Politique, Afrique

Élection présidentielle au Cameroun : tout ce qu’il faut savoir

- Parmi les principaux candidats figurent d’anciens alliés du président Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maigari.

Mevlüt Özkan  | 11.10.2025 - Mıse À Jour : 11.10.2025
Élection présidentielle au Cameroun : tout ce qu’il faut savoir

Istanbul

AA/Istanbul/ Mevlut Ozkan


Les Camerounais se rendront aux urnes dimanche pour une élection présidentielle qui pourrait permettre au président sortant Paul Biya de décrocher un huitième mandat consécutif à la tête du pays d’Afrique centrale.

Ce scrutin intervient sur fond d’appels croissants au changement politique et d’inquiétudes concernant l’insécurité dans certaines régions, notamment dans les zones anglophones en crise.

Des candidats de l’opposition tenteront de défier le pouvoir en place, mais les analystes estiment que le dirigeant de 92 ans reste en position de force, après l’exclusion en août de son principal rival, Maurice Kamto, du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, pour « non-respect des exigences légales », selon les autorités.

L’opposition demeure divisée, tandis que le camp Biya conserve le contrôle des principales institutions de l’État.



- Qui sont les principaux candidats ?

Paul Biya, le plus vieux et le plus ancien chef d’État élu au monde, dirige le Cameroun depuis 1982, après la démission du premier président du pays, Ahmadou Ahidjo. Il avait alors été élu comme candidat unique.

Ayant survécu à deux tentatives de coup d’État, le vétéran du pouvoir a remporté la première élection multipartite du pays en 1992, avant d’être réélu en 1997, 2004, 2011 et 2018. Lors du scrutin de 2018, Biya avait obtenu 71,28 % des voix, selon les résultats officiels.

Répondant à l’appel de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), il a annoncé sa candidature le 14 juillet, invoquant un « environnement international de plus en plus difficile ».

Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a démissionné en juin avant d’annoncer sa candidature sous la bannière de son parti, le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC).

Bello Bouba Maigari, autre ancien allié de Biya et actuel ministre du Tourisme et des Loisirs, a accepté la nomination de son parti, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), pour briguer la magistrature suprême.

Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, ancienne députée et maire issue de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), est la seule femme en lice, centrant sa campagne sur la réforme électorale.

Cabral Libii, député du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), s’était notamment classé troisième lors de l’élection présidentielle de 2018.



- Comment fonctionne l’élection présidentielle au Cameroun ?

L’élection est régie par la Constitution et le Code électoral, qui prévoient un scrutin uninominal à un tour : le candidat obtenant le plus de voix l’emporte, sans condition de majorité.

En 2008, le Parlement camerounais a approuvé des amendements constitutionnels supprimant la limite de deux mandats présidentiels, permettant au président de briguer plusieurs mandats de sept ans, une décision qui avait provoqué de larges protestations.

Le scrutin est supervisé par Elections Cameroun (ELECAM), un organe électoral indépendant créé en 2006, mais critiqué pour un biais supposé en faveur du parti au pouvoir, en raison de la prédominance de nominations présidentielles dans sa composition.

Selon ELECAM, plus de 8 millions de Camerounais sont éligibles pour voter à l’élection présidentielle.

- Quels sont les enjeux clés de l’élection ?

Les partis d’opposition et les militants affirment que la longue domination de Paul Biya a freiné l’économie et entravé le processus démocratique. L’an dernier, des spéculations sur son état de santé se sont intensifiées après plusieurs semaines de disparition de la vie publique, suscitant des inquiétudes sur la succession et une possible instabilité postélectorale.

Le Cameroun fait également face à des défis sécuritaires persistants, en particulier dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, confrontées à une crise séparatiste depuis fin 2016. Ce conflit, enraciné dans le sentiment de marginalisation des communautés anglophones par la majorité francophone, a engendré des violences alors que les groupes séparatistes continuent de revendiquer une plus grande autonomie ou l’indépendance.

Lors de l’élection présidentielle de 2018, la participation avait dépassé 50 % dans les huit régions francophones, mais était tombée sous les 16 % dans les zones anglophones, où les menaces séparatistes avaient contribué à une faible mobilisation, selon le Research and Scientific Innovation Society Journal.

Les analystes avertissent que la situation sécuritaire pourrait influencer la participation électorale et le déroulement du scrutin dans ces régions.



*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir


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