
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Président français Emmanuel Macron a tenté de justifier le gel de la réforme des retraites auprès de ses propres troupes. Selon Le Monde, le chef de l’État a évoqué, lors d’une rencontre avec les députés du bloc présidentiel, un “compromis nécessaire”, qualifiant cette suspension de “douloureuse” mais imposée par le contexte. Une manière d’assumer un recul majeur, sur fond de paralysie institutionnelle.
D’après les informations du quotidien, Macron aurait concédé que ce choix « a un coût pour les ministres concernés » mais qu’il s’impose “pour permettre la stabilité”. Cette suspension suscite des remous jusque dans le bloc présidentiel, où plusieurs parlementaires voient dans ce geste un affaiblissement du projet. D’après Le Monde, certains députés Renaissance s’inquiètent d’une dilution du bilan, d’autant que la réforme avait été arrachée dans le contexte d'une forte contestation sociale en 2023. La mise en pause du dispositif, sans calendrier de reprise, apparaît pour une partie du groupe comme un signal de repli politique.
L’opposition ne s’y est pas trompée. À gauche, on dénonce une réforme “injuste” suspendue pour des raisons de circonstances plus que de conviction. À droite, certains élus voient dans ce gel une capitulation déguisée. L’extrême droite, quant à elle, dénonce une forme d’atermoiement d’un pouvoir “affaibli”.
La réforme des retraites, dans sa version imposée par article 49.3 de la constitution en 2023, visait un recul progressif de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, une accélération de la réforme Touraine sur la durée de cotisation, et une révision de certains régimes spéciaux. Son gel — sans abrogation — intervient au moment où la Commission européenne, par la voix de Valdis Dombrovskis, demande des mesures compensatoires pour éviter un dérapage du déficit public.
Selon les projections de Bercy, le déficit devrait atteindre 5,4 % du PIB en 2025, avec un objectif de 4,7 % en 2026 et de 3 % en 2029. Mais la suspension de cette réforme-clé pourrait rendre cet objectif plus difficile à atteindre. Le Conseil d’analyse économique chiffre à 112 milliards d’euros l’effort budgétaire nécessaire sur six ans pour stabiliser la dette autour de 124 % du PIB à l’horizon 2032.