Frederik de Klerk, l’homme qui a mis fin à l’apartheid
- Décédé jeudi à l'âge de 85 ans, de Klerk avait créé la surprise en annonçant, en février 1990, la libération de Nelson Mandela et la légalisation des mouvements anti-ségrégation. Il venait de changer le destin de son pays ...

Niger
AA/ Illa Kané
Le 2 février 1990, le Président de Klerk a prononcé un discours qui bouleversa le destin de son pays. Il a notamment annoncé la prochaine libération de Mandela, au bout de vingt-sept années de détention. Mais pas que. De Klerk avait également annoncé la légalisation des mouvements anti-ségrégation. "Les députés en ont eu le souffle coupé", écrira-t-il, des années plus tard, dans ses mémoires.
Le dernier Président blanc de l'Afrique du Sud durant l’apartheid, décédé jeudi, a, indéniablement, changé le cours de l'histoire. C'est lui qui a entrepris les réformes et conduit les négociations ayant permis de mettre un terme au système politique basé sur la ségrégation raciale et à la mise en place du premier gouvernement multiracial de l'Afrique du Sud. Frederick de Klerk avait, non seulement, fait voter des lois anti-raciales, mais a aussi conduit des négociations avec le Congrès national africain (ANC), le principal parti des noirs dirigé par Nelson Mandela.
Dès le 28 août 1989, il se rend en Zambie pour discuter avec le Président Kenneth Kaunda, dont le pays abritait l'état-major et plusieurs camps de l'ANC. Il y rencontre en secret les représentants de l'ANC, mais aussi des diplomates soviétiques. Et après de multiples négociations confidentielles, et l'intervention des représentants des pays africains dits de la « ligne de front », il finit par faire le premier pas dans la transition pacifique de son pays vers une démocratie multiraciale.
En 1991, il met en place la Commission Goldstone qui est officiellement une commission d'enquête concernant la prévention des violences publiques et de l'intimidation, afin d'examiner d'éventuels cas de violences émanant de groupes opposés aux négociations sur le démantèlement de l'apartheid et, si possible, à les prévenir. Et en mars 1992, à la suite des coups de boutoir des mouvements suprémacistes blancs et à une succession de défaites lors d'élections partielles, il fait entériner par référendum la poursuite des négociations constitutionnelles par la population blanche (68 % d'approbation). Les négociations aboutissent à l'établissement d'une constitution provisoire et aux premières élections multiraciales en avril 1994, à la suite desquelles le nouveau Parlement élit Nelson Mandela à la présidence de la République.
Fils d’un ministre du Parti national afrikaner, qui a mis en œuvre l’apartheid à partir de 1949, de Klerk n'était pas prédestiné à faire ce qu'il avait fait. Sa contribution à l'abolition de l'apartheid lui a, pourtant, valu plusieurs prix, dont le prix Nobel de la paix en 1993, conjointement avec Nelson Mandela.
Après les élections de 1994 remportées par Mandela, Frederik de Klerk devint vice-président de l'Afrique du Sud jusqu'en 1996. Il se retira définitivement de la politique en 1997, avant de créer sa fondation en 2000 avec pour objectif de promouvoir la paix dans son pays et ailleurs dans le monde.
"Il semblait être la quintessence de l'homme d'appareil (...) Rien dans son passé ne semblait indiquer l'ombre d'un esprit de réforme", dira de lui Nelson Mandela dans son autobiographie.