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Adhésion de la Guinée équatoriale à l'Opep : L'Afrique serait-elle plus influente?

Le groupe des pays africains membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sera renforcé par l’adhésion en vue de la Guinée équatoriale.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 02.02.2017 - Mıse À Jour : 03.02.2017
Adhésion de la Guinée équatoriale à l'Opep : L'Afrique serait-elle plus influente?

Tunis


AA/ Tunis/ Ridha Maamri

Le groupe des pays africains membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sera renforcé par l’adhésion en vue de la Guinée équatoriale, qui a déposé sa demande, le 20 janvier courant, en vue de devenir le sixième membre africain de l’organisation pétrolière intergouvernementale qui siège à Vienne. L'Algérie, la Libye, l'Angola, le Gabon et le Nigéria étant déjà membres.

Le ministre équato-guinéen des Mines et hydrocarbures, Gabriel Mbaga Obiang, avait déclaré à la presse, lors de sa récente visite au siège de l’Opep, que les objectifs de son pays convergent avec ceux du cartel pétrolier. Il faisait alors allusion à la stabilisation des cours de l’or noir à un niveau qui préserve les intérêts économiques des pays membres.

* Pour un lobby fort au sein du cartel

« Une telle initiative serait motivée par la volonté d’autres pays africains qui cherchent à former un fort lobby au sein du cartel, en vue de plaider efficacement pour la stabilisation des prix à des niveaux en phase avec leurs politiques de développement », commente Nader Hadded, consultant senior en marché financier basé à Paris, dans un entretien avec Anadolu.

L’ancien trader explique, dans ce sens, que ces pays cherchent à remonter la pente, après des années de récession économique à cause des cours maintenus à des niveaux historiquement bas au cours de ces dernières années. Pourtant l’Organisation à laquelle ils appartiennent (Opep) a pour mission de veiller à la stabilité des revenus des pays membres, en adaptant le niveau de l’offre à celui de la demande sur le marché international.

Le consultant rappelle, à cet égard, que les pays membres avaient des visions divergentes. Le chef de file de l’organisation, l’Arabie Saoudite, a-t-il poursuivi, avait pour objectif de maintenir ses parts de marché. Lequel objectif nécessite une mobilisation contre la montée en puissance des producteurs nord-américains et latins d’hydrocarbures non conventionnels, notamment le pétrole et le gaz de schiste, alors que les pays latins concernés cherchent à financer leurs projets de développement.

Pendant cette période, le gros producteur pétrolier du Golfe a ignoré les revendications des autres pays membres, à l’instar du Venezuela, l’Algérie et le Nigéria, pour ne citer que ceux-ci, qui avaient appelé à une baisse du plafond de l’Opep pour faire grimper les cours du baril.

Disposant de la deuxième plus grande réserve pétrolière au monde (15,7%) selon le site spécialisé "connaissancedesenergies.org", l’Arabie Saoudite a réussi à imposer le maintien du plafond de la production pétrolière à 30 millions barils par jour (bj), se souciant peu des répercussions de la chute des prix sur ses équilibres macroéconomiques.

* Un front africain pour négocier avec celui du Golfe

Les choix n’étant pas nombreux, les autres pays producteurs seraient, logiquement, se sont trouvés tentés de former des groupes de plus en plus puissants pour peser davantage dans les prochaines échéances, souligne l’analyste Hadded. Ceci étant, les pays non membres qui ont subi des chocs économiques exogènes, provoqués par la chute des cours du pétrole n’ont qu’à changer leur statut d’observateur par celui d’acteur, dit-il. La Guinée équatoriale en fait partie.

Fortement dépendante de la manne pétrolière, l’économie équato-guinéenne s’est contractée de -12.2 % en 2015, selon la plateforme de la Banque mondiale « TCdata360 » et les estimations de la Banque africaine de développement (BAD).

L’exercice 2016 a accusé une dépréciation du PIB de l’ordre de 8 %. Et, la récession devrait se poursuivre jusqu’en 2020, selon les même prévisions. Pour financer son déficit budgétaire, la Guinée équatorial a fait recourt à l’endettement extérieur qui a bondi de 6.1% du PIB en 2013 à près de 20% en 2016. Le déficit courant est passé de 0.1% du PIB en 2013 à -16.8 en 2015, selon les données du Fonds Monétaire International (FMI) dans sa publication, « World Economic Outlook Database – 2016 ».

A l’instar de la Guinée équatoriale, les économies de plusieurs pays membres de l’Opep et autres producteurs de pétrole, sombrent au rythme de la baisse des cours de l’or noir. « Actuellement, le défi est de revenir à l'équilibre de Marché d’avant 2014 », fait observer Hadded. Pour atteindre cet objectif et le maintenir, les pays africains et les petits producteurs de pétrole sont dans l’obligation de former un front qui pourrait négocier avec le groupe des pays du Golfe, dirigé par l’Arabie Saoudite.

* Baisse de production fructueuse

« Jusqu'à maintenant, la baisse de production adoptée par l’Opep et d’autres pays non membres, dont la Guinée équatoriale a donné ses fruits », constate l'économiste, rappelant que les prix ont emprunté une tendance haussière, depuis novembre dernier. « Le Brent se négocie, actuellement, à 56 dollars USD et l’Oil crude (WTI) à 53. Si l’engagement sera respecté selon cette tendance, le prix ira jusqu'à 61 dollars d'ici la fin de l'année », selon les prévisions du trader.

« Pour préserver cette tendance, la Guinée équatoriale devrait marcher à côté des pays qui produisent du brut afin d’avoir plus de poids dans le cartel pour faire pression sur les gros producteurs. Car, quand les prix baissent, c’est mauvais pour tout le monde », analyse Hadded.

Avec sa production d’environ 250 mille barils par jour, la Guinée équatoriale prêterait main forte aux pays du continent. Quêtant le statut de membre de l’Opep, Malabo a déjà procédé à la baisse de sa production de 12 mille bj en vue de participer à l’effort de réduction de la production globale de 1.8 millions de bj. L’Opep avait besoin du soutien des pays non membres participant à l’effort de réduction de la production mondiale. Cette réaction positive de Malabo sert les intérêts du continent pour ainsi mieux peser à l’Opep.

L’adhésion de la Guinée équatoriale pourrait aiguiser les appétits d’autres producteurs africains de pétrole. Les vingt pays africains reconnus comme producteurs de pétrole totalisent une production journalière d’environ 9 millions de barils, selon les chiffres publiés par le site spécialisé « traidingeconomics ».

Des pays du top 10, à l’instar du Tchad, du bloc Soudan et Soudan du Sud, pourrait rejoindre la marche. D’autres pays, de la sous région de l’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée et la Guinée Bissau se sont réunis à Dakar, en novembre 2016, pour harmoniser leurs stratégies pétrolières. Réunis, les pays africains pourraient former un poids lourd sur l’échiquier international de l’énergie.

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