcul des salaires des fonctionnaires.
Ces mesures, qui n’ont pas été détaillées, devront entrer en vigueur en janvier 2022, dans le cadre de la nouvelle loi de finances. En décembre dernier, le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune avait décidé de supprimer l’IRG pour les bas salaires de 100 à 150 dollars. Mais sans grand impact sur le pouvoir d’achat. Sera-t-il le cas pour ces nouvelles décisions ? Des spécialistes algériens se montrent sceptiques.
« La baisse de l’Impôt sur le revenu global serait conçue sur la base de révision du barème de cet impôt en fonction des catégories de salaires. Mais sur le plan des budgets familiaux, cette mesure n’aura qu’un impact relatif, à l’effet moyen entre 600 et 800 DA (environ 10 dollars) et ne pourrait donc pas combler la baisse vertigineuse du pouvoir d’achat », estime M’Hamed Hamidouche, docteur en analyse économique, cité par le quotidien francophone, El Watan.
Pour leur part, les syndicats de l’éducation nationale réclament du concret. Ils exigent un forte hausse du point indiciaire pour compenser la perte en pouvoir d’achat, entamé depuis 2014 selon l’office national des statistiques (ONS). « Nous voulons du palpable, le gouvernement doit s’expliquer, sinon ce sera juste des annonces pour calmer le front social qui est au bord de l’explosion », clame Boualem Amoura, secrétaire général du SATEF, un des plus important syndicats de l’éducation nationale.
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