Algérie : Feu vert du parlement au plan d’action du Gouvernement
- Ripostant, l’opposition y a trouvé "un simple plan d'action" qui "manque d'analyse approfondie de la situation et de chiffres précis ".

Algeria
AA/ Alger/ Karim Kabir
Le parlement algérien a adopté, tard dans la nuit de vendredi à samedi, à l’écrasante majorité le plan d’action du nouveau Gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune, nommé le 24 mai dernier et issu des élections législatives du 04 du même mois..
Ce plan d’action qui vise à faire face à la crise économique induite par la chute drastique des prix du pétrole d’où proviennent plus de 95 % des recettes du pays (Le pays ayant perdu plus de 50 % de ses recettes depuis 2014, lesquelles représentent 60 % du budget de l’Etat), a été adopté par 402 voix sur les 462 que compte le parlement dominé par les partis du pouvoir, le front de libération nationale (FLN), du président Bouteflika et d’Abdelmadjid Tebboune (162 députés) et le Rassemblement national démocratique (RND) d’Ahmed Ouyahia, chef de cabinet de la présidence de la République (100 députés).
Seulement 32 députés, pour l’essentiel issu du parti laïc, le rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, 9 députés) et des « indépendants » (sans étiquette partisane) ont voté contre, le reste, dont quelques députés islamistes, se sont abstenus.
Si l’ancien premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait opté pour le gel de certains grands projets, notamment le gel du recrutement dans la fonction publique en plus de l’augmentation des taxes, Abdelmadjid Tebboune a décidé, lui, de s’attaquer aux transferts sociaux.
Dispositif économique mis en place depuis longtemps qui a permis le maintien de la paix sociale en assurant aux Algériens des produits de base, d’eau et d’énergie à bas coût et l’accès aux soins, au logement et à l’éducation, les transferts sociaux ainsi que les subventions par l'Etat de produits alimentaires de base (semoule, lait, huile...) et de la fourniture d'eau et d'énergie, représentent 23,7% du PIB selon le Fonds monétaire international (FMI).
Ripostant, l’opposition y a trouvé « un simple plan d'action et non un programme d'action, au vu du manque d'analyse approfondie de la situation et du manque de chiffres précis », de l’avis de Nacer Hamdadouche, président du groupe parlementaire du mouvement de la société pour la paix (MSP) (34 députés), principale formation islamiste de l’opposition.
Selon lui, «les mesures drastiques d'austérité et la crise financière contribueraient à attiser le front social ». Nacer Hamdadouche a appelé, dans le cadre de la recherche d’une issue à la crise, à la « concordance politique » à travers un « dialogue sérieux » avec l'ensemble des partenaires politiques, économiques et sociaux et à « réunir les conditions » à même d' «opérer la transition démocratique en garantissant les libertés et l'intégrité des élections ».
Pour sa part, le président du groupe parlementaire de l'Union pour Ennahdha- Adala et Bina, une coalition de partis islamistes (15 sièges), Lakhdar Ben Khelaf, estime que le plan d'action du gouvernement «manque d'analyse approfondie de la situation générale du pays et des priorités à fixer ». Selon lui, le plan n'a pas évoqué la « fixation des délais de réalisation, les chiffres et les mécanismes, de même qu'il (le plan) n'a pas abordé dans son contenu des mesures concrètes en vue d'en finir avec la dépendance totale aux hydrocarbures ».