Tunisie: L’emploi précaire prend de l’ampleur au privé comme au public

Tunisia
AA / Afifa Ben Mahmoud
En Tunisie, le nombre d’emplois précaires s’est accru, au lendemain de la Révolution de 2011, constatent des ONG de la place. Les employés en situation précaire sont, d'ailleurs, comptés parmi les chômeurs, étant non-bénéficiaires de contrats de travail, ni déclarés auprès des caisses de protection sociale.
Pire encore, ces employés touchent, dans certains cas, une rémunération inférieure au Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), fixé à 338 dinars (150 USD), depuis 2015, et dont la valeur sera augmentée de 4,3 % dans les prochains jours, selon Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi.
Le Code du Travail tunisien est, pourtant, ferme quant aux droits des employés, en imposant l’obligation de la signature d’un contrat de travail, unique document garant de ces droits.
Contacté par Anadolu, Romdhane Ben Amor, membre du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), a indiqué que le Forum a suivi de près le sujet de l’emploi précaire en Tunisie, rappelant que l’Etat s’est engagé à réduire le pourcentage des employés en situation précaire, notamment, les ouvriers de chantiers et les contractuels dans les administrations publiques.
Cet engagement a été renouvelé, lors du Congrès National sur l’Emploi tenu en mars 2016. «Jusqu’à présent, l’Etat n’a pas établi de programme concret ni de stratégie réalisable, en vue de lutter contre l’emploi précaire», a précisé, cependant, Ben Amor.
Citant des exemples d’emploi précaire, notre interlocuteur a parlé des ouvriers de chantiers, des contrats provisoires dans le secteur public et des cas d’enseignants vacataires ou de remplaçants, soulignant que l’Etat contribue considérablement à l’emploi précaire, en faisant travailler les gens sous ces formes instables et provisoires. «Il n’y a pas de volonté de remédier à ce phénomène ni de vision claire !», a-t-il lancé.
Au secteur privé, l’emploi précaire est la règle
Quant au secteur privé, M. Romdhane Ben Amor a considéré que « la règle est l’emploi précaire, l’exception est l’emploi légal et organisé ». Il a indiqué que les patrons du privé avaient revendiqué, vers la fin des années 2000, la souplesse dans l’emploi, dans le sens d’alléger leurs charges par rapport aux employés. « L’Etat ne peut pas limiter l’emploi précaire dans le secteur privé tant qu’il fonctionne de la même manière au sein des institutions publiques », a enchaîné M. Ben Amor. Il a fini par souligner que malgré la consécration des droits sociaux et économiques des employés dans la Constitution de 2014, les lois en vigueur ne sont toujours pas à la hauteur du texte de la Loi fondamentale.
Par quels moyens le gouvernement d’Union nationale tente de réduire l’emploi précaire ?
Le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi est appelé à mettre en œuvre des programmes valables et adaptables à tous les secteurs, afin de réduire les cas d’emploi précaire et de garantir à la population active les conditions dictées par le code du travail ou par les conventions collectives.
Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, a assuré à Anadolu que le gouvernement d’Union nationale tient, depuis sa formation, à réduire l’emploi précaire. Il a cité, pour preuve, les programmes « Forsty » (Ma Chance) et le «Contrat de Dignité» proposés dans le sens de fournir un emploi respectable et respectant les droits de l’Homme et la dignité.
Le ministre a rappelé, dans le même contexte, que le ministère encourage également l’initiative personnelle et met à la disposition des jeunes les motivations nécessaires pour qu’ils lancent leurs propres projets, précisant que cette vision est le fruit d’un mécanisme d’évaluation.
Le ministre a, également, tenté de citer des exemples sur les pas déjà franchis dans le sens de la réforme du système de l’emploi, comme l’intégration des bénéficiaires du mécanisme 20, travaillant avec les associations.
Quant au mécanisme 16, qui touche les employés des institutions publiques, le ministre a expliqué qu’il est en cours de révision au niveau de la relation de travail et que les employés, suivant ce mécanisme, seront intégrés d’ici le 31 décembre 2017.
«On lutte contre les formes d’emploi précaire sur tous les plans», a indiqué Imed Hammami, qui a souligné l’importance, parallèlement à l’application de ces programmes, de sensibiliser et de conscientiser les catégories concernées afin que tous les employés connaissent leurs droits et s’opposent à l’emploi précaire pour garantir la dignité de l’Homme.
Dans un autre volet, le ministre n’a pas fait sienne l’idée du membre du FTDES, considérant que la règle dans le secteur privé est la précarité.
«Le secteur privé joue son rôle dans la création des opportunités d’emploi et dans l’investissement beaucoup plus que de contribuer à la précarité, je ne partage pas cette opinion», a-t-il commenté, ajoutant que l’emploi précaire se trouve autant dans le secteur public que dans le secteur privé.
Le ministre a conclu en assurant l’existence de mécanismes nécessaires pour contrôler et limiter les cas d’emploi précaire. « Le gouvernement est chargé de le faire et de fournir un emploi digne pour tous les Tunisiens, entre autres, au plan de la rémunération qui ne devrait pas être au-dessous du SMIG», a-t-il conclu.
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