Monde, Économie

Le Liban est dans une "dépression délibérée" (Banque mondiale)

Nadia Chahed  | 01.12.2020 - Mıse À Jour : 01.12.2020
Le Liban est dans une "dépression délibérée" (Banque mondiale)

Tunis

AA/Tunis

Un an après le début de la grave crise économique au Liban, le manque délibéré d'action politique efficace des autorités a soumis l'économie à une crise difficile et prolongée, selon le Liban Economic Monitor (LEM ) de la Banque mondiale publié mardi.

Le Liban souffre d'un épuisement dangereux des ressources, y compris du capital humain, la fuite des cerveaux devenant une option de plus en plus désespérée. Le lourd fardeau de l'ajustement financier est particulièrement concentré sur les petits déposants qui manquent d'autres sources d'épargne, la main-d'œuvre locale payée en livres libanaises et les petites entreprises, précise la Banque dans un communiqué publié sur son site. 

L'édition automne 2020 du LEM, «The Deliberate Depression» ,discute des développements économiques récents, analyse les différents éléments de la crise et présente un aperçu des perspectives économiques du pays et des risques éventuels. Depuis plus d'un an, la macroéconomie libanaise est assaillie par des crises aggravées, à commencer par une crise économique et financière, suivie du COVID-19 et enfin l'explosion du port de Beyrouth, rapporte encore le communiqué.

Des trois crises, la crise économique a eu - de loin - l'impact négatif le plus important et le plus persistant. La croissance du PIB réel devrait décélérer brusquement à -19,2% en 2020, après une contraction de -6,7% en 2019. L'effondrement de la monnaie libanaise a entraîné des taux d'inflation à trois chiffres, précise la Banque.

L'inflation agit comme une taxe fortement régressive, affectant de manière disproportionnée les pauvres et les vulnérables, ainsi que les personnes à revenu fixe comme les retraités. L'arrêt soudain des entrées de capitaux a entraîné un épuisement régulier des réserves de change à la Banque du Liban (BdL). La lirafication de facto et les coupes de cheveux sur les dépôts en dollars sont en cours, malgré l'engagement officiel de la BdL et des banques commerciales à protéger les dépôts, souligne la même source.

La pauvreté continuera vraisemblablement de s'aggraver, touchant plus de la moitié de la population. Une contraction du PIB libanais par habitant en termes réels et une inflation élevée entraîneront sans aucun doute une augmentation substantielle des taux de pauvreté et affecteront la population par différents canaux tels que la perte d'emplois productifs, la baisse du pouvoir d'achat réel et le blocage des envois de fonds internationaux. . Une main-d'œuvre hautement qualifiée est de plus en plus susceptible de saisir des opportunités potentielles à l'étranger, ce qui constitue une perte sociale et économique permanente pour le pays, poursuit le communiqué.

Comme le montre le Moniteur économique du Liban, dans la période qui a précédé la crise économique, les fondamentaux macroéconomiques du Liban étaient faibles par rapport à certains groupes de comparateurs de crise mondiale. Par conséquent, le processus d'ajustement devrait être plus difficile, même avec des mesures politiques optimales en place. Un an après le début de la crise économique, de telles politiques n'ont pas encore été décidées, et encore moins mises en œuvre. En conséquence, la crise économique au Liban est susceptible d'être à la fois plus profonde et plus longue que la plupart des crises économiques, souligne la BM.

À moyen terme, le Liban devra donner la priorité à la construction de meilleures institutions, à une bonne gouvernance et à un meilleur environnement des affaires parallèlement à la reconstruction physique. Cependant, étant donné l'état d'insolvabilité du Liban et son manque de réserves de change suffisantes, l'aide internationale et l'investissement privé seront essentiels pour une reprise et une reconstruction globales, poursuit le même document.

La Banque souligne, en outre, que l'ampleur et la rapidité de mobilisation de l'aide et des investissements dépendront de la capacité des autorités et du Parlement à agir rapidement sur les réformes fiscales, financières, sociales et de gouvernance indispensables. Sans réformes, il ne peut y avoir de relèvement et de reconstruction durables, et la situation sociale et économique continuera de s’aggraver.


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