Achille Mbembe prédit une multiplication des coups d’État en Afrique
- Après la tentative de putsch au Bénin, le philosophe camerounais Achille Mbembe juge que le continent entre dans une phase dominée par la force et la prédation
Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
Selon des propos rapportés par Le Monde Afrique, site d’information français, le philosophe et politologue Achille Mbembe a estimé que l’Afrique allait connaître davantage de coups d’État, au lendemain de la tentative de putsch au Bénin, survenue dimanche 7 décembre.
Directeur de la Fondation de l’innovation pour la démocratie, basée en Afrique du Sud, il a déclaré : « Nous allons assister à davantage de coups d’État en Afrique ».
Depuis 2020, l’Afrique a connu 14 coups d’État, dont trois depuis septembre. Des pays du Sahel, mais aussi la Guinée, le Gabon, le Soudan, Madagascar et la Guinée-Bissau ont été touchés par des putschs ou des tentatives de putschs.
Selon lui, il ne s’agit pas de cas isolés, mais d’une crise du « multipartisme administratif » et non d’une crise de la démocratie, estimant que la plupart des États africains ne remplissent pas les critères d’un État de droit.
Il a estimé que les institutions, héritées de la période coloniale, ont été conçues pour commander et réprimer plutôt que pour dialoguer, ce qui expliquerait le recours systématique à la violence.
« Tant qu’on ne s’attaque pas à ce système, il y a fort à parier que cette dynamique va se poursuivre », a-t-il déclaré.
Il a estimé qu’il fallait cesser de parler de démocratie en Afrique, qualifiant ce terme d’« abus de langage », tout en citant l’Afrique du Sud, le Botswana, l’île Maurice, le Cap Vert, les Seychelles et, dans une moindre mesure, le Sénégal, comme se rapprochant de l’État de droit.
Il a évoqué le rôle de groupes armés, comme le Mouvement du 23 mars (M23) dans l’est de la République démocratique du Congo et les groupes djihadistes au Mali, cité par la même source.
Il a estimé que la lutte pour l’accaparement des richesses est devenue le moteur central de la vie politique sur le continent, rendant la compétition pour le pouvoir « à somme nulle ».
Achille Mbembe a considéré que cette dynamique s’inscrit dans un contexte mondial de recul de la démocratie et de montée de la force brute, ajoutant que cette période se traduirait par le pillage des ressources et des violences accrues, notamment au Soudan, dans l’est de la République démocratique du Congo et dans le Sahel.
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