Afrique

« Taqualidouna » ... Petites touches artistiques dans la décoration du couffin tunisien

- La jeune Chiraz Badis a développé sa marque de couffins traditionnels « Taqualidouna » (Nos traditions), au sein de son atelier à Beni Khiar, dans l’est de la Tunisie.

Yosra Ouanes  | 28.08.2022 - Mıse À Jour : 30.08.2022
« Taqualidouna » ... Petites touches artistiques dans la décoration du couffin tunisien

Tunisia

AA / Tunis/ Yousra Ouannes


-La jeune Chiraz Badis a développé sa marque de couffins traditionnels « Taqualidouna ».
-Elle fabrique, dans son atelier, à Beni Khiar, dans l’est de la Tunisie, des couffins faits/décorés main.
-Elle marie, dans sa confection de couffins, le moderne et le traditionnel.


Tel un essaim d’abeilles, les jeunes filles s’affairent au sein de l’atelier de Beni Khiar, dans l’est de la Tunisie et chacune d’elles s’occupe de confectionner une partie de la décoration qui viendra orner les "Koffas" (couffins fabriqués à partir de feuilles de palmier).
Par le passé, le couffin était utilisé pour les courses, afin d’y conserver les achats effectués, avant que son emploi ne soit modernisé par des spécialistes de l’industrie traditionnelle, et que son usage ne devienne varié et multiple.


- Une passion née dès l’enfance


« Taqualidouna » est une marque dont le nom a été gravé par Chiraz Badis, diplômée de l’Institut supérieur des Beaux-arts de Nabeul (est). Chiraz a refusé de rester au chômage, dans l’attente d’un emploi au sein de la fonction publique et s’est efforcée de faire réussir son projet et de le développer encore et encore.
Chiraz a mis à contribution sa passion et son amour pour les créations artisanales, passion héritée de son père dès son enfance. En effet, son père était un artisan qui a, durant de longues années, confectionné et cousu le burnous et la qachebiyya, deux habits traditionnels tunisiens tissés à partir de la laine et portés généralement par les hommes durant la saison hivernale.
Des suites de la propagation et des retombées de la pandémie de la Covid-19, et la crise économique que cette situation a engendré après la fermeture de plusieurs usines et entreprises, et compte tenu de la hausse du taux de chômage, Chiraz, qui avait perdu son père à cause du virus, a décidé de ne pas rester les bras croisés et s’est lancée dans un micro-projet privé tout en formulant l’espoir de laisser son empreinte dans son domaine.


- Une ambition sans limites


Rencontrée dans son atelier par la correspondante de l'Agence Anadolu, Chiraz a souligné : « Pour moi, le chômage est un concept qui n’a pas sa place et auquel je n'y crois. Rester au chômage en attendant un poste de travail est en quelque sorte un choix, alors que quiconque se devait de s’autocréer un travail ».
« J'encourage tout le monde à aller de l’avant sur la voie de la recherche et de la créativité pour maîtriser des métiers, aussi simples soient-ils, afin de se créer des postes d'emploi et ne pas rester ainsi au chômage », a-t-elle dit.
« Le secteur de l'artisanat est un champ vaste qui peut accueillir tout le monde et chaque jeune est en mesure de créer et de concevoir de nouveaux designs pour laisser son empreinte », a ajouté notre interlocutrice.
« Je voulais disposer de mon propre projet pour laisser mon empreinte et j'aspirais à exercer un métier qui me représente et qui me laissait proche de mes passions et de ma vision de la chose, et c'est à partir de là que le voyage a commencé », a-t-elle relevé.
« Les débuts étaient avec mon père quand j'étais enfant. C'est lui qui m'a initié à l'amour de l'artisanat d’autant plus qu'il tissait les burnous et les qachebiyya. Toutefois, ce métier était saisonnier pendant l'hiver et moi je voulais développer davantage mon travail et le début était avec la décoration des couffins ».
Chiraz a entamé, depuis deux ans, en compagnie de sa sœur, la décoration des premiers couffins, en les revisitant, et ce à travers de nouvelles formes et couleurs.
Elle voulait, ainsi, « préserver les traditions tout en mariant le tout aux airs de l'époque actuelle ».
La jeune artisane ne pensait pas, alors qu'elle commençait cette aventure, que les produits fabriqués gagneraient l'admiration des clientes, jusqu'à ce que la demande ne soit relativement forte par plusieurs femmes et jeunes filles.
Chiraz explique, à ce propos, qu'elle « passe une journée entière dans le choix des couleurs et des designs qui s'acclimatent à chacun des sacs ou couffins », ajoutant que « la confection d'un seul exemplaire nécessite parfois des jours pour aboutir à un modèle bien soigné qui satisferait aussi bien mon goût que celui de mes clientes ».
« Nous assistons aujourd'hui, a-t-elle estimé, au retour et à un grand engouement pour l’artisanat et les produits traditionnels, sans que cela ne soit l'apanage d'une tranche d'âge ou d'une catégorie sociale en particulier ».
« Tout le monde choisit aujourd'hui les habits et les accessoires traditionnels pour devenir ainsi plus attaché à notre patrimoine et à notre histoire tout en étant dans l'air du temps », a-t-elle insisté.
Et d'ajouter : « Le Tunisien accorde de plus en plus d’importance à ces détails, et les produits artisanaux, tel que le couffin, font désormais partie de l'usage quotidien et ne sont pas réservés uniquement aux achats et aux courses comme auparavant ».


- Des touches particulières


Evoquant les principales étapes de son travail, notre interlocutrice a dit : « J’achète tout d’abord les couffins et par la suite je les observe pour choisir ce qui convient à chacune des demandes des clientes en termes de conception et de décoration. Parfois, je m’inspire dans mon travail de tableaux de peinture que j’avais déjà vu ».
Dans son atelier, Chiraz travaille avec quatre jeunes filles, dont chacune est spécialisée dans l’élaboration d’une partie de la décoration des sacs, depuis la préparation des fils de laine pour les rendre sous forme de fleurs ou encore la préparation de coquillages pour les coller à l’endroit qui leur est destiné sur le sac ».
Les jeunes filles procèdent également à la peinture de l’anse du sac ou sa ceinture en bois et à la couture de la doublure ainsi que des détails de la décoration, de façon coordonnée et harmonieuse, pour qu’enfin le sac soit prêt à l’exposition et à la vente.


- La contrefaçon : principal défi


Chiraz a évoqué les principales embûches dressées sur son chemin, s’agissant particulièrement de la « contrefaçon ».
« Plusieurs personnes s’emploient à contrefaire ce que je conçois avant d'exposer leurs produits sur les réseaux sociaux pour les vendre tout en s’attribuant la paternité », a-t-elle expliqué.
« Certains, a-t-elle poursuivi, volent nos conceptions et modèles et les exposent dans leurs pages », regrettant une « arnaque et une tromperie des clients ».
Elle a, dans ce cadre, mis l’accent sur « la nécessité de déployer des efforts, de travailler et de faire preuve de créativité au lieu de contrefaire et de voler les efforts des autres par les plus simples moyens ».

*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.