Politique, Économie

Moscovici alerte sur la dette : "ça ne va pas du tout", la France risque la surchauffe budgétaire d’ici 2 à 3 ans

– Le président de la Cour des comptes met en garde contre l’inaction politique face à un déficit record.

Ümit Dönmez  | 22.10.2025 - Mıse À Jour : 22.10.2025
Moscovici alerte sur la dette : "ça ne va pas du tout", la France risque la surchauffe budgétaire d’ici 2 à 3 ans

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Pierre Moscovici estime que la France pourrait faire face à une perte de soutenabilité de sa dette publique d’ici deux à trois ans si aucune correction budgétaire sérieuse n’est engagée. Interrogé mercredi matin sur RTL, le président de la Cour des comptes et du Haut conseil des finances publiques a livré un diagnostic sans détour : "Ça ne va pas du tout."

"Nous avons aujourd’hui le déficit le plus élevé de la zone euro, à 5,4 %", a-t-il rappelé, pointant également une dette publique "de près de 3 500 milliards d’euros" qui devrait atteindre "118 % du PIB" en 2026. Selon les données officielles publiées par l’INSEE, la dette publique française s’établissait précisément à 3 089,9 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre 2025. À cela s’ajoute une charge de la dette de plus en plus lourde, qui "sera proche de 74 milliards d’euros" l’année prochaine, selon ses calculs. "La France paye désormais plus cher son argent que l’Espagne, que l’Irlande ou que la Grèce", a-t-il souligné.

Tout en écartant le risque d’un scénario à la grecque — "nous ne sommes pas menacés d’être la Grèce de 2009-2010" —, Moscovici a mis en garde : "Si on continue comme ça, nous aurons un problème de soutenabilité de la dette." Il appelle à "arrêter ça maintenant", faute de quoi la dette publique pourrait grimper à "120-130 % du PIB" et dépasser les "4 000 milliards d’euros".

Le président de la Cour des comptes juge indispensable que le budget 2026 constitue "une inflexion". Il rappelle que la trajectoire présentée à Bruxelles prévoit un retour sous les 3 % du PIB d'ici à 2029, une condition pour inverser la courbe de la dette. Selon lui, cela passe par un effort dès 2026 pour ramener le déficit "clairement en dessous de 5 %". Le projet du gouvernement, qui table sur un retour à 4,7 %, "c’est ce qu’il faudrait faire", a-t-il admis.

Mais Moscovici pointe un obstacle majeur : "Le problème, c’est la situation politique, l’instabilité que connaît la France, la difficulté à trouver des points d’accord et de consensus." Une manière d’alerter à la fois sur les chiffres et sur l’incapacité structurelle du pays à se doter d’une trajectoire budgétaire crédible, à quelques semaines de décisions majeures sur le budget 2026.


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