Afrique

Guinée équatoriale : Acurenam , celui qui fut un jour le « village des fous » (4-14) (Série)

Lassaad Ben Ahmed  | 06.04.2018 - Mıse À Jour : 18.04.2018
 Guinée équatoriale : Acurenam , celui qui fut un jour le « village des fous » (4-14) (Série)

Equatorial Guinea

AA / Acurenam / Fabien Essiane

Depuis le boum pétrolier des années 2000 en Guinée Equatoriale, le pays s’est radicalement transformé. L’extrême pauvreté dans lequel le pays était plongé jusque-là a été reléguée au second rang.

Le correspondant de Anadolu a sillonné le pays du nord au sud, d’Ebebiyin (capitale de la province du Kye-Ntem) à Sipopo (La paradisiaque ville inauguré en 2011 à proximité de Malabo avec ses 52 villas présidentielles), et revient, pour nous, sur les spécificités du pays.

- Série 4/14-

Entre les plaines de Niefang et les vallées montagneuses d’Acurenam, il faut passer par le désespoir. Une route plonge vers le sud, au milieu de nulle part, auprès des oubliés du «miracle» équato-guinéen. C’est le miroir brisé des promesses politiques.

Nous entrons à Acurenam, un hameau à l’ombre des éléphantesques collines qui entourent les lieux. Un dispensaire, un hôtel hanté, quelques promeneurs sous la pluie fine, des femmes rendues obèses par les années de purée de maïs bon marché.

L’endroit rappelle ceux dépeints dans les romans de Jean Michel Coetzee; une dernière escale avant la fin du monde, l’occasion d’une ultime révolte ou bien l’abattement. Vite, sortir de là.

Sur l’horizon, comme des monstres abstraits, les pitons rocheux tantôt cubiques, tantôt triangulaires.

Au premier plan, un spectacle très curieux : dans un champ pelé, un urbaniste « loufoque » ou plutôt prévoyant a installé plusieurs dizaines de WC mobiles.

Pas une maison, pas une âme qui vivote, mais des cabinets chimiques. De quoi donner le vertige au ministre de la santé en charge de l’équipement sanitaire de 1.200.000 de personnes en 2017.

L’orage est brutal, africain en diable, qui lave le décor et fait des piétons des gazelles bondissantes.

Une dizaine de kilomètres de bitume nous sépare encore d’Acurenam, la ville qui a connu en 1895 un mouvement insurrectionnel directement inspiré de la Révolution française.

Impossible d’effacer de notre mémoire ces cabines bleues sans clients, ces toilettes en attente de plus de pauvres.

La ville fut créée par les autochtones qui traversaient une période difficile marquée par une multitude de maladies mentales dans ce qui était encore un village. D’où le nom d'Acurenam (le village des fous).

Un architecte espagnol fut invité à construire une résidence pour le représentant du gouverneur. Lequel sera victime, de la première révolte des locaux. Un groupe de fermiers fit donc irruption en ville et expulsa l’administrateur espagnol et ses employés.

On décida collectivement que la nouvelle ville serait administrée par la « voix du peuple ». L'aventure dura un an à peine, jusqu'à ce que les Britanniques prennent le contrôle du pays quelques années plus tard. Stratégique entre tous, la ville d’Acurenam comprenait les premières marches qui ont mené au déclenchement de la marche vers l’indépendance du pays qui sera effective le 12 octobre 1968.

Acurenam est aujourd'hui le point de rencontre de tous les éleveurs de moutons mérinos et de chèvres angora.

Acurenam compte environ dix monuments historiques, bien plus que ce que l'on peut trouver dans d'autres villes du pays. Les recherches et parfois le simple hasard d'une promenade font apparaître des traces laissées par les animaux préhistoriques qui arpentaient les plaines d’Acurenam qui était à l'époque marécageuses.



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