Sante, afrique 2014

Epidémie de choléra en RDC : 2017 plus meurtrière que 2016

- 20 des 26 provinces que compte la RD Congo sont touchées. 528 personnes sont mortes sur 24.217 cas suspects, selon le dernier rapport de l'OMS

Esma Ben Said  | 13.09.2017 - Mıse À Jour : 14.09.2017
Epidémie de choléra en RDC : 2017 plus meurtrière que 2016

Tunis

AA/Desk/Esma Ben Said

La République démocratique du Congo (RDC) fait face, cette année encore, à une grave épidémie de choléra, maladie hydrique responsable de la mort de plusieurs centaines de personnes chaque année dans le pays. Mais cette année risque d'être encore plus dramatique que les précédentes, alertent les agents sanitaires.

- Le choléra, qu'est ce que c'est ?

D'après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le choléra est une infection intestinale aiguë, due à l'ingestion d'eau, de boissons ou d'aliments contaminés par le bacille Vibrio cholerae, une minuscule bactérie en forme de virgule qui se transmet par des déjections, par des mains sales ou du matériel contaminé.

- Les symptômes :

Après une incubation allant de deux à cinq jours, la maladie se déclenche brutalement. Le sujet est aussitôt pris de violentes diarrhées qui vident l'organisme de son eau. Si le corps n'est pas tout de suite réhydraté, la déperdition de liquides se solde généralement par la mort, le malade pouvant en effet perdre 10% de son poids en l'espace de quatre heures.

Par ailleurs, la maladie dite des "mains sales", est hautement contagieuse. Pourtant elle est "relativement facile à traiter si elle est prise à temps par des sels de réhydratation orale", rappelle l'OMS.

"Le choléra reste à l'échelle mondiale une menace pour la santé publique et un indicateur de l’absence d’équité et de l’insuffisance du développement social", souligne l'Organisation.


-Le Choléra, un problème de santé publique majeur en RDC

D'après l'ONU, le choléra est un problème de santé publique majeur en RDC, avec des milliers de cas enregistrés chaque année dans plusieurs provinces de ce pays qui manque cruellement d'infrastructures et dont une grande partie de la population est plongée dans la pauvreté.

Si l'année 2016 a été marquée par de nombreux cas dans ce pays qui abrite près de 79 millions d'habitants, selon le dernier recensement, l'année 2017 semble suivre la même tendance et risque même d'être encore pire, alertent les responsables sanitaires.

En 2016, 817 décès ont été enregistrés en RDC (sur 29 352 cas enregistrés), dont 75 % dans des zones non endémiques, d'après l'OMS.

Depuis le début de l'année 2017, la situation est dramatique en RDC où 20 des 26 provinces sont touchées. 528 personnes sont mortes sur 24.217 cas suspects, selon le dernier rapport de l'OMS publié le 9 septembre.

Mais surtout, pas moins de 1500 nouveaux cas se déclarent chaque semaine depuis la fin du mois de juillet dernier.

Le plus inquiétant, selon l'OMS, c'est que l'épidémie se propage en dehors des régions de l'Est du pays où elle est endémique pour gagner les grands centres urbains de l'Ouest.

Ainsi, la maladie touche les villes de Bandundu-Ville, Bukavu, Goma, Manono, Malemba-Nkulu, Minova, Mokala, Kimpese, Uvira mais aussi certaines zones de santé de Kinshasa (capitale de la RDC).

Par ailleurs, prévient l'OMS, le risque de propagation demeure encore très élevé vers la région du Grand Kasaï (centre de la RDC - théâtre de violences meurtrières impliquant les forces de sécurité et miliciens). Les conditions sanitaires et sécuritaires dégradées y accroissent la vulnérabilité face à cette épidémie, poursuit l'organisation.

Dans une récente déclaration faite à la presse, le Dr Allarangar Yokouidé, chef de l'OMS en RDC, a relevé que " le nombre de cas enregistrés en 2017 dépasse largement le nombre de cas enregistrés à la même période les cinq dernières années".

"Ce n’est pas la première épidémie. La RDC en a connu plusieurs, mais la situation cette année est vraiment préoccupante", avait-il insisté, exprimant ses craintes que l'arrivée de la saison des pluies ne complique les choses.

"Nous sommes à la fin de la saison sèche et on a peur qu’avec l’arrivée de la saison de pluies, cette situation empire. C’est pourquoi aujourd’hui, le gouvernement, avec l’OMS et les autres partenaires, nous essayons de faire le maximum pour faire face à cette situation", a-t-il encore dit.

La riposte :

Afin de juguler le fléau, l'OMS qui a élevé l'épidémie au grade 2 du cadre de la réponse d'urgence, a élaboré un "plan opérationnel d’urgence de trois mois", en collaboration avec le gouvernement congolais qui a redéfini, début août son programme de réponse face à l’extension de l’épidémie.

L'organisation onusienne s'est, en ce sens, engagée à débloquer immédiatement 400.000 dollars au profit du ministère congolais de la santé, pour "le déploiement des équipes techniques dans les zones prioritaires".

L'OMS a aussi décidé de la mise à disposition de "kits choléras", pour les populations.

Il est "essentiel que l'assainissement des milieux, l'hygiène individuelle et collective soient mis en pratique et que l'eau potable soit accessible aux populations les plus exposées au risque de contamination du choléra", a estimé le Dr Allarangar Yokouidé, le chef de l'OMS en RDC, dans un communiqué dont Anadolu a reçu une copie.

La RDC, est frappée depuis plus de deux décennies, par des guerres incessantes et des épidémies en tout genre (Ebola, choléra...). Mais ces dernières années, le pays, touché également par une grave crise économique et politique, semble davantage vulnérable face à la maladie.

Les autorités tentent toutefois de se montrer optimistes, assurant que l'épidémie peut être maîtrisée. Encore faut-il, disent-elles, qu'elles parviennent à débloquer 15 millions de dollars.



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