Afrique

Afrique de l’ouest: révolutions dan la rue, révolution sur les rails

Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Abidjan-Lomé, une boucle ferroviaire en construction qui fait rêver des millions d'Africains

Mohamed Hedi Abdellaoui  | 13.10.2015 - Mıse À Jour : 14.10.2015
Afrique de l’ouest: révolutions dan la rue, révolution sur les rails

Tunis

AA/ Tunis/ Mohamed Abdellaoui avec la contribution de Souley Moutari et Kané Illa

«Nous voulons faire l'intégration africaine, nous voulons construire l'Afrique, non pas en nous isolant derrière nos frontières, mais en nous donnant la main par dessus les frontières», déclare récemment le président nigérien Issoufou Mahamadou, au sujet du prochain train transafricain reliant le Niger au Bénin et s'étendant à quatre autres pays de l'Afrique de l'Ouest.

A vocation sous régionale, ce grand projet situé au carrefour d’un bassin de population de près de 300 millions d’habitants à l’horizon 2020 (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger, Bénin, Mali et Nigéria), se veut un véritable levier de développement économique, social et environnemental pour cette région ouest-africaine.

Appréciant à sa juste valeur cette oeuvre d’envergure, l’économiste-staticien et ancien fonctionnaire de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Ibro Manomi, a déclaré à Anadolu : « Ce chemin de fer va contribuer à faciliter les échanges sous-régionaux et renforcer l'intégration économique, améliorer la durabilité de nos routes qui se dégradent rapidement à cause du trafic des poids lourd, améliorer la compétitivité des économies de la région en réduisant les coûts de revient des intrants importés et des produits exportés et à améliorer la rentabilité d'autres projets structurants comme le port sec que l’Etat du Niger envisage de créer à Dosso (140 km de Niamey, Ndlr). »

 Ceci étant, en Afrique, la révolution dans son acception la plus large est en marche : à celle de la rue s’ajoute, tout bonnement, une autre qui va bon train sur les rails, selon la même source.

D’ailleurs, une compagnie internationale vient de signer  avec le Niger et le Bénin les conventions de concession, de construction et d’exploitation d’une ligne ferroviaire desservant Niamey (Niger) à et Cotonou (Bénin). Ces rails qui s’étendront au total dans six pays sur près de 2700 km, selon le site public officiel nigérien, le Sahel.org,  pour ainsi faire rêver plusieurs millions d’hommes désireux de radieux lendemains.

Sur les 2700 km de lignes, 1000 sont situées sur les territoires béninois et nigérien, d’après la même source. Il s’agit donc de réhabiliter la ligne ferroviaire Cotonou-Parakou (nord du Bénin) datant de 1936, puis d’entreprendre la construction d’un nouveau tronçon qui reliera Parakou à la capitale nigérienne, Niamey.

 La boucle ferroviaire Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Abidjan-Lomé est entrée dans sa phase active les 7 et 8 avril 2014, avec le lancement officiel des travaux de construction du tronçon Niamey – Dosso au Niger.

Le premier tronçon de ce projet sera effectué entre le Bénin et le Niger pour un coût global de 1 milliard d’euros pour le tronçon Cotonou-Niamey, selon la porte-parole de l’entreprise chargée de la réalisation de ce projet.

Une partie est consacrée à la rénovation de lignes existantes depuis l’époque coloniale entre Cotonou et Parakou au Bénin et l’autre pour la construction de 630 km de nouveaux rails entre Parakou et Niamey. La ligne Niger-Bénin sera gérée par une société béninoise au capital de 70 milliards de francs CFA (106 millions d’euros) créée fin mai 2015, selon le gouvernement béninois.

Près de 1.000 personnes travaillent actuellement chaque jour sur les différents chantiers, que ce soit au Niger ou au Bénin. Le même groupe est déjà adjudicataire de la concession qui relie Abidjan à Kaya au Burkina Faso. Mais il se garde bien de donner une date pour la mise en service totale de cette boucle ferroviaire de l’Ouest africain, dont le coût total est estimé à 2,5 milliards d’euros.

Ce projet renvoie par ailleurs à un autre non moins grandiose : celui du milliardaire Sud Africain, naturalisé américain et son projet Hyperloop: un train magnétique qui permettrait de faire Boughezoul(Algérie) -Prétoria (AF SUD) en 1h30, étant capable   d'aller à1.200 Km/h. Ce projet est toujours en cours d’étude.

Le train Cotonou-Niamey rappelle également un rêve lointain ayant longtemps hanté  le Britannique Cecil Rhodes, il y a plus d'un siècle : le projet de  train Le Cap-Le Caire qui est resté lettre morte, pour indisponibilité des moyens nécessaires, en tête desquels le financement qu’il faut et la stabilité régionale.

L’Afrique de l’Ouest semble ainsi entrer de plein pied dans une ère de grands projets continentaux, plaidant ainsi pour une meilleure intégration régionale.

Le Premier ministre nigérien Lionel Zinsou avait récemment commenté ladite boucle ferroviaire oustafricaine : « Jamais il n’a été fait un investissement aussi important dans aucun de nos pays d’Afrique de l’Ouest. »

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