27ème Sommet Afrique-France: Bamako à cor et à cri
- Près de 10 000 hommes sont mobilisés pour sécuriser le sommet, dont 180 éléments des Forces spéciales antiterroristes (Forsat), selon le ministre malien de la Sécurité et de la Protection civile.

Bamako
AA/ Bamako/ Moussa Bolly
La capitale malienne, Bamako, abrite le "27ème sommet Afrique-France pour le partenariat, la paix et l’émergence (SAF)", du 13 au 14 janvier 2017.
Un important dispositif sécuritaire a été mis en place pour accueillir les 35 chefs d’Etat qui ont officiellement confirmé leur présence, selon le Comité national d’organisation (Cnosaf). Sont également attendus près de 3000 participants, d’après la même source.
Au programme de cette rencontre, figurent quatre grands axes traitant de thèmes liés aux jeunes, aux femmes, aux opérateurs économiques et aux acteurs politiques. Mercredi, a été donné le coup d’envoi du Forum des jeunes, consacré à l’emploi et au développement, qui a débuté ce matin, le 12 janvier, au Palais de la Culture de Bamako.
Jeudi, un forum économique devrait réunir des responsables de plusieurs organisations patronales africaines et du Mouvement des entreprises de France (Medef). Enfin, les chefs d'État et de gouvernements se retrouveront le 14 janvier, au Centre international de conférences de Bamako, pour leur réunion plénière. Une rencontre des Premières Dames est également prévue en marge du Sommet.
Des activités culturelles sont également à l’ordre du jour. Il s’agit d’une exposition photos sur la biennale de la photographie africaine de 2015, de soirées théâtrales, de projection de films africains et d’autres spectacles, lancés depuis, lundi dernier, au Musée national de Bamako. L’épouse du président malien Kéita Aminata Maïga a présidé la cérémonie d’ouverture d’un «Village artisanal» au Palais de la Culture Amadou Hampâté Ba de la capitale.
* Importante mobilisation sécuritaire
Mais le fait le plus saillant de cet événement n’est autre que le blocus sécuritaire imposé à Bamako. Un important dispositif sécuritaire a, en effet, été mis en place. Depuis le week-end dernier, Bamako est quadrillée de jour comme de nuit par les forces de sécurité, dont les éléments sont postés à tous les principaux carrefours de la capitale.
Selon le ministre malien de la Sécurité et de la Protection civile qui coordonne le dispositif, près de 10 000 hommes sont mobilisés pour sécuriser le sommet, dont 180 éléments des Forces spéciales antiterroristes (Forsat). Il s’agit d’une unité créée au lendemain des attentats de l’Hôtel Radisson Blu Bamako qui avait fait 22 victimes le 20 novembre 2015.
Une cellule de coordination de la Protection des Hautes Personnalités est aussi fonctionnelle au ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Le pays s’est également doté d’un centre de vidéosurveillance et de commandement flambant neuf. Pour les besoins du sommet, l'Arabie Saoudite vient d’offrir 80 véhicules au Mali, dont une quarantaine de véhicules blindés pour le transport des chefs d'État. L'annonce a été faite, mardi, par le président Ibrahim Boubacar Kéita lors de la présentation des vœux des familles notables de Bamako et des dignitaires religieux.
Mardi, lors d’un point de presse, le Commandant de la Compagnie de la circulation routière (CCR) a aussi dévoilé le plan de circulation dans le district de Bamako durant le 27ème Sommet Afrique-France.
«La CCR va déployer 500 policiers pour contrôler et rendre beaucoup plus fluide la circulation», a-t-il déclaré.
Ce dispositif va sérieusement entraver la liberté de circulation des Bamakois qui se verront quasiment interdits des principales artères jouxtant l’aéroport international Modibo Kéita de Bamako, le Centre international des conférences (CICB) et les sites d’hébergement. Il aura aussi des conséquences sur les populations et les activités professionnelles. Les transports en commun seront très affectés par ce plan. En premier lieu, les taxis et les Sotramas (minibus).
* Les mécontents prennent leur mal en patience
«Des rues entières vont être barrées, le pont Fahd également ainsi que les accès qui desservent le Centre des conférences. L’accès à la rive droite sera donc quasiment impossible», déplore Bakary Kéita, un chaffeur de taxi.
«Le manque à gagner est énorme pour nous, car entre jeudi et dimanche, les gens vont préférer rester à la maison», craint Sibiri Coulibaly, un chauffeur de minibus.
Déplorant des mesures « pernicieuses », Sidi Mohamed Niangadou, opérateur économique de son état a déclaré à Anadolu : «Les affaires seront à l’arrêt parce qu'il sera difficile d’atteindre le centre-ville avec ce plan de circulation révélé par les autorités du pays. Que faire sinon nous soumettre puisque elles nous demandent de nous sacrifier pour les intérêts de la nation ?»
Devant bientôt voyager pour la couverture de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2017) au Gabon, un journaliste sportif qui a requis l’anonymat a lancé au correspondant d’Anadolu : «Je dois voyager vendredi après-midi. Comme je loge à l’ouest de la capitale sur la rive gauche du fleuve, je ne sais pas encore comment je vais faire pour atteindre l’aéroport avec tout ce dispositif».
Pour réduire les conséquences de ces mesures sur les mouvements des populations, le gouvernement a déclaré la journée du vendredi «chômée et payée à Bamako et dans ses environs». Ainsi, l’administration publique, les écoles, mais aussi la majorité des commerces seront fermés.
Les mesures sécuritaires prises pour sécuriser le Sommet France-Afrique sont motivés, notamment, par la crise sécuritaire qui ronge ce pays du Sahel ces dernières années. En novembre 2015, un attentat ciblant l’hôtel Radisson Blu de Bamako suivi d’une une fusillade et d’une prise d’otages d'étrangers en majorité avait fait 22 morts. Cette attaque terroriste a été revendiquée par Al-Mourabitoune, groupe armé affilié à Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi).
Le Nord du pays où évoluent plusieurs groupes armés et des narco-trafiquants est également en proie à l’instabilité.